7.3.07
Il neigeait...
Revenu de la montagne. Le ski. Une étrange affaire. Se rendre là-haut, glisser, remonter, jusqu'à la nausée. Sentir son corps aller et descendre, emplir l'espace, nier le vide et le néant, la pesanteur. Il n'y a rien, et puis nous voici, avec nos pensées engoncées de mots, nos gestes limités par notre corps, nos envies d'infini asséchées par nos peurs et nos émois. Le sport, le geste, agiter, remuer sa carcasse, serait-ce en découdre avec tout ce qui nous empêche au monde, et du coup nous fait humains ?
Ces choses laides et étranges sont des armures pour skieurs rapides et humains. Une merveille de matériau qui durcit aux chocs, dans l'instant.
Il neigeait. J'ai lu le roman de Rambaud (Grasset), puisqu'il neigeait trop parfois pour aller glisser. Moscou brûle, Napoléon est par là et n'y est plus. Que retenir de la grande glissade de la Grande Armée ? Rien ? Ah si, que dans ce chaos les blessés glissaient des charrettes et que le convoi les écrasait cent fois. L'idée de ramasser ces malheureux était absente des esprits éteints des soldats affamés. Tout peut quitter un esprit. Même l'idée de vie. Les chanceux, ceux qui avaient échappé aux roues rampaient dans la neige et se trouvaient un cheval à fendre de leur couteau. En bêtes, ils se glissaient dans le ventre de l'animal, pour ne pas déjà mourir. D'autres étaient capturés. Les cosaques les livraient au moujiks. Dépouillés, nus, on les attachait au sol, la nuque posée sur un tronc d'épicéa. Puis les paysannes ivres de rage frappaient le bois, jusqu'à ce que les vibrations aient rendus fous ces maudits Français. "Vive l'Empereur". Ses rêves d'Europe jusqu'à l'Indus avaient fui Napoléon. Le Corse se préoccupait des tentatives de renversement de son régime, à Paris.
Baudrillard me manquera. Jamais trop de penseurs à l'oeuvre pour remettre la télé à sa place minable.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Les folles danses de la matière molle
En réussissant à produire dans un banal ruban de matière molle (silicone) des phénomènes ondulatoires complexes et inattendus (ondes de Dira...
-
" Un coup de dés jamais n'abolira le hasard " inaugure une nouvelle ère pour la poésie. Stéphane Mallarmé compare son oeuvre à...
-
Capricorne, au stade de larve, n'est qu'un creuseur. Un forçat tout à son festin de bois. Trois ans durant, aveugle, sourd, sans odo...
-
Catherine VINCENT (BLOG et ROMAN) (Le Monde et Le Monde.fr, le 15 juin) Quand la science se fait légère comme un papillon LE MONDE | 14.06.0...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire