21.3.07

Des maths (encore) explicables ?


C'est beau, non ? Non, il ne s'agit pas d'une fresque réinterprétée par Da Vinci Code II. Comment, vous ne voyez pas ? C'est E8. Mais si, voyons, tous les médias ne parlent que de lui, ces temps-ci. De ce groupe de Lie, enfin !

Par exemple, sur LeMonde.fr :
TITRE : "Un des objets mathématiques les plus complexes enfin décrit"
Une des structures mathématiques les plus complexes aura attendu cent vingt ans pour être décrite en détail. E8, appartenant aux "groupes de Lie", découverts dans les années 1880 par le mathématicien norvégien Sophus Lie, vient d'être "cartographié" à l'instigation de l'Institut américain des mathématiques de Palo Alto (Etats-Unis), par une équipe de 18 chercheurs internationaux, après quatre années d'efforts conjoints.
E8 appartient à une classe mathématique servant à l'origine à décrire des objets symétriques - sphère, cône, cylindre -, sa particularité étant de s'appliquer à des "formes" ayant non pas 3, mais... 57 dimensions.
Pour donner une idée de l'exploit que représente la description d'E8, les chercheurs s'expriment en gigaoctets (Go). Le résultat, qui a mobilisé un supercalculateur pendant soixante-dix-sept heures, tient sur 60 Go - l'équivalent de quarante-cinq jours de musique en format MP3, ou de 60 génomes humains.
"Mais de la même façon que le génome humain ne donne pas immédiatement un médicament miracle, nos résultats sont des outils de base qui seront utilisés dans d'autres secteurs de recherche, note Jeffrey Adams, le responsable du projet. Cette recherche aura de nombreuses implications, que pour la plupart nous ne comprenons pas encore."
E8 intéresse ainsi les chimistes, confrontés à la géométrie des molécules, mais aussi les physiciens. Hermann Nicolai, de l'Institut Einstein de Potsdam (Allemagne), estime ainsi que cela "pourrait les aider dans leur quête d'une théorie unifiée".

Il y a aussi cette phrase, empruntée au New York Times :
“It could well be E8 that determines the deep inner structure of the universe,” Dr. Adams said.

Voilà. Merci. J'avoue avoir ri, à cause du "enfin" du titre du Monde. Et puis aussi de l'aveu, sous-jacent aux "explications" du NYT que les maths "créeraient" l'univers au fur et à mesure que nous inventons ces merveilleux outils de l'esprit. Amusant. Bien entendu les sciences sont "efficaces". Mais permettent-elles de "comprendre" le monde à partir du moment où seuls quelques spécialistes sont encore capables de manier ces outils du bout des doigts ? La question devenant au passage : qu'est-ce que comprendre l'univers ? Ne serait-ce pas là une sorte de "désir" en écho à une "angoisse" ?

"La science n'est pas une collection de lois, un catalogue de faits non reliés entre eux. Elle est une création de l'esprit humain au moyen d'idée et de concepts librement inventés... Sans la croyance (sic) qu'il est possible de saisir la réalité avec nos constructions théoriques, sans la croyance en l'harmonie interne de notre monde, il ne pourrait pas y avoir de science." (Einstein et Infeld, l'évolution des idées en physique, Champs, Flammarion)

Croire, donc. Après tout l'image diffusée au monde entier par les services de communication du MIT , de l'université du Maryland et de Palo Alto fait bien penser à un mandala bouddhiste, non ? Allez hop, méditation... Le premier qui voit la lumière de la réalité au bout du tunnel d'E8 le dit aux autres.

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