11.6.08

Moi-même

"On peut préférer la destruction du monde entier à une égratignure de son petit doigt..."

Citation de David Hume en exergue sur "Mention très bien"

Une question me cingle lorsque je vois passer le torrent des "événements", des informations que nous façonnent médias et sites électroniques, désormais escortés de leur nuages de "commentaires".

 Je suis frappé par les violences de ces réactions, par l'attitude fort répandue qui consiste désormais à marmonner à tout propos un avis, un sentiment, une frustration. Quelle avalanche de scolies, de racontars, de pléonasmes et de venins ! Si ce n'est un phénomène voilà au moins un trait d'époque. Enfin les élites sont à bas direz-vous. Enfin le Populi a sa vox !

Quelle lumineuse obscurité.
Lumineuse car jamais la technologie n'a permis aux hommes d'entrer autant en relation avec d'autres. 
Obscure car de toute évidence les avis de tout un chacun ne sont la plupart du temps éclairés de rien. 

Non je ne vais pas rejoindre cette troupe de prospectivistes, les rangs des Attali et autres de Rosnay, astrologues du prince et du futur mineur, ces usuriers de formules creuses qui du haut de leurs chaires de paille prétendent distinguer les combats à venir en nous psalmodiant qu'ils ont inventé ce qu'ils ont lu ou découvert  à commencer par l'eau tiède.

Je ne vous dirai rien de ma "vision" d'Internet, du Web 2.0 et autres fadaises du moment.

Une question, permettez. Une seule. D'où surgit en chacun de nous cette intime certitude que nos erreurs de "bonne foi" (celle que nous avons tous en nous prononçant malgré toute notre ignorance d'un sujet de s complexité et de ses perspectives) ne sont pas des erreurs mais à la rigueur des fatigues.  Comment puis-je croire que puisque je pense quelque chose cela est assez vrai pour que puisse aller le hurler à la face des autres ? 

Cette époque mérite une analyse. On pourrait la commencer ainsi : L'époque où tout le monde et chacun pensaient avoir raison.

Ainsi, écrivant cette note, je m'interroge. Quelle valeur a-t-elle ? Comment m'inscrit-elle dans le dialogue avec les autres ?

Une réponse ? Mon  sentiment tient dans l'observation suivante : depuis quelques décennies nous voyons s'emparer des tribunes et des micros des catégorie de gens dont la signature est la médiocrité de la pensée : politiques, journalistes, auteurs à succès, sportifs, commerçants, entrepreneurs, acteurs, margoulins, musiciens, médecins, chercheurs, éditeurs. Aucun domaine n'est épargné.

N'importe qui de connu mérite depuis Andy Warhol de donner son avis avec un avantage sur les autres : celui de se trouver derrière le micro. 

Le Web permet désormais à la foule de se venger.
Moi aussi, Moi aussi semblent dire toutes ces voix insignifiantes et colériques. Moi aussi je puis vous infliger du néant.

Quelque part je comprends cette colère. Tant voir Carla, un Levy, un Allègre, un joueur de foot à cheveux longs pérorer dans une émission dite culturelle est un incendie de nos intelligences !

Tenez je me joins à vous, peuple vociférant. Moi aussi j'y vais de mon fiel. Et je proteste contre le Ciel qui ne m'a point fait dieu ni gourou.

Le soleil se lèvera-t-il demain ? Avec Hume je prétends que non. Et c'est peut-être ainsi que viendra la lumière.








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