Chronique France Inter (24 déc 2007)
"Le silence de la neige, voilà à quoi pensait l'homme assis dans l'autocar juste derrière le chauffeur. Au début d'un poème, il aurait qualifié ainsi l'état de ses sentiments, de "silence de la neige"... (Orhan Pamuk, "Neige", Ed Gallimard)
foto
La neige n'est pas que de l'eau. C’est une partie de la science, également, cette quête de l’harmonie invisible du monde. A commencer par le flocon de neige, ou « cristal de neige » pas sa forme fragile et si efficace.
Grosso modo, au départ, l’eau du nuage étant faite d’oxygène et d’hydrogène, les atomes respectant un angle de 120 degrés, le cristal de glace forme un petit hexagone comportant 6 atomes d’oxygène, se liant facilement à ses voisins.
C’est de la physique très poétique. Comme demander pourquoi neige-t-il au lieu de grêler… Car La première particule de glace prend, dans le nuage, alors que l’eau devrait être gelée, mais cela ne s’est pas encore produit. On dit que l’on est en saturation. Il peut faire moins cinq degrés C, ou moins dix, moins quinze. Et la neige ne s’est pas encore formée dans le nuage, car il faut des poussières, ou des premiers microcristaux de glace pour « ensemencer » la réaction.
Il suffit qu’un premier grain de glace prenne et alors tout va très vite, par une sorte de contamination. La vapeur d’eau disponible autour des grains de glace s’agrège pour former un solide. En fait c’est une réaction de transformation de vapeur en glace, avec échange minimal d’énergie.
La structure qui se met en place, on appelle cela des dendrites, comme les rameaux d’une branche, correspond à la disponibilité de l’eau, pour cette énergie minimale, respectant la structure en hexagone du maillon de base de la glace… Le résultat est une structure ultra symétrique, qui pousse dans les directions ou elle trouve de quoi s’alimenter, en attrapant au passage la vapeur d’eau disponible.
C'est superbe et en clair, les six branches du flocon poussent aux 6 coins du premier hexagone.
Ensuite on étudie aussi la fonte du flocon pour tenter de prévenir les avalanches, comprendre comment les flocons glissent, par couches. Mais cela une autre histoire…
Il y a aussi les noms de la neige, ches les Inuits
Il y a l’embarras du choix et au printemps dernier j’avais fait une synthèse à partir des dictionnaires inuits
Ce sont des langues très mobiles, adaptées à chaque besoin, autour des racines l’on peut décliner les variables à l’infini. D’ailleurs en fait on ne sait pas dire combien de mots il y a chez les Eskimos pour dire neige, pour en décrire les incessantes variations. Les linguistes ont longtemps dérapé. Disons qu’il y en a des centaines.
nutabaq : poudreuse
qiqsruqaq : neige translucide de dégel
sitxiq : neige en croûte dure
illuktuq : aveuglé par la neige
apiruq : recouvert de neige
piqsiqsuq : averse de neige
apigaa : recouvert de neige
qatiqsubniq : neige ou l'on s'enfonce
auksalaq : neige fondante
aniu : neige tassée
qayuqjaq : neige à surface ondulée
pukak : neige en sucre
mixik : neige très douce
Et puis cette légende, cette parabole du flocon, citée sur le blog « rayon de soleil »
La mésange demande à une colombe, sur la branche, combien pèse la neige. Et elles essaient de compter les flocons, et soudain la branche casse…
A propos de branche, si vous en avez assez de ne pas reconnaître le sapin de l’épicéa, j’ai trouvé un site qui vous parle des arbres à neige, l'épicéa du sapin… C’est facile, vous savez sur l'épicea, les aiguilles sont en spirale, comme sur un goupillon, alors que sur le sapin, elles sont en rangées.
Pour finir, une pensée de Noël pour Jacques Riguidel
Notre écolo qui fait le tour du monde à la voile et en solitaire, notre flocon de neige à nous
A mi-parcours, quelque part au sud de la nouvelle Zélande
Sur son minuscule voilier de 9 mètres sans moteur
Cela paraît banal, mais vous savez dans la course qui a lieu en ce moment dans ces parages, des voiliers abandonnent car leur génératrice d’énergie du bord est en panne. Lui c’est tout à la main, au vent, et aux panneaux solaires !
Alors malgré les tempêtes qu’il a essuyée, et les petits bobos… Le moral est remonté.
Il continue, à son train pépère. Plus que quatre mois ! N’hésitez pas à lui envoyer des messages, des flocons…
Excellent Noël à tous !
LIENS
Cristaux de neige
cristal de neige
formes et avalanches
Noms de la neige
ou sur le Complot
rayon de soleil (conte)
reconnaître les épicéas
Riguidel navigateur écolo en solo
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Les folles danses de la matière molle
En réussissant à produire dans un banal ruban de matière molle (silicone) des phénomènes ondulatoires complexes et inattendus (ondes de Dira...
-
" Un coup de dés jamais n'abolira le hasard " inaugure une nouvelle ère pour la poésie. Stéphane Mallarmé compare son oeuvre à...
-
Capricorne, au stade de larve, n'est qu'un creuseur. Un forçat tout à son festin de bois. Trois ans durant, aveugle, sourd, sans odo...
-
Catherine VINCENT (BLOG et ROMAN) (Le Monde et Le Monde.fr, le 15 juin) Quand la science se fait légère comme un papillon LE MONDE | 14.06.0...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire