26.12.07

Une année bien pliée

Chronique France Inter (31 déc 2007)
(le blog est en balade, bonne année à tous !)

C’est quoi une nouvelle année ?
La Terre qui fait un tour autour de son soleil. Une révolution accomplie. Une de plus.
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On pourrait évoquer de savants calculs, Copernic, Galilée, les petits écarts qui font que de temps en temps on rajoute ou retranche une seconde à une année, puisque une année sidérale, c’est 365 j 6 h 9 min 9 s. Cela ne tourne pas rond et ne tombe pas rond!

Plus amusant, je vous ai mis des liens, des site qui vous dévoilent le système solaire animé, les planètes en rotation autour de la Terre. Comme cela vous vous rendrez mieux compte…

Le second lien, celui de Janus, est remarquable : il vous propose vraiment de vous promener dans le système solaire. Le notre, mais aussi ceux découverts autour d’autres soleils. Quelle révolution culturelle ! Pensez qu'il y a 5 siècles l'Eglise refusait aux peintres que l'on représente au Ciel des infinis...

Je rappelle aussi que c’est cette année que Michel Mayor, l’astronome suisse, a annoncé la découverte de la première planète, autour d’un autre soleil, et ressemblant à notre Terre, apte à accueillir de la vie. Diable !

Bon si vous voulez voir l’humanité en marche (avant ou arrière, c’est selon), par ici : L’incroyable compteur in progress.
Le compteur mondial : sur une seule page , une sorte de tableau de bord de ce qui nous fait, pêle-mêle.

Le nombre de divorces, les cas de cancer, les barils de pétrole pompés, le nombre d’humains, de naissances et de décès, le nombre d’ordinateurs et de bicyclettes fabriquées, le nombre de points de connexion Wifi, et le nombre d’ha de forets qui partent en fumée. Bon ce n’est pas toujours gai, les auteurs ont privilégié les mauvaises nouvelles, mais c’est hypnotique, cette valse chiffrée.


Plus rigolo
Non, je ne vous parlerai pas d’astrologie, rassurez vous… Il y a des limites à la rigolade. Vous vous souvenez du bug de l’an 2000 ? Qui n’a pas eu lieu ? Et bien en fait la Nasa elle, a peur du bug de chaque année, rapporte le blog Aietech.

Le prochain vol de la navette spatiale est reporté au mois de janvier !

La navette spatiale n’a jamais passé le jour de l’an en l’air. Parce que son logiciel ne sait pas changer d’année. Développé au début des années 70, pour tourner sur des ordinateurs (IBM AP-101) qui nous semblent aujourd’hui terriblement rachitiques (4OO Ko de mémoire), il fait tout simplement l’économie de la question de l’année. Mais comme le monde réel, lui, change parfois d’année, et que la navette est bien obligée de dialoguer un peu avec lui, la Nasa a toujours craint que des choses bizarres se passent dans la nuit du 31 décembre au premier janvier. C’est pourquoi elle a toujours évité de faire la faire voler autour du nouvel an.


La fête c’est aussi le champagne
Pschitt !
Avant l'ouverture de la bouteille, la pression du gaz carbonique est de 6 atmosphères environ. Mais soyez prudent. Des alpinistes sabrant le champagne pour fêter leur arrivée au sommet d’une montagne. le Mont-Blanc (4 807 m, soit une pression atmosphérique réduite de moitié). Ô surprise!, les bulles, avec un diamètre moyen augmenté de 40%, triplent alors de volume. Pour une tout autre raison, ces fameuses bulles seraient encore un peu plus grosses s’il nous prenait la fantaisie d’aller fêter l'an sur la Lune.


Plus sérieux, des sites pour réviser (C'est le chapitre "mais oui nous avons nos bonnes résolutions")
Le CNRS, qui qui a fait des sites consacré aux sciences enseignées au Lycée
Bon c’est encore un peu basique, mais c’est un début…

Mieux. Pour être utile, au lieu de jouer à des jeux idiots, ou de perdre comme moi son temps sur Face book … Comptez les galaxies, aider à les identifier. Travaillez, bénévolement, pour la science en indexant des photos, en disant si les galaxies sont elliptiques ou spirales…

Et pour finir en riant le pliage, une sorte d’origami, vous savez cert art du pliage japonais
Un vrai cadeau. Mes étrennes, je vous offre de plier vos T shirts facile… Allez, essayez, là….


Vous le posez à plat, le ventre au-dessus. La main droite pince au mileu, sur le cote opposé. La main gauche va chercher l’épaule, du même côté, et croise avec la main droite. Hop.

Qui a dit que c'était plus facile avec les images ? Bon, voilà :




Bonne année de pliage à tous !

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Liens

La Terre en rotation
Orbites (2)
Orbites (encore)

L’incroyable compteur

Aietech. Atlantis changement d’année

Champagne, Cyber science

Science (CNRS) au Lycée

aidez à compter les galaxies

Origami

24.12.07

Neiges

Je ne parvenais pas à dormir. De la fenêtre du salon, le front contre la vitre glacée, je la caressai. Des longueurs immobiles de l'hiver sa seule présence avait fait un sirop de silence et de promesses.

Des lampadaires la lumière descendait sur sa couche. Elle était parfaite, froide, attendant nos empreintes. Plus que quelques songes et nous serions au matin. Plus que quelques draps froissés et de ce monde parfait nous serions les sauvages.

La luge de bois attendait, renversée sur la table de la lingerie. Poncée, frottée, huilée, frottée encore. Les patins étincelaient. Leur incendie m'emporterait plus loin que les copains, vite, le long du ballast.
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Grand-père, une troisième fois, vint m'arracher à ma contemplation. En me conduisant au lit il ne put s'empêcher :
- Vous irez où ?
- Tu sais bien...
- N'en parle à personne. Surtout pas.

Lui et moi savions. La seule pente digne de nos luges, dans le coin, était le talus de la gare de triage. Derrière les chardons et les ronciers, cette descente nous faisait frôler les rails, les locos et les wagons aveugles un à un lancés sur les voies. Nous les dépassions. Nous les narguions. Et les contremaîtres avaient beau faire tonner les haut-parleurs des tours, avec nos luges nous étions des ombres plus insaisissables que des partisans.

La délicatesse de la neige. Le vacarme de métal et de vapeur des cheminots, l'odeur huilée des traverses, l'éclat tranchant des rails. La bulle de mon enfance était là, presque évanouie. Quand nous savons que nous sommes gosses c'est que cela s'annonce fini. Cette larme au coin des yeux de mon vieil Aloïs luisait de ne pouvoir embrasser la neige comme nous.

23.12.07

Etranges flocons

Chronique France Inter (24 déc 2007)

"Le silence de la neige, voilà à quoi pensait l'homme assis dans l'autocar juste derrière le chauffeur. Au début d'un poème, il aurait qualifié ainsi l'état de ses sentiments, de "silence de la neige"... (Orhan Pamuk, "Neige", Ed Gallimard)

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La neige n'est pas que de l'eau. C’est une partie de la science, également, cette quête de l’harmonie invisible du monde. A commencer par le flocon de neige, ou « cristal de neige » pas sa forme fragile et si efficace.

Grosso modo, au départ, l’eau du nuage étant faite d’oxygène et d’hydrogène, les atomes respectant un angle de 120 degrés, le cristal de glace forme un petit hexagone comportant 6 atomes d’oxygène, se liant facilement à ses voisins.

C’est de la physique très poétique. Comme demander pourquoi neige-t-il au lieu de grêler… Car La première particule de glace prend, dans le nuage, alors que l’eau devrait être gelée, mais cela ne s’est pas encore produit. On dit que l’on est en saturation. Il peut faire moins cinq degrés C, ou moins dix, moins quinze. Et la neige ne s’est pas encore formée dans le nuage, car il faut des poussières, ou des premiers microcristaux de glace pour « ensemencer » la réaction.

Il suffit qu’un premier grain de glace prenne et alors tout va très vite, par une sorte de contamination. La vapeur d’eau disponible autour des grains de glace s’agrège pour former un solide. En fait c’est une réaction de transformation de vapeur en glace, avec échange minimal d’énergie.

La structure qui se met en place, on appelle cela des dendrites, comme les rameaux d’une branche, correspond à la disponibilité de l’eau, pour cette énergie minimale, respectant la structure en hexagone du maillon de base de la glace… Le résultat est une structure ultra symétrique, qui pousse dans les directions ou elle trouve de quoi s’alimenter, en attrapant au passage la vapeur d’eau disponible.

C'est superbe et en clair, les six branches du flocon poussent aux 6 coins du premier hexagone.

Ensuite on étudie aussi la fonte du flocon pour tenter de prévenir les avalanches, comprendre comment les flocons glissent, par couches. Mais cela une autre histoire…

Il y a aussi les noms de la neige, ches les Inuits
Il y a l’embarras du choix et au printemps dernier j’avais fait une synthèse à partir des dictionnaires inuits

Ce sont des langues très mobiles, adaptées à chaque besoin, autour des racines l’on peut décliner les variables à l’infini. D’ailleurs en fait on ne sait pas dire combien de mots il y a chez les Eskimos pour dire neige, pour en décrire les incessantes variations. Les linguistes ont longtemps dérapé. Disons qu’il y en a des centaines.

nutabaq : poudreuse
qiqsruqaq : neige translucide de dégel
sitxiq : neige en croûte dure
illuktuq : aveuglé par la neige
apiruq : recouvert de neige
piqsiqsuq : averse de neige
apigaa : recouvert de neige
qatiqsubniq : neige ou l'on s'enfonce
auksalaq : neige fondante
aniu : neige tassée
qayuqjaq : neige à surface ondulée
pukak : neige en sucre
mixik : neige très douce

Et puis cette légende, cette parabole du flocon, citée sur le blog « rayon de soleil »

La mésange demande à une colombe, sur la branche, combien pèse la neige. Et elles essaient de compter les flocons, et soudain la branche casse…

A propos de branche, si vous en avez assez de ne pas reconnaître le sapin de l’épicéa, j’ai trouvé un site qui vous parle des arbres à neige, l'épicéa du sapin… C’est facile, vous savez sur l'épicea, les aiguilles sont en spirale, comme sur un goupillon, alors que sur le sapin, elles sont en rangées.

Pour finir, une pensée de Noël pour Jacques Riguidel
Notre écolo qui fait le tour du monde à la voile et en solitaire, notre flocon de neige à nous

A mi-parcours, quelque part au sud de la nouvelle Zélande

Sur son minuscule voilier de 9 mètres sans moteur

Cela paraît banal, mais vous savez dans la course qui a lieu en ce moment dans ces parages, des voiliers abandonnent car leur génératrice d’énergie du bord est en panne. Lui c’est tout à la main, au vent, et aux panneaux solaires !

Alors malgré les tempêtes qu’il a essuyée, et les petits bobos… Le moral est remonté.
Il continue, à son train pépère. Plus que quatre mois ! N’hésitez pas à lui envoyer des messages, des flocons…

Excellent Noël à tous !


LIENS
Cristaux de neige

cristal de neige

formes et avalanches

Noms de la neige
ou sur le Complot

rayon de soleil (conte)

reconnaître les épicéas

Riguidel navigateur écolo en solo

22.12.07

Etrange thé

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Mystère : pourquoi les sachets de thé gonflent-ils lorsque l'on verse de l'eau bouillante dessus ? A votre avis ? Qui sait ?

(source New Scientist)

20.12.07

L'esprit des fourmis

"Décivilisation". Face à Gauchet c'est Finkielkraut qui lâche le mot, comme un coup de 20 dans une harde de sangliers, l'autre soir, sur le plateau de l'émission culturelle et tardive de France 3. Nous serions dans un processus de décivilisation car nous ne donnons plus à nos jeunes (ceux des zones, ou des "quartiers populaires" comme il faut dire désormais), de repères, de valeurs, d'esprit. Pire à travers nos médias, et l'exemple de nos comportements (à commencer par un certain Président), nous les égarons.
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J'emprunte cette citation de Valéry à Totem, extraite des “Regards sur le Monde actuel”, en 1946, au cours d’une conférence intitulée ” la Liberté de l’esprit” :

” …l’espèce humaine s’est engagée dans une immense aventure…Aventure dont elle ignore le but, dont elle ignore le terme, et même dont elle croit ignorer les limites. Elle s’est engagée dans une aventure, et ce que j’appelle l’esprit lui en a fourni à la fois la direction instantannée, l’aiguillon, la pointe, la poussée, l’impulsion, comme il lui a fourni les prétextes et toutes les illusions qu’il faut pour l’action. Ces prétextes ont d’ailleurs variés d’âge en âge. La perspective de l’aventure intellectuelle est changeante…”

“J’ai parlé, il me semble, de la baisse et de l’effondrement qui se fait sous nos yeux, des valeurs de notre vie; et par ce mot “valeur” je rapprochais dans une même expression, sous un même signe, les valeurs d’ordre matériel et les valeurs d’ordre spirituel…Nous sommes aujourd’hui en présence d’une véritable et gigantesque transmutation des valeurs (pour employer l’expression excellente de Nietzsche), et en intitulant cette conférence ” liberté de l’esprit”, j’ai fait simplement allusion à une des ces valeurs essentielles qui semblent à présent subir le sort des valeurs matérielles. J’ai donc dit “valeur” et je dis qu’il y a une valeur nommée “esprit”, comme il y a une valeur pétrole, blé ou or. J’ai dit valeur parcequ’il y a appréciation, jugement d’importance, et qu’il y a aussi discussion sur le prix à payer cette valeur: l’esprit.

On peut avoir fait un placement de cette valeur, on peut la suivre, comme disent les hommes de la Bourse; on peut observer ses fluctuations, dans je ne sais quelle cote qui est l’opinion générale du monde sur elle… Car il y a des valeurs concurrentes. Ce seront par exemple la puissance politique, qui n’est pas toujours d’accord avec la valeur esprit, la valeur sécurité sociale, et la valeur organisation de l’état. Toutes ces valeurs qui montent et qui baissent constituent le grand marché des affaires humaines. parmis elles, la malheureuse valeur esprit ne cesse guère de baisser.”

Cette "décivilisation" qui habite (habiterait ?) nos sociétés me partage. Dans un sens je me dis que les valeurs c'est bien joli, si seule une élite peut en jouir. Et sur l'autre versant, cela me renvoie à la discussion que j'ai parfois avec mon ami Hervé Kempf, journaliste au Monde, à propos de la décroissance.

Il n'en peut plus d'entendre invoquer la croissance comme remède à nos maux... Hervé croit à la spiritualité de nos civilisations. L'autre soir, comme il me souligne (une nouvelle fois) quel bien il pense de la "décroissance" je lui dis :

- Hervé, nous sommes déjà en décroissance
- Ah ?
- Si tu intègres au calcul les dommages infligés à la planète et l'épuisement des ressources et de l'espace, l'inégalité "inhumaine" de la répartition des biens, et l'évaporation de l'esprit que provoque la mise en avant de la marchandise, oui nous sommes en décroissance. Ce sont des chiffres négatifs qu'il faudrait faire clignoter au fronton de nos "économies".
ces malheureux 2, 3 ou même 10 pour cent de croissance que pèsent-il face à un monde ou ne souffle plus l'esprit ?

La question, bien entendu, est de savoir quel esprit et pour qui , à quelle époque. Rien ne plus difficile que de comparer des époques, leur histoire, leur confort social et matériel. Rien de plus pharaonique que de vouloir définir l'esprit.

Ou te caches-tu, l'esprit ?

Mon grand-père (qui n'était pas mon grand-père ADN mais et de loin mon pépé préféré), m'emmenait parfois faire letrappeur dans les Vosges. A nos pieds nos godillots graissés, dans nos sacs de toile de vieux canifs et des gourdes lourdes de limonade. Nous remontions les chemins du Mont Sainte Odile et longions les sous-bois aux mystères bleus. En nous retournant nous pouvions voir la forêt, ses longues pentes, les phares roses des forteresses jadis prétentieuses et à jamais effondrées.

Un jour, sur l'une de ces vastes pierres moussues du Mur Païen, cet édifice dont plus personne ne sait de quels barbares il devait préserver la Lotharingie, ou peut-être même bien avant, les terres lingones, nous posons nos fesses. Dans le chant et l'humidité d'une cascade, et aussi le nuage de mouches qui nous dispute nos saucisses et notre munster. Nous mastiquons face à l'un de ces tas d'aiguilles de pin, haut comme une maison de lutin.

Aloïs se penche vers cette zigourate de fourmis rousses. Sans prévenir, il y met un léger coup de bâton. Affolement dans les rues de Babylone. Des millions de fourmis déjà reconstruisent. Puis à genoux il remonte ses manches et à travers la faille plonge ses bras.

- Tu es fou, elles vont te bouffer.

A dix ans, je connaissais les morsures des rouquines. Et j'avais vu des films où des légions de fourmis géantes défient le feu et l'eau pour aller dévorer des villages ensommeillés.

Il laisse ses main quelques instants. Puis les retire avec un "han" de soulagement et chasse les derniers insectes accrochés. A présent il me tend le calice : ses pognes de jardinier, ses pattes d'ancien cheminot, ses deux magnifiques paluches épaisses de tout le cuir de la vie. Elles sont brillantes d'acide formique. J'y engouffre mon nez. L'odeur âcre fait danser les cîme des sapins et des hêtres.

Tandis que je vole dans l'ouragan, Aloïs sourit.




19.12.07

Légendes du cygne noir

Je reviens sur la question de l'imprévisible, de l'inattendu, des catastrophes (voir mon post sur le Cygne noir).

Et cela car "Futuribles", la revue des prospectives, publie dans son numéro de décembre un dossier au sujet du livre de Nassim Nicholas Taieb (The black swan, Ed Random House, New York).

La question me fascine car elle fait se rejoindre artistes (penseurs sensibles du monde) et prospectivistes (penseurs rationnels du monde) dans leur tentative de définir ce qu'est notre monde, quelles forces et tentacules s'y agitent, et vers où il penchera.
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Je rappelle que la thèse de Taieb (spécialiste de maths financières) est, en simplifiant : l'imprévisible est imprévisible. En ce sens que le plus radicaux changements de notre histoire échapperont toujours à la prévision, car trop de paramètres et d'inattendu sont en jeu. Cela n'est ni analysable, ni modélisable.

Plus subtilement, Taieb soutient qu'il existe aux yeux des scientifiques deux types de comportements : ceux statistiquement discernables, définissables, prévisibles (linéaires), et ceux qui ne le sont pas. Instables (et non-linéaires), on se débrouille avec eux comme l'on peut (des outils existent, de manière plus partielle).

Et encore, dans les cas extrêmes, non-interprétables et qui peuvent conduire à des catastrophes (les fameux cygnes noirs) comme les krachs boursiers, les conflits, les famines, etc... ou des coups de "génie" (découvertes, pacification, etc...) Taieb explique que les sociétés humaines ont vite fait de créer une "narrative facility", un discours (je dirai des "légendes") qui permettent de relier les faits de façon cohérente et de leur trouver une explication (du café du commerce au discours politique ou scientifique devant la machine à café il n'y a qu'une enjambée).


Si comme moi vous êtes las des rodomontades d'Attali, de Rosnay et consors à l'égard du futur vous vous demandez peut-être ce que répondent nos amis "prospectivistes" à la thèse du Cygne noir ?

Premièrement que l'espèce humaine ne s'en est pas si mal sortie, au regard de l'histoire.

C'est faire un peu vite l'impasse sur les échecs, les civilisations englouties, les génocides rapides et lents, des peuples "premiers" ou différents, la transformation de la planète au profit du modèle le plus puissant (et efficace en termes matériels). Taieb rétorque à cette "réussite" de l'homme (en fait de notre modèle de civilisation) le fait que nous avons tendance à ignorer voire mépriser les coûts induits, les "dommages collatéraux" comme on dit aujourd'hui.

Ensuite que si l'on applique les critiques de Taieb (constituent-elles une thèse ? je n'en suis pas certain), on ouvre un boulevard au principe de précaution absolu, et plus rien ne doit être entrepris sous la menace des possibles conséquences (on sent dans ce supposé que le progrès, c'est entreprendre, bien entendu...).
Cette critique est évidemment un aveu de déroute, car elle déforme le "principe de précaution", qui n'est pas le principe de "faire gaffe".

Mais encore que les prospectivistes, les vrais, disposent dans leur jeu de "wild card", concept qui permet d'introduire dans les modèles une variable explosive. Un évènement inattendu pouvant changer le cours des choses (11 septembre ou découverte des cellules souches).

Il me semble que dans les deux camps des arguments sont forts et flous. Ce qui m'intéresse ici, c'est le débat. Et que sous le feu de tels assauts, les prospectivistes soient obligés de reconnaître les limites de leurs pratiques.

Personnellement, cela me fait du bien. Vous verrez qu'un jour on fera l'apologie des liens sociaux !

17.12.07

Oui. Vous avez une âme d’enfant. Vous n’en pouvez plus des pots, au bureau, des courses, des discussions familiales pour savoir chez qui on va réveillonner…

Et Noël est une chose tellement importante qu'il faut que je vous en parle

Vous savez il m’est arrivé quelque chose d’inouï. Je suis tombé sur tout un tas de blogs et sur un site Internet, qui expliquent pourquoi le père Noel n’existe pas.

Avec des tas de calculs, comme qu’il faudrait qu’il voyage à 300 fois la vitesse du son et emporte 300.000 tonnes de jouets

Par exemple, sur le site « Oncle dom »

De tristes calculs que je vous laisse découvrir en lien, et dont certains cautionnés par le très connu et regretté chantre des sciences Carl Sagan lui-même.

Je le cite :

« Considérez l'hypothèse du Père Noël qui soutient que, dans une période de huit heures ou environ, le 24-25 décembre de chaque année, un lutin géant visite cent millions de maisons aux Etats-Unis…

Supposez que le lutin de Noel dépense une seconde par maison. Ceci n'est pas tout à fait l'image normale - « Ho, Ho, Ho » etc... - mais imaginez qu'il soit terriblement efficace et très rapide ; cela expliquerait pourquoi personne ne l'a jamais beaucoup vu, seulement une seconde par maison, après tout. Avec cent millions de maisons, il doit passer trois ans rien que pour remplir les chaussettes… Même avec des rennes relativistes, le temps dépensé dans cent millions de maisons est de trois ans et pas huit heures.
Nous devons alors proposer que l'hypothèse est intenable. »

Non et Non. Je regrette. Navré Carl. Même si tu es au paradis des savants, je ne veux pas être le complice de celui qui a tué le père Noel, même s’il s’agit d’une ordure !

D’ailleurs, comme disait le philosophe des sciences Karl Popper, n’est scientifique que ce qui est réfutable. Si je dis « Le père Noel existe » et que toi, Carl Sagan calcule et réfute mon hypothèse, tu fais donc bien du père Noel un objet scientifique, et tu lui confères une existence. En voulant démontrer qu’il n’existe pas, tu le fais exister !

Oui, bon, la nuit de Noël, pendant quelques heures, je m’accorde le droit de rêver que la magie s’empare de nous (et d'être un peu de mauvaise foi) Mais c’est vrai quoi si certains s’amusent à calculer, alors tout est permis !

Q : Alors ?

Alors je préfère vous parler vous parler des lois de Murphy appliquées au Père Noël. Vous connaissez les lois de Murphy ?

La loi de Murphy est un principe empirique énonçant que s'il existe une possibilité de mauvaise manipulation d'un produit ou d'une méthode, quelqu'un fera un jour cette erreur d'utilisation.

Q : AH oui par Exemple : une tartine tombe toujours du côté du foie gras.


Oui ! Appliqué à Noel cela donne :

Loi postale
Votre commande de jouets arrivera le 27 décembre.

Loi de la Cheminée
Les enfants qui commandent les plus gros cadeaux sont ceux qui ont la cheminée la plus étroite.


La durée du vie d’un cadeau à un enfant est proportionnel à sa fragilité, mais inversement proportionnel à sa valeur.

Loi de Noël
Il y a deux sortes de cadeaux : ceux que vous n’aimez pas, et ceux que vous n’avez pas reçus.


Je sais vous allez dire il rigole, il plaisante

Mais Non. Noel c’est trop sérieux.


D’ailleurs depuis des décennies, vous pouvez aller voir sur leur site le NORAD, les gros radars américains chargés de surveiller le ciel traquent le père Noel. Bon je sais, ils prennent souvent des soucoupes volantes pour des canards sauvages, avec leurs machins à deviner les armes de destructions massives qui n’existent pas, mais toute de même. Il faut faire confiance à la technologie, non ?

Q il y aura une carte ?

Oui, à partir de la veille, vous pourrez suivre le traineau, pisté par les radars, sur la carte de Google Earth…




Q Bon sérieux, pourquoi faut-il croire au Père Noel ?


En 1897, peu avant Noël, la rédaction du « New York Sun » (premier journal de boulevard du monde) reçut de Virginia, huit ans, fille du médecin new-yorkais Philipp O’Hanlon, : le père Noël existe-t-il vraiment ?


La réponse du rédacteur Francis P. Church fit la une
Oui, Virginia, le père Noël existe. Tu peux casser un hochet pour voir ce qui fait du bruit à l’intérieur. Mais l’univers impalpable est entouré d’un voile qui ne saurait être déchiré par l’homme le plus fort, ni par les efforts conjugués de tous les hommes les plus robustes qui aient jamais vécu. Il n’y a rien au monde de plus vrai et de plus durable que les contes.
Q Vous m’aviez promis un cadeau?

Moi je fais mes cadeaux la semaine du nouvel an… Une fête bien plus cosmique!

Bons préparatifs de Noel et soyez sympa avec les sapins…
Xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Le complot des papillons



LIENS

Père Noel existe-t-il ?

http://pagesperso-orange.fr/oncle.dom/humour/pere_noel/pere_noel.htm

Lois de Murphy/Noel
http://www.courtois.cc/murphy/murphy_enfants_edu.html#noelreveillon

Suivre Santa avec Norad
http://www.noradsanta.org/fr/tracksanta.htm


Le lettre de Virginia
http://eurenet.com/blog/index.php/2006/12/22/102-joyeux-noel-2006-oui-le-pere-noel-existe

Oui, "IL" existe

chronique France Inter du 17 dec 07

Oui. Vous avez une âme d’enfant. Vous n’en pouvez plus des pots, au bureau, des courses, des discussions familiales pour savoir chez qui on va réveillonner…

Et Noël est une chose tellement importante qu'il faut que je vous en parle

Vous savez il m’est arrivé quelque chose d’inouï. Je suis tombé sur tout un tas de blogs et sur un site Internet, qui expliquent pourquoi le père Noel n’existe pas.
foto, merci à chant du pain
Avec des tas de calculs, comme qu’il faudrait qu’il voyage à 300 fois la vitesse du son et emporte 300.000 tonnes de jouets

Par exemple, sur le site « Oncle dom »

De tristes calculs que je vous laisse découvrir en lien, et dont certains cautionnés par le très connu et regretté chantre des sciences Carl Sagan lui-même.

Je le cite :

« Considérez l'hypothèse du Père Noël qui soutient que, dans une période de huit heures ou environ, le 24-25 décembre de chaque année, un lutin géant visite cent millions de maisons aux Etats-Unis…

Supposez que le lutin de Noel dépense une seconde par maison. Ceci n'est pas tout à fait l'image normale - « Ho, Ho, Ho » etc... - mais imaginez qu'il soit terriblement efficace et très rapide ; cela expliquerait pourquoi personne ne l'a jamais beaucoup vu, seulement une seconde par maison, après tout. Avec cent millions de maisons, il doit passer trois ans rien que pour remplir les chaussettes… Même avec des rennes relativistes, le temps dépensé dans cent millions de maisons est de trois ans et pas huit heures.
Nous devons alors proposer que l'hypothèse est intenable. »

Non et Non. Je regrette. Navré Carl. Même si tu es au paradis des savants, je ne veux pas être le complice de celui qui a tué le père Noel, même s’il s’agit d’une ordure !

D’ailleurs, comme disait le philosophe des sciences Karl Popper, n’est scientifique que ce qui est réfutable. Si je dis « Le père Noel existe » et que toi, Carl Sagan calcule et réfute mon hypothèse, tu fais donc bien du père Noel un objet scientifique, et tu lui confères une existence. En voulant démontrer qu’il n’existe pas, tu le fais exister !

Oui, bon, la nuit de Noël, pendant quelques heures, je m’accorde le droit de rêver que la magie s’empare de nous (et d'être un peu de mauvaise foi). Mais c’est vrai quoi si certains s’amusent à tout calculer, alors tout, aussi, est permis !

Non, je préfère vous parler des lois de Murphy appliquées au Père Noël. Vous connaissez les lois de Murphy ?

La loi de Murphy est un principe empirique énonçant que s'il existe une possibilité de mauvaise manipulation d'un produit ou d'une méthode, quelqu'un fera un jour cette erreur d'utilisation.

Par exemple : une tartine tombe toujours du côté du foie gras.

Cela donne :

Loi postale
Votre commande de jouets arrivera le 27 décembre.

Loi de la Cheminée
Les enfants qui commandent les plus gros cadeaux sont ceux qui ont la cheminée la plus étroite.

La durée du vie d’un cadeau à un enfant est proportionnel à sa fragilité, mais inversement proportionnel à sa valeur.

Loi de Noël
Il y a deux sortes de cadeaux : ceux que vous n’aimez pas, et ceux que vous n’avez pas reçus.
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Non. Noel c’est trop sérieux.
D’ailleurs depuis des décennies, vous pouvez aller voir sur leur site le NORAD, les gros radars américains chargés de surveiller le ciel traquent le père Noel. Bon je sais, ils prennent souvent des soucoupes volantes pour des canards sauvages, avec leurs machins à deviner les armes de destructions massives qui n’existent pas, mais toute de même. Il faut faire confiance à la technologie, non ?

Et, à partir de la veille, vous pourrez suivre le traineau, pisté par les radars du Norad, sur la carte de Google Earth…

Sérieux, pourquoi faut-il croire au Père Noel ?

En 1897, peu avant Noël, la rédaction du « New York Sun » (premier journal de boulevard du monde) reçut de Virginia, huit ans, fille du médecin new-yorkais Philipp O’Hanlon, : le père Noël existe-t-il vraiment ?

La réponse du rédacteur Francis P. Church fit la "une" :
Oui, Virginia, le père Noël existe. Tu peux casser un hochet pour voir ce qui fait du bruit à l’intérieur. Mais l’univers impalpable est entouré d’un voile qui ne saurait être déchiré par l’homme le plus fort, ni par les efforts conjugués de tous les hommes les plus robustes qui aient jamais vécu. Il n’y a rien au monde de plus vrai et de plus durable que les contes.


LIENS

Père Noel existe-t-il ?

Lois de Murphy/Noel

Suivre Santa avec Norad

La lettre de Virginia

14.12.07

Briques fantômes

Nouvelle rubrique : la devinette. Celle-ci est empruntée à New scientist , rubrique The last word, la source du désormais bien connu "Pourquoi les pingouins n'ont-ils pas froid aux pattes ?"



"En janvier, je jetai quelques briques dans ma mare, rapporte un lecteur. Un mètre de profondeur. En mars, la mare gela et une image des briques apparut dans la glace. Qui sait pourquoi ? "

10.12.07

Délires immortels

Chronique France Inter (10 déc 07)

Bon d’accord, je ne regarde plus guère la télé. L’autre soir, je tombe par hasard, je ne sais plus sur quelle chaîne, sur un entretien avec Jean-Michel Jarre. Le musicien. Le son spatial des années 70. La harpe laser.
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Ne me demandez pas de quoi parlait Jean-Michel. Je n'entendais rien. J’étais renversé. Coi. Ce type doit avoir près de 60 ans et il en paraît trente. Alors là j’ai dit non. Ce n’est pas dieu possible. Il doit avoir au moins conclut un pacte avec le diable, celui-ci. Non seulement il nous arrose de la même musique depuis trente ans, mais en outre il ne perd pas un tif et il conserve sa peau de bébé.

C’est quoi le truc ? Comment fait-il ? Il dort sous oxygène ? Boit du lait de chèvre sacrée ? Déglutit des yaourts aux cellules souches tous les matins ?

A ce niveau de spectaculaire, cela devient un mystère de la science. Mieux que Loch Ness. Pire que Yeti. Je vais vous dire, je suis allé voir.

Mais non, pas chez Jarre ! Chez Jean-Didier Vincent. Je vous explique. Je tapote « éternelle jeunesse » dans mon moteur préfér et savez vous ou j’échoue ? Et bien sur le blog de Jean-Didier Vincent. Oui le neurobiologiste, le célébre spécialiste du cerveau et du plaisir. Et savez vous ce qu’il en dit, Jean-Didier, de la jeunesse de Jean-Michel ?

Je le cite : « aucun scientifique sérieux ne pense que la recherche de l’immortalité puisse constituer un programme de recherche sérieux ».

Voilà. Pan. Sur le bec. J’étais déçu. Mais je m’obstine, et plus loin, sur sonblog, je lis : « L’espèce humaine est-elle menacée ? Après avoir produit la science, l’homme est-il appelé à devenir un produit de la science ? »

Ah, voilà une piste. Il est comme moi, Jean-Didier. Inquiet. Où court donc l'Humain ?
Et savez-vous de quoi il nous parle, le Prof Jean-Didier, académicien ? Il nous parle de transhumanisme !

Le transhumanisme c’est devenir une créature de la science. D’être sculpté par la technique. Vous croyez que je délire ? Mais non, mais non… Les transhumanistes disposent de toute une panoplie de sites et de blogs sur le net…

Le transhumanisme (aussi dénommé >H ou H+ en abréviation) est une doctrine philosophique qui analyse et encourage l'usage de certaines technologies pour améliorer la condition humaine, au-delà des contraintes de l'évolution biologique, dixit Wikipédia.

Je vous livre la panoplie du parfait petit transhumaniste : téléchargement de l’esprit humain dans des ordinateurs, amélioration du corps par des squelettes robotisés, manipulation génétiques des organes et du cerveau, nanotechnolgies pour nous maintenir indéfiniment en supercondition physique, etc.

Bref il s’agit d’utiliser pêle-mêle, sans retenue, à satiété, jusqu’à jouissance absolue tout ce qui est disponible dans la boite à outils de la science, et grâce à la « convergence hommes-machines » de fabriquer le sur-homme, ou la créature du Dr Frankenstein, selon que vous êtes optimiste ou pessimiste.

Ah un détail quand même. On ne sait jamais… Comme l’éternite c’est long, surtout vers la fin, je recommande la lecture du « meilleur des Mondes » d’Aldous Huxley, ou alors d’aller voir « l’homme sans âge », le récent film de Francis Ford Copolla, inspiré du texte de Mircea Eliade (Le temps d’un centenaire, chez Folio).

Pour finir, mon petit énervement de la semaine… Vous avez vu, le sujet est passé partout, la semaine dernière : les singes sont plus forts que nous. Ils nous surpassent, titrait le Monde.Fr. Des chimpanzés entraînés à mémoriser des cases numérotées sur un écran se souviendraient mieux, lorsque l’on efface les numéros, que les étudiants japonais. Oui, c’est encore au Japon.

Mais dire que les singes sont plus forts que nous, à un jeu ou a un autre, cela me tape sur le système. Ce serait comme dire qu’un chameau boit moins qu’un ours polaire… Pitié. Que l’on cesse de dire n’importe quoi !

Allez je ne suis pas rancunier. Je vous ai mis le lien vers la vidéo ou l’on voit le chimpanzé appuyer sur l’écran. A toute vitesse. C’est fou ce que ça galope, tout de même. De quoi être inquiet ? Mais non mais non. Je vous le répète. Les plus forts, c’est nous !


LIENS

Jean-Didier Vincent

Transhumanisme (Wiki)

Transhumanism (site)

Quand le singe surpasse l’homme (vidéo)

3.12.07

Ceci est mon corps

Chronique France Inter (3 déc 2007)

Avez-vous déjà mangé votre père ?
Votre mère non plus ? Personne ?

Etrange. Car en fait l'autre soir, cette question s'est imposée à moi : « au fait pourquoi n’ai-je pas mangé mon père/ Oui, pourquoi ne suis-je pas cannibale ? » Quelle drôle de question me direz-vous ? C'est la Saint Nicolas ?
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Et bien pas du tout. C’est une question normale, puisque j'assistai ce soir-là à une représentation de la pièce adaptée du fameux (et excellent) livre de Roy Lewis "Pourquoi j'ai mangé mon père".

L’histoire se dénoue au cœur de la préhistoire, autour de l’invention du feu, des armes, et de l’exogamie (accouplement en dehors de la communauté). Une aventure drolatique, où par exemple la brave Griselda, la femme convoitée par Ernest le pithécanthrope l’aguiche, le sème et le malmène par forêts et savanes des jours durant, jusqu’à l’épuisement du dit chasseur. Le même Ernest finira par dévorer son père, qu’il trouvait trop dangereux avec ses idées de progrès, d’armes nouvelles, d’arc et de flèches…

Une adaptation menée tamtam battant. L’acteur, Damien Ricour, incarnant d’ailleurs avec l’énergie d’un mort de faim tous les pithécanthropes du récit, mais aussi fauves et mammouths. C’est excellent et c’est à la Manufacture des Abesses, à Paris, tous les renseignements sur leur site.

Mais revenons à nos débats, pourquoi ne sommes-nous pas cannibales ? Pourquoi nous ne mangeons-nous pas nos parents, contrairement à nos ancêtres ?

Je fais évidemment comme si nos tabous religieux et moraux n’existaient pas, vous pensez bien. Car les tabous ne comptent pas : ils peuvent retourner leur veste.

En fait je dirai même que le cannibalisme revient à la mode. Mais si, regardez, tous ces faits divers.
Je ne vous parle pas seulement de Hannibal Lecter, la série du Silence des Agneaux !

Il y eut Issei Sagawa. Le 11 juin 1981 ce Japonais de trente-deux ans tue une jeune femme, lui «fait l’amour» puis la découpe et goûte ses fessiers. Trois ans à peine après son crime, le « cannibale» repart au Japon, où il est devenu au fil des ans un expert reconnu du cannibalisme.

Il y en est d’autres, comme Armin Meiwes, le «cannibale de Rotenbourg». Huit ans et demi de prison pour avoir saigné et consommé un ingénieur berlinois, recruté par petite annonce, en 2001.

Encore ? L’été dernier, en Autriche , dans un foyer social de Vienne, Robert Ackermann, retrouvé par une femme de ménage auprès du cadavre « diminué » du certain Josef. S.

Attendez… Si dans certaines tribus, le cannibalisme fut longtemps pratiqué, il y a tout de même débat sur son importance réelle. Car on ne sait pas si les missionnaires et autres coloniaux n'ont pas un tantinet exagéré.

En 1572, dans ses Essais, Montaigne propose une réflexion qui permet de considérer le cannibalisme comme "juste". Lors des conflits les perdants, selon lui préférant être tués et dévorés que souffrir toute leur vie la honte de la défaite. C’est parodique, et à prendre sur le mode de l’ironie mais le mythe fondateur du « bon sauvage », meilleur car plus proche de la nature, est lancé

Et au XVIIIè siècle, les Lumières usent du Cannibale dans la querelle anticoloniale et anticatholique. Cannibale, sauve-nous !

Mais cette belle image s’évanouit très vite ! Au 19ème il devient une figure odieuse, incarne la bestialité, intéresse Sade ou trouble Flaubert, et pas pour les mêmes raisons. Flaubert c’est avec l'affaire du Radeau de la Méduse, des survivants se dévorent entre eux. Sade je vous laisse voir.
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La réponse, c’est que si l’on a cessé de se dévorer les uns les autres, c’est probablement car en se mangeant, on se transmettait de redoutables maladies. Dont la variante humaine de la maladie de la vache folle.

En Papouasie surtout. L’étonnante maladie du KURU y a été décrite dans les années 50 par Daniel .C. Gajdusek. Le kuru est une encéphalopathie spongiforme transmissible par le rite funéraire anthropophage. Les femmes et les enfants consommaient le cerveau des parents décédés. Puis en mourraient. Les hommes en réchappaient eux, car ils ne mangeaient que la chair
Et depuis des publications scientifiques ont accrédité ce point de vue : il n’a jamais fait très bon dévorer ses congénères. Ou alors il faut savoir choisir son morceau.

Ps, aux lecteurs rapides :
Ce que je veux dire ici est à propos des mots, de l'écriture, cet appétit sans faim des autres et de nous.

"Je ne t'étreins plus
J'étreins une poignée de sang
qui ne saigne pas"
...
Mathieu Bénézet (Ceci est mon corps, Ed. Léo Scheer)

LIENS

Manufacture des Abesses (théâtre)

Canibal Holocaust

Cannibale Rotenburg

Cannibale à Vienne

Cannibalisme des tueurs

Anthropophagie et art

Le cannibalisme, croyance, rituel ou fantaisie de l'esprit ?


Epidémies prions préhistoire

Le radeau de la méduse

Wikipédia
Différence entre cannibale et anthropophage


Levy Strauss

Chez les animaux (ours polaires)
blog : la buvette des alpages (sur les brebis, les ours et les loups)

Le cannibalisme, les maladies à prions

29.11.07

Maman-éléphant

Le comble c'était ce soir tout en soleil. Orange, la lumière d'automne rasait la terre et nous pétrissait à la manière de ce grand frère qui vous prend par les épaules, et vous serre encore une fois contre lui. Une dernière. Avec un peu de rudesse et tant de vie. L'incertitude des jours qui raccourcissent est plus fraîche que l'eau du torrent. Plus sifflante que les arbres qui plient dans le vent. Plus salée que du sang.
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Elle avait fait le chemin jusqu'à la véranda, et se tenait là, à deux mètres au-dessus de nos têtes. Perchée à la fenêtre. Pour faire durer le spectacle, nous avons pris le temps. Installé Max à l'arrière, dans le couffin attaché au siège, callé les coussins et posé les affaires de cette vie qui commençait. Le bébé n'avait pas un mois. Elle lui avait fait toucher sa voix. Goûter ses caresses et sa peau. Puis nous sommes montés dans la voiture à notre tour. Je suis resté là, hors du temps, si longtemps, assis, les mains sur le volant, sans fermer la portière. Regarder devant moi. Ne penser à rien.

Le courage m'est venu. Je me suis tourné vers son regard d'oiseau. Son regard où toutes les langues auraient pu claquer de joie et rire. C'était pire qu'annoncé. Les petites misères, les odeurs de Nivéa dans le cou, les mains au ciel et les cris, tout y était. J'ai haï de devoir fermer cette portière. Je l'ai tirée, avec lenteur. Comme si ce geste n'existait pas. Les odeurs de terre et de feuilles tombées au sol se sont évanouies. Il ne restait plus que l'atmosphère sourde de la voiture. Plastiques et moquettes. Un cocon loin de toute vie. J'ai toujours ressenti que dans le ventre des machines, nous étions entre parenthèses.

Le regard a duré, mais derrière le pare-brise, là-haut, ce n'était plus pareil. Comme si dans notre capsule nous étions déjà partis pour Mars.

Elle eut un geste. Un signe de la main gauche, le bras valide. Sur ses lèvres s'est émietté un sourire. Je me suis vu tailler des flèches, m'érafler les mollets dans les arbres. Je me suis vu courir vers elle quand j'avais huit ans. La faire rire c'était facile. La faire pleurer encore plus, à faire mine de m'évanouir à la messe pour ne plus devoir aller subir ces pitreries à l'encens. Regretter de ne pas lui avoir dit que j'aimais quand elle était assise dans la pénombre, à l'Opéra, que j'avais vu ces larmes cascader à cause de Verdi. Je veux encore ses nouilles, ses tartes, me gaver de sa vie trop saupoudrée de cannelle. Et puis lui demander de loucher, de prendre cet air idiot qui faisait fuir les clientes qui venaient râler dans sa boutique.

J'aurais voulu lui demander de regarder à travers moi encore comme elle le faisait lorsque je cachais mes pétards dans mon dos, après avoir fait péter les boîtes aux lettres des voisins. Et peut-être me souvenir de ce geste du poignet qui trahissait son pardon avant les mots, lorsque face à la vie j'avouais des limites.

Et puis...

Non, c'est ce geste là qu'elle a voulu faire, je l'aurai juré. Pour toutes ces fois où je l'avais trahie. Toutes ces fois où j'ai eu honte de son accent alsacien. Et puis le visage a blanchi. Le voile du rideau. Ses yeux ne me quittaient pas, mais derrière, plus loin.

J'ai mis le moteur en route.

Strasbourg-Paris. Cinq heures. Belle moyenne pour un dimanche soir. Avec Pascale, nous avons du échanger dix phrases. Max a dormi. Quand nous sommes arrivés, la voix de ma soeur attendait sur la cassette du répondeur.

Nous avons sorti les bagages et le bébé et je suis retourné à Strasbourg avec une pluie à égarer un espadon. Les essuie-glaces n'y pouvaient rien. Elle était dans mes yeux, la pluie.

Le ruban de l'autoroute me répétait que ma mère avait tenu des mois pour voir le gosse, puis elle s'était laissée glisser. Je garde cette image, elle avec sa longue trompe. De son visage pendait ce tube de plastique qui fit d'elle l'héroïne absolue de ma vie. Il lui permettait d'avaler du temps, de tenir ces quelques semaines. Elle en riait avec hoquets. Faisait brrrrrr avec ses joues grises du cancer.

- Je serai réincarnée en grand et sage éléphant, hein ?

- Oui, maman. Pouet aussi.

26.11.07

Billy the Gaucher ?

Chronique France Inter (26 nov 2007)

Est-ce que comme
Albert Schweitzer, l’écrivain Mark Twain, Bill Gates, ou le mime Marceau
vous seriez gaucher ?

Ne répondez pas trop vite. Ce n'est pas si simple
entre les faux droitiers et les gauchers contrariés, et les ambidextres, tout est brouillé.
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D’ailleurs, la latéralisation - le fait d’utiliser une main plutôt que l’autre pour ses activités - est très variable d’un individu à l’autre, et on peut être absolument gaucher, absolument droitier ou ambidextre à divers degrés.

Pour en avoir le coeur net, il faut agir par surprise

Il y a cette petite expérience
Se munir d'une corde à grimper
et puis de belles bananes, tout un régime

Vous accrochez les bananes au plafond
et regardez de quelle main les grimpeurs lâchent la corde pour aller s'emparer des fruits.

C'est la main de la précision qui va attraper le fruit.
Et la main de la force qui reste sur la corde
Là, à trois mètres de hauteur, on ne triche pas.
La main de la force est celle que l’on désigne, chez les droitiers ou les gauchers, par main "principale"

En faisant cette expérience on a découvert que nombre de singes, que l’on croyait ambidextres sont en fait comme nous, latéralisés.

Le fait de se spécialiser (un côté pour la précision, un autre pour la force) augmenterait les performances…

Un test plus simple ?
Vous vous mettez derrière la personne.
Tout à coup, alors que vous lui parlez de la forme délicieuse des nuages, vous la poussez.
Ne pas hésiter a le faire avec vigueur.

La jambe avec laquelle elle se rattrape
sa jambe d'appui, vous dit de quel côté l'habite sa force
le test de la jambe d’appel, bien connu, en sport...


On peut le faire soi-même, si l'on est inquiet :

• Croisez les bras. Lequel se trouve sur
le dessus ?
• Croisez les doigts. Quel pouce recouvre
l’autre ?
• Clignez d’un œil. Lequel reste ouvert ?
• De quelle main distribuez-vous les
cartes ?
• Mettez votre main en cornet pour mieux
entendre. De quel côté procédez-vous ?

Si vous avez répondu «gauche», vous avez des chances de faire partie de la tribu des
non-droitiers.

On estime la proportion de gauchers dans la population comprise entre 10 et 15 %. Mais là encore, tous se perd dans la brume : on trouve davantage de gauchers parmi les blonds aux yeux bleus, les esquimaux et les indiens Kawkiutl de Colombie britannique. Et il y a plus de garçons gauchers que de filles. Etre gaucher ne se réduit pas au fait d’être plus fort à gauche, d’écrire de la main gauche, comme les droitiers semblent le croire, mais peut aussi s’accompagner d’une perception différente des formes et de l’espace, puisque la force et l’adresse sont regroupés chez eux du même côté.

Selon les vues d'Howard Gardner, psychologue américain, chacun possède huit formes d'intelligences.

Les gauchers possèderaient une intelligence spatiale (représentation de l’espace) et un sens kinesthésique (sens du mouvement) plus performants.

Ceci pourrait expliquer que l’on trouve une proportion de gauchers supérieure à la moyenne générale dans les professions artistiques ainsi que dans certains sports.

Il reste 6 autres formes d'intelligence aux droitiers, hé...

Billy the Kid, le fameux et insupportable gamin hors la loi américain (Henry McCarty de son nom vrai), descendu à 21 ans après ses soi-disant 21 meurtres. Billy était-il plus rapide de la gâchette car gaucher ?

Désolé, Billy. Ton surnom "le gaucher" vient du fait que la première photo parue de toi fut "tirée" à l'envers. La plaque au moment du tirage inversa la position des mains. Le tireur le plus rapide et le plus taré était un banal droitier.


Autre chose

Si les collisions de la technologie et de notre monde contemporain vous passionnent ou vous inquiètent, je vous recommande le blog « Aietech » du journaliste Pierre Vandeginste,

Il vous parle d’un certain Active Denial System. Une sorte de “rayon de la mort” qui ne tue pas (en théorie). L’engin du futur vous envoie une claque de micro-ondes. La brûlure sur la peau est assez violente pour faire décamper. Les vidéos de cette superbe invention (lien sur son site) valent le détour.

Et puis TechnologyReview nous parle de ce rayon fatal aux voitures. A la manière de Black et Mortimer. Le HPEMS (High-Power ElectroMagnetic System) de Eureka Aerospace balance son petit orgasme d’ondes millimétriques. Bref et intense : deux gigawatts, pendant 50 nanosecondes. Aucun microprocesseur ne résiste. Comme nos voitures actuelles en sont truffées, pour gérer l’injection, l’allumage et bien d’autres choses, elles couinent et s’arrètent misère. Eureka Aerospace, à Pasadena (Californie), promet pour d'ici 18 mois sa camelote à toutes les polices et armées du monde.

Elle est pas impec
la vie high tech ?


LIENS
GAUCHERS
Gauchers
d'autres gauchers
encore
revanche du gaucher
martin winckler

AIETECH
Aietech

23.11.07

Alerte aux pôles. Vidéos 7 et 8

Les questions de la semaine
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Qui surveille la banquise ?


Pourquoi les pôles se réchauffent-ils plus vite ? (Le secret d'Albédo)

22.11.07

Mouvements


Je ne me lasse pas de la poésie des illusions de maître Kitaoka.

Le mouvement, la clef de nous. Sans lui nous ne sommes qu'évanouis.
Sa liberté, mais son "empêchement", aussi, qui nous fait sentir le monde.
(développement de la conscience, cf/Alain Gillis et ses observations de l'autisme)

J'aime celle-ci, aussi.
Fixer la croix centrale, longuement.



Non, le vert "n'existe pas".
Mais le rose non plus, au fait.

21.11.07

Combien de sucres ?

Voir aussi : Effet coca menthos
(version sans sucre)

Science sans humour n'est que ruines et larmes (" Sapience n’entre point en âme malivole, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme. " Rabelais - Pantagruel, chapitre VIII.)

" Fais ce que voudras"

" Toute leur vie était ordonnée non selon des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur bien vouloir et leur libre arbitre. Ils se levaient quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, et dormaient quand le désir leur en venait. Nul ne les réveillait, nul ne les contraignait à boire, à manger, ni à faire quoi que ce soit. Ainsi en avait décidé Gargantua. Pour toute règle, il n’y avait que cette close, Fais ce que voudras ; parce que les gens libres, bien nés et bien éduqués, vivant en bonne compagnie, ont par nature un instinct, un aiguillon qui le pousse toujours à la vertu et 1es éloigne du vice, qu'ils appelaient honneur. "

19.11.07

Dites Aaaaaaah !

Chronique France Inter 19 nov 2007

Si je vous dis OOOO
Pensez vous à quelque chose de particulier ?
Et UUUUU ?

Non plus ?

Nous avons peut-être des sens cachés. Mais il est de drôles d'associations entre certains de nos sens. Quatre pour cent d'entre nous seraient ainsi sujets à la synesthésie. Et comme pour l’oreille absolue, ce serait héréditaire.
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La synesthésie est une association de plusieurs sens. Par exemple les notes de musique ou les chiffres, ou les lettres de l'alphabet ou même les jours de la semaine peuvent faire surgir à notre esprit des formes, ou bien des couleurs...

Attention il ne faut pas tricher. Il ne s'agit pas de forcer, mais de se laisser aller
Synesthésie, cela rime avec poésie

« A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,_Je dirai quelque jour vos naissances latentes… »

Voyelles, le plus connu des poèmes de Rimbaud, qui se termine en pure splendeur violette mais aussi Baudelaire avec ses parfums et ses chairs, du son des hautbois au vert des prairies…
Et Kandinsky, le peintre, pour qui la musique était couleur…

Pas seulement mais en partie à cause des artistes, le synésthésie fut mise en cause. Et même si des savants comme le prix Nobel Richard Feynman disaient voir les équations en couleurs, on doutait de son existence, à la synésthésie. Pour le moins elle faisait sourire, et on la brocardait volontiers, au nom de la rationalité.

Si le son « ciel « évoque le bleu, il est facile de rétorquer c'est car il est bleu depuis que nous sommes en âge de le contempler. Mais non, sceptiques, dans le cerveau des synésthésiques, le mot ciel peut faire surgir des sensations intenses et vertes...

On sait désormais un peu mieux ce qu'il en est, comme le relève le blog "neurophilosophy".

Des expériences récentes d'imagerie cérébrale ont montré que la synesthésie existe bel et bien : une personne à qui l’on faisait entendre des sons avait bien les centres de la vision colorée qui s’activaient. Et les zones cérébrales mises en jeu sont bien différentes chez les sujets chez qui pour qui les sensation colorées n’apparaissaient pas.


Je vous parle d'autres croyances qui, elles n’ont rien a voir avec les sons et les couleurs, mais dont le succès ne décroit pas : 48% des Américains sont convaincus de l'existence des phénomènes allant de la télépathie à la voyance. Ils sont 34% à être persuadés de l'existence des ovnis et 19% à avoir peur des sortilèges et des sorcières.

Un Américain sur cinq est superstitieux, un phénomène observé plus souvent chez les jeunes, les plus pauvres et les habitants des villes: pour eux, la découverte d'un trèfle à quatre feuilles est le moyen le plus sûr d'avoir de la chance.
Sondage réalisé en octobre auprès d'un échantillon d’ adultes américains et commenté par le site « doutes à gogo »


Si vous êtes un tantinet curieux, je vous recommande le blog « Dark roasted blend » qui vous propose un drôle de regard de notre monde. Un catalogue des objets introuvables de notre époque et de notre planète : les navires qui volent, les constructions les plus folles imaginées à Dubbai et ailleurs, les projets spatiaux délirants… Un télescopage entre les fantasmes des humains, courant dans les bandes dessinées des années 70 et 80, et ceux en train de se réaliser. Ce foisonnement est troublant. Parfois il hérisse. Ou alors il fait rire. Il y a, pour se reposer de la naïveté technique lancée au galop, une collection de photos surprenantes d’ animaux. Un indispensable fourre tout pour curieux et rêveurs. A prendre au second degré.


Je voudrais encore vous parler des minuscules gestes qui peuvent changer le monde. On a tous rêvé de capter l’énergie de tous les marcheurs du monde pour la rendre utilisable. C’est un peu sur ce principe que désormais, lorsque vous certifiez sur le Web que vous êtes bien un humain et non une machine, vous savez avec la recopie d’un texte dans un petit espace de saisie, on vous propose un deuxième ensemble de lettres à saisir. Et bien là, ce n’est pas d’un test dont il s’agit, mais de la photocopie d’un document que les machines ne parviennent pas à numériser. Et c’est vous, chacun des internautes qui allez, mot après mot, saisir ces textes dans les banques de données, sans même vous en apercevoir. Cela s’appelle « recaptcha » et c’est assez malin et élégant, je trouve.

Et angoissant aussi, sur notre sort, rapport à la Toile.

Par contrecoup, j'ai crée une nouvelle expérience : "No Where".
On verra.

LIENS

Synésthésie
wiki
neurophi
rimbaud

doutes à gogo
crédulité

incroyables
machines et animaux

manuscrits saisis
par les fourmis

16.11.07

Alerte aux pôles. Vidéos 5 et 6

Les questions de la semaine, posées à Yves Frenot, directeur adjoint de l'Institut Polaire (Ipev)..foto..


- Reste-t-il des formes animales inconnues dans les régions polaires ?


- Y-a-t-il de la vie sous la glace ?

15.11.07

Le sexe à gauche ?

C’est sa manière de poser son dos contre le lampadaire et de plier la jambe à mi-hauteur qui m’est restée. Je m’embusquais dans le coin du râtelier à vélos, les reins contre la glace du métal. Le froid me prenait les orteils et me disait : crétin.
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Malgré le mouvement de foule, chaque matin à l’entrée des cours, elle restait là. Sourde au grondement de la ruée. Evadée. Elle ne se laissait avaler par le lycée de vieux grès, blottit contre la cathédrale, que lorsque le porche en avait fini avec toute la meute. Rien que cette étrangeté aurait pu me suffire. Elle savait aussi écarter ses cheveux sans faire tomber la courroie du sac de son épaule.

Je l’ai longtemps surveillée, en silence, derrière la barricade des écharpes et des vestes kakis que tout le monde portait à cause du Vietnam. A chaque récré aussi, je la cherchais. Je l’épiais comme on observe une sauvage, dans la forêt. De loin. Parfois de près, à contrevent ou dans un mouvement qui aurait pu sembler provoqué par le hasard. Sans faire craquer de bois.

Ses cheveux noirs très longs et son col fourré n’avaient rien contre moi. Rien pour non plus. J’étais à l’âge où quand on ne sait rien dire on la boucle.

Quand j’ai su qu’elle militait à la LCR (ligue communiste révolutionnaire) je me suis précipité. Les vieux copains qui me tannaient depuis des années pour me recruter y ont vu le salut de ma conscience politique, tout en m'égrenant des sourires en coin.

Deux semaines et pas mal de rasades de bières plus tard, devant le lycée, je haranguais, réclamant que l’on ouvre le ventre à tous les patrons. Troski était mon guide, la Fraction armée rouge mon exemple, et dans l’ascension de mon espoir j’étais prêt à tondre la moindre cause égarée. Je suis devenu son acolyte. Sans jamais lui parler de choses plus osées que Proudhon. Désormais avec elle je vendais Rouge (quotidien de la LCR), et la voyais renvoyer dans leurs limbes tous les camarades à poil au menton qui l'approchaient. Elle savait les écarter sans lâcher son sourire. Ca les rendait encore plus fous. Celui qui lui disait que ne pas coucher, c'était bourgeois, Christan aux cheveux gras, personne n'ignorait que c'était c'était parce qu'il avait eu droit à son coup de genoux.

Des mois passèrent et sur mon Solex je volais vers le bahut. Dans son sillage la vie frémissait et glissait des uns aux autres. Nos Rouge invendus, nous les déposions le vendredi soir au fond de la vieille salle de musique. Un accord avec le prof à tête de Trénet, défroqué du PC. Nous discutions, assis sur les marches de l'estrade. Dans la pénombre le parquet exhalait son odeur d'huile. Cela ne durait que quelques minutes, mais elle était à moi. Pour faire durer, j'apportais des clopes et parfois un joint. Puis nous nous mettions à délirer sur Lawrence, la Palestine, les désert et des dunes. Je ne sais plus pourquoi. Mais elle était la seule à ne pas rabâcher des trucs féministes.

Un soir elle déposa sa pile de journaux, se pliant comme un serpent. Elle se retourna pour me parler et surprit dans mes yeux toutes ces envies où je trébuchais. Pourquoi faut-il qu'elles nous lisent ainsi ? Sans un mot elle me prit le col et tira, me menant derrière les tentures. De lourds rideaux masquant les instruments. Quelque part dans le lycée, au loin, dans ce soir de printemps grondait une AG contre les lois Debré. Elle étendit nos vestes vertes entre les pupitres des cymbales et un banc de bois. Agenouillée, avec son sourire qui murmurait. Je lui ai touché les cheveux et me suis enivré de ses seins. Je la regardais dans les laques du piano. Dansante et si floue.

Le sexe est-il de gauche ?

Moi aussi, cette question aurait pu me surprendre. Mais il est des écrits comme des humains : on les croise. Déjà, je sais que je triche. Le livre dont je vais parler s’intitule « La gauche et le sexe », et non « le sexe est-il de gauche». Il est publié chez Danger Public, écrit par Anna Alter et Perrine Cherchève, toutes deux journalistes à Marianne.
Un livre de journalistes, bien documenté, fourni, enlevé.


On tentera de comprendre cet étrange paysage : selon une étude (sic), les pratiques (sexuelles) du Modem arrivent en tête dans plus de 30 % des cas ; les extrémistes de gauche s’avèrent plus « coincées » ou alors « soumises » (aimant être attachées ou avaler) ; les activités sexuelles du viré du PCF l’architecte Roland Castro, mao fondateur de la revue « Tout ! », les revendications des homos et celles du MLF qui hérissent tant la gauche.

On devine qu’il s’agit de dire comment les féministes furent roulées dans la farine par les hommes et les partis de gauche.
Au-delà, c’est de nostalgie dont il s’agit. Et c’est peut-être là un vrai livre sur 68, après les énormités que l’on a pu lire ici et là.

Mai fut une pulsion. Une pulsion contre la mort et l’immobilisme d’une France surannée. Contre l’ennui, la douleur et la destinée faite aux femmes, bien entendu. Le sexe était-il central ? Et comment.



« La gauche et le sexe », Anna Alter et Perrine Cherchève, Ed. Danger Public.


12.11.07

Une physique du piaf

Chronique France Inter du 12 nov. 2007

Qui a dit que la physique était un univers impitoyable et austère ? C’est tout le contraire : rigolade, poésie, des sourires dans les yeux des enfants. Vous aimez les expériences de physique amusante ? C'est par ici, mesdames et messieurs, pour la plus épatante et mystérieuse galerie de l'universssssss !
..foto..
Cela se trouve, entre autres, sur le site de Daniel Cordier, enseignant de l’Ecole Nationale Supérieure de chimie de Rennes
Un inventaire selon Prévert :

- L’oiseau buveur
- La fusée à eau
- Le balancier mystérieux
- Le bozo-bozo
- L’aimant qui ralentit…
- Les boules de Newton…
- La fabrique du hasard
- Le tube paresseux

L’oiseau buveur, tout le monde connaît.

Non ? Il s’agit du pioupiou que l’on accroche au bord d’un verre remplit d’eau. Un fois perché, on lui donne à boire en lui mettant la tête sous l’eau. Puis l’oiseau se redresse, ventre plein. Quelque temps après, cela dépend de la température, de la vitesse du vent et de bien d’autres choses qu’il faut comprendre, l’oiseau s’incline à nouveau et retourne boire de l’eau tout seul.

Se met en place un incessant et mystérieux mouvement de va et vient, sans fin. Le mouvement perpétuel, d'une certaine sorte.

Mieux qu’un aquarium, particulièrement reposant, après une journée harassante, si vous êtes un responsable placé sur le front des conflits sociaux, par exemple.

Il y a toujours un truc. En fait ici le secret c’est que l’oiseau est une machine thermique. Une partie de l’eau s’évapore par… sa tête !

Mais chhhhtttt je vous laisse découvrir le reste. Sachez encore que cela est fort sérieux. L’oiseau buveur a fait l’objet de publications dans « American Journal of Physics »

Bon, un autre : la fusée à eau ?
Non trop connu… dont la pression se relâche brutalement, oui, et l’enfin décolle en laissant l’eau derrière lui.

Le bozo bozo ?

Il s’agit du le tout bête bâtonnet cranté au bout duquel il y a un petit avion à hélice. Lorsque l’on frotte le bâtonnet, l’hélice se met à tourner. Pas si simple à expliquer, en fait, pour un physicien…

Et tiens, je vous propose de vous servir de votre appareil photo numérique. Certains d’entre eux sont sensibles à l’infra rouge. Il suffit d’acheter dans le commerce un filtre à infra rouge, de le mettre devant l’objectif, et vous aller voir le monde autrement.

Cela va vous révéler ce rayonnement qui nous entoure, qui nous est invisible car nos yeux ne sont pas capables de le percevoir, mais que nous émettons, vous et moi…

Un site, celui de Fumio Hanano, Photographe, avec des images infra rouges
C’est poésie encore et plus.
Cela fonctionne très bien avec tout ce qui est vivant.
Donne une allure irréelle aux choses.
D’irradiants nus.

Et me fait penser à Blow up, vous savez, le film d’Antonioni, avec Jane Birkin, et la pelouse repeinte à la peinture, afin qu’elle apparaisse plus verte. La pelouse, pas Jane.

Et vous ai mis le lien d’un site ou l’on peut imaginer être Newton, tirer avec un le plus gros canon du monde à l’horizontale, pour voir à quelle vitesse le boulet se mettra en orbite autour de la terre, avec de jolis dessins et des bruitages délicieux si vous vous prenez le boulet sur le derrière de la tête.

Encore, chez Cordier : le tube paresseux. C’est celui de l’aimant qui voyage dans un tube en cuivre et met plusieurs secondes pour en ressortir, sous l’effet du champ magnétique ralentisseur, un vrai coussin !

Physique amusante, je vous dis. Il suffit de le taper dans un moteur de recherche, même « fun physics », si vous maîtrisez le shakespearien. Vous serez surpris par l'averse de choses que vous recevrez.

Hé, mais ne vous endormez pas. La physique amusante c’est aussi dans la vie de tous les jours.

Tout part d’une question et d’une observation qui donne envie.
« Pourquoi les voitures dans la file d’a côté vont-elles toujours plus vite ? Suis-je puni par les dieux ?»
En fait si vous faites une observation sérieuse, vous découvrirez que cela n’est qu’une illusion, due au fait que vous regardez vers l’avant et que la vitesse relative des autres paraît plus importante !

Attention, si vous commencez à démonter des bidules et des trucs et à vouloir faire de la science bricolo, prenez conseil. Ne faites pas cela tout seul, l'amusant peut conduire au formol… Je connais un gamin qui s’est électrocuté en voulant obtenir de l’hydrogène dans la cuisine de ses parents : moi. Je ne m'en suis jamais remis, la preuve.


Pour finir, une autre histoire, trouvée sur le site de Mac génération.

5000 ordinateurs portables d’une marque à la pomme croquée vont rejoindre les écoles de la ville de Kansas City, en libre service. L’expérience c’est que moyennant 25 dollars d'assurance les enfants pourront repartir avec un portable tout neuf.. Là ou cela devient drôle, c’est que les grand moyens ont été mis en oeuvre pour sécuriser les machines : GPS pour suivre une machine volée et un système pour détruire le disque dur à distance !

Ah le progrès.


LIENS

..site de Daniel Cordier..

.. american journal of physics (oiseau buveur)..

.. Photographie d’art en infrarouge..

.. Fun physics
..


.. le canon de Newton..

.. l’écoulement laminaire réversible..

.. Mac Génération (les portables détruits à distance)..

9.11.07

Alerte aux pôles. Vidéos 3 et 4

La série des questions aux chercheurs des pôles se poursuit.
(pour les isoler, utiliser les tags, ou libellés, sous le message)

A propos du réchauffement et à l'occasion de l'année polaire 2007/2008, le CNRS et l'IPEV (Institut Polaire) m'ont proposé d'imaginer et de réaliser une trentaine de brefs entretiens avec des chercheurs (merci à eux !), pour le public le plus large, au format videocast.

La série est complétée, chaque semaine, de 2 nouvelles questions.
Egalement disponibles sur Lci.fr et le site du Cnrs


Antarctique : comment les manchots se reconnaissent-ils ?


Antarctique : pourquoi des animaux si peu craintifs ?

7.11.07

Melany

Je suis à Frisco. Chez Jam. Jam filme les dauphins depuis la passerelle des bateaux de pêche, lorsqu'ils les massacrent. Il s'embauche cuistot ou mécano, caméra dans le slip. Ses images de la tuerie ont fait coffrer pas mal de fumiers de l'océan. On les voit, sur les films, qui se bidonnent lorsque les filets remontent et que les poulies crantées écrabouillent les souffleurs. Il sait, Jam, que se battre avec eux, c'est comme s'asseoir sur un caillou et essayer de lui parler. Un équipage viré, un autre embauché. Allez surveiller ce que font tous les pauvres types que porte cette terre. Il le sait. Il le fait. Il filme et gueule. Sinon, autant aller tout de suite danser avec les macchabées.

La maison de bois branle sur la colline. Le matelas nu sur le plancher. L'odeur d'herbe, la pluie d'hiver, le tintement des grelots à vent. La pente de ces rues avec douceur roule et verse dans l'océan tous ceux qui ont trop voulu ou trop bu. Le franciscain, le brouillard et son Golden Gate qui gémit de toutes nos belles envies suspendues à lui. Alcatraz se visite. Par ici dormait Capone, attention à la marche m'sieur dames. Il y a un drapeau qui flotte à l'envers. Manque plus qu'un régiment de majorettes et je me croirai il y a quinze ans, reporter et content. Tzim Boum.

Melany a ses cheveux emmêlés autour d'elle. Son dos contre moi. Elle a coincé ma main entre ses cuisses. Elle me brûle. Comme on faisait dans les seventies pour dire à l'autre que ce que l'on pouvait lui donner de mieux, c'était baiser en paix. Et puis roupiller, que ce soit sur la poussière du Mali ou dans les draps de Tokyo.
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J'ai froid. Même dans le creux de mon rêve, putain, ce que j'ai froid.
Je ne suis pas à Frisco moi. Le poêle doit être éteint.
Je ne me réveille pas.
Je hais ça.
Je m'accroche à rester profond.
C'est toujours lorsque les rêves ont de chauds nichons qu'il faut les assassiner.
J'ai froid.
C'est sûr cette saloperie de poêle est éteint.
Alors j'envoie mes jambes en l'air, près du nez, et je saute de la couchette, le sac autour de moi. Momie et lambeaux de rêves.
J'espère tomber.
Me rendormir, assommé.
Mais non, ça tient debout.
Debout dans le carré. Saucisson réveillé, un oeil ouvert. Le sac au sol. Nu. Sans rêves. Nu et amer.
Il doit être deux ou trois heures du matin, on entend mes dents qui claquent, et plus les dauphins qui respiraient autour du bateau.
Pas un grincement, pas une drisse qui siffle, rien.
C'est fou ce pays. Tu te prends 50 noeuds de vent en dix secondes. Tout fume. Les rachas dégringolent la Cordillière Darwin et réclament la peau que tu laisses sur les amarres et la chaîne, à te bagarrer pour que le mouillage tienne. Et puis tout se calme plus vite que l'on change de bottes.
Autour de moi l'air pisse de froid et même dans le noir, je vois mon haleine blanchir comme celle d'une baleine.
Je m'ensevelis dans mon froc et deux ou trois pulls. On ne compte plus. On empile.

Je tousse. Melany est en moi. Il y en eut, des nanas parachutées sur ma vie et à ma surprise certaines ont été jusqu'à ramper avec moi dans la confiture. D'autres sont parties sans même fumer une cigarette ou faire semblant. Melany ce ne fut que deux ou trois nuits. Sans être à moi, puisque Jam dormait dans la chambre d'a côté et que cela ne posait de problème à personne. Sans être à personne elle traversait l'air et c'était tout. Elle passait en me disant : "toi, faut que tu arrêtes de croire". De croire quoi ? Elle ne répondait jamais. Elle me regardait, sans sourire des lèvres, mais avec son nez. Un nez qui se plissait entre les yeux. Elle était tout. Je faisais le malin, semblant d'avoir compris pour à la nuit encore toucher sa peau.


Je crie en silence. Je n'avais refermé le capot de la descente qu'à moitié et en grimpant sur le pont il ne me rate pas. Cela saigne. Vieux comptes. Vieux amis.

Mais là, dehors. Jamais vu ça.
La coque de ce bon vieux Juan Sabulan vole dans le ciel.
Le voilier est cerné.
On ne voit plus rien que le ciel, en bas, en haut, partout.

Je montre du doigt, j'y crois pas, l'eau noire des mouillages perdus de Patagonie. Je montre le ciel, la même encre qui coule dans la mer. Il y a bien le glacier là, et sa pâleur qui ondule dans la nuit. Je m'en fiche. Je remontre l'eau, lisse comme du chocolat. Et puis le ciel, profond comme mon vertige de Melany.

Chacune, la moindre de ces putains de milliards d'étoiles est tombée dans l'eau, y a fait son double, dans cette eau lisse, pour me dire que je flottais, nulle part ailleurs et partout.

C'est ce qu'elle disait, Melany.

Je ne sais que flotter.

Les folles danses de la matière molle

En réussissant à produire dans un banal ruban de matière molle (silicone) des phénomènes ondulatoires complexes et inattendus (ondes de Dira...