1.5.07

Sexe : freiner ou accélérer ?

Comme tous les urbains épris de manière irraisonnée de nature, chaque fois que je reprends contact avec "elle", j'en suis immanquablement chose, très chose. Autant le confesser, je suis de ce genre irrécupérable qui hume les fleurs allergisantes à plein poumons, étreint les arbres rugueux à s'en érafler les genoux et va soulager sa vessie dehors la nuit, les pieds nus et humides de rosée, pour le bonheur de communier avec étoiles et lucioles.


credit photo

Cela advint le dernier week-end, lors de l'un de nos fameux ponts que le monde nous envie, à savoir celui du 1er mai. Abandonnant mes papillons comploteurs à leur incertain destin dans les librairies (parution de mon roman le 2 mai, je le rappelle aux distraits qui ne l'ont pas encore commandé), je me laissai aller chez des amis à moi fort chers, épris des astres, curieux du monde et parfois volontaires exilés dans leur fermette de la prairie, plus à l'ouest que Paris. Quel régal. Hélas, entre deux repas à base de canard arrosé de nectar, que vis-je, entre les paupières de ma sieste, sous mon cerisier ronflant ? Des hirondelles. Des dizaines, à tire-d'aile. Et puis des insectes enragés et vrombissant. Et encore des fleurs dodelinant dans le vent, offertes à tous pollens, sous le défilé des nuages et des éclaircies. Bref tout autour de moi, un océan de sexe au travail, un cosmos de désir mis en oeuvre par les hormones et la survie. Une manière de baisodrome, quoi.

Une éclipse quitta mon esprit : qu'est vraiment le désir sexuel ? Je veux dire quelle est sa nature profonde ? Comprenez : une manière de demander si l'on ne pourrait se passer de cette source de préoccupations, vu que les enfants sont grands... A l'origine de cette étrange question, la remontée à la surface, dans cette océan de fornication, un article que j'avais parcouru, incrédule, quelques jours plus tôt, dans le New York Times. Car figurez vous, l'urbain journal imprimait cette première révélation : "Une série d'études menées à l'université d'Amsterdam par Ellen Laan, Stephanie Both et Mark Spiering montre que le système nerveux est tout entier sollicité par l'exposition à des images à caractère sexuel... Le corps étant mobilisé par le sexe avant même que le cerveau n'aie prit conscience de la chose..." Oui, cela peut être inconscient, tout à fait : " Le Dr. Spiering a montré chez des étudiants (volontaires) exposés à des images sexuelles de manière subliminale qu'ils étaient sexuellement mobilisés tandis que des étudiants qui avaient été soumis de la même façon à des images "neutres" étaient plus éloignés d'une excitation sexuelle".

Bref, nous pouvons être sexuellement excités et réceptifs de manière inconsciente. Le corps commande, le cerveau suit... Je le mentionne, pour toutes celles qui seraient tentée de répondre par une claque à ma main aux fesses motivée par mes visions à mes yeux inconscients de sexe, dans la nature ou dans le métro, dans la rue, sur des affiches de cinéma...
Bon, j'en viens à l'essentiel, cette autre révélation de l'article :

Une autre étude, menée cette fois chez des garçons dont on déterminait au préalable la motivation ou l'inhibition sexuelle par des questionnaires étaient ensuite soumis à des films "excitants" et d'autres de différents styles. Pas de triche. Pour savoir quelle émulsion s'emparait de leur âme, on mesurait les réactions précises de leurs corps caverneux à l'aide d'un dispositif électrique (mazette). Ce que par ces acrobaties les physiologistes ont montré, c'est que les gens qui avaient une ouverture et une activité sexuelle "classique" (normale, comme se faire plaisir sous la douche) ne s'excitaient qu'avec des films pornographiques. Tandis que les inhibés et refoulés, eux, avaient une érection qui se manifestait également avec les films violents : meurtres, batailles, pugilats, viols... Conclusion : plus on a une activité sexuelle débridée, moins on connecte l'excitation correspondante à la violence, et vice versa, surtout.

Erick Janssen, du Kinsey Institute, l'auteur de ces travaux, estime ainsi que nous avons des activateurs et des freins sexuels. Et que si l'on sollicite trop les freins, les réactions ne sont pas toujours simples, loin de là.
Je vous le concède, à la manière américaine, toutes ces conclusions sont hâtives, et sans doute par trop simplifiées.
Mais moi, du fond de ma chaise longue, j'ai regardé le ciel, remercié tous ces oiseaux et ces insectes de copuler à foison devant moi. Je me suis senti rassuré et comme eux.

Aucun commentaire:

Les folles danses de la matière molle

En réussissant à produire dans un banal ruban de matière molle (silicone) des phénomènes ondulatoires complexes et inattendus (ondes de Dira...