"A peine 4% du cosmos sont visibles. Le reste nous échappe". Hein ? Quoi ? Bon. J'aurais du me méfier. La phrase m'est tombée dessus comme j'étais en ébats avec un ballon de rouge du café-théatre La Bonne Franquette, côté pavé et pentu de Montmartre. Sous les projecteurs Marie-Odile Monchicourt, (la science sur France-Info) faisait Simone qui découpe des melons, attend son amoureux, entend des voix lui causer big-bang, conscience, cerveau en folie. Joli texte de Véronique Ataly, bien joué. Drôle. Rideau. Applauses. Surgit sur scène un autre, barbu. Faudrait se méfier de son regard trop doux, à celui-là. Car c'est lui, Yves Sacquin, autre fondateur des bars des sciences et physicien au CEA, qui nous balance comme ça la phrase et son coup de vertige d'univers. Puis s'en va. Et nous ? Comment fait-on, nous, avec nos 96 % d'univers invisible sur les bras ? Comment dormir après ça ?
Récapitulation insomniaque:
L'univers est fait de planètes (mais oui on sait, nous y sommes), de soleils (ça chauffe), de morceaux et débris (astéroïdes, comètes) et autres tralalas de planètes molles et ratées. Ajoutez un fort fort nombre de systèmes solaires (des milliards) à bien d'autres encore et cela vous fera presque des galaxies. Encore un peu. Voila. Puis plein de plein de plein de très nombreuses galaxies font des amas, et des amas d'amas à leur tour font l'univers. D'accord, le "font", là est un chouilla exagéré. Car je ne vous cause pas des nuages de poussières, de gaz, des nébuleuses et autres particules qui traînent ici et là. Avec tout cet équipage, on a beau taper + et re+ sur les calculettes, savoir que les 4 % s'apellent des "baryons", ce tas là ne pèse pas bien lourd, comme dirait un sondeur pré-electoral face à un candidat au bord de sa ramasse.
Ca manque alors, l'univers. Oui mais de quoi ?
D'abord il y a la masse "manquante" (oui je sais c'est facile, n'empêche). Une manquante alias matière noire.
Les astrophysiciens ne savent pas de quoi elle est faite (puisqu'elle est noire on vous dit), mais ils la "sentent" ou plutôt calculent son influence sur les 4 %. Pour résumer en simple, les trajectoires des amas, des galaxies, des soleils et autres visibles sont influencés par ces noirs invisibles, qui sont si massifs qu'ils attirent à la manière dont la Terre nous cloue sur elle. Rien que de la gravitation, voilà. Comme si quelqu'un vous tirait avec une laisse, et vous ne savez pas qui c'est puisqu'il n'est pas sous le lampadaire. Retenez bien : cette gravitation, c'est la force qui freine l'expansion de l'univers. Même qu'avec des superordinateurs simulateurs, les astronomes en ont fait des cartes de son influence, de cette matière noire. Genre continents au XVIIème siècle, sur les cartes. Avec des blancs marqués "incognita". Et elle représente quoi au fait cette matière noire ? Ah quand même : 26 % de la masse de l'univers.
Bon, tout cela n'est pas pesé. 26 et 4, cela ne fait toujours que 30 %. On est loin du compte. Le reste, les 70 % du rabe d'univers ? C'est minou qui les a mangés ?
Ah que non, bien sûr. Ils sont dans l'assiette aussi, mais bien noirs eux aussi, ces 70 %. Mais attention cette fois on distingue. Par ici on cause d'"énergie noire". Car cette noire là, Madame Monsieur ne freine pas, non. Elle accélère ! Une énergie noire qui, à très grande échelle (des milliards d'années de lumière), vous met une accélération de l'expansion de l'univers. En gros, là ou la matière retient, l'énergie, elle, met la gomme.
Ca va ? Ca suit toujours ? Pas pour longtemps : ignorant là encore de quoi il s'agit, mais constatant itou l'effet de ces 70 % invisibles sur les étoiles qu'on voit, les astronomes parlent de "fluide à densité constante" ou de "constante cosmologique". Joli noms, non ? Bon, reassurez-vous, il se pourrait bien que tout cela soit faux, ou que Einstein se soit gouré. Mais de vous à moi, puisqu'on ne parle que de 96 % de l'univers, quelle importance ?
Bonne nuit.
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