13.6.08

Je suis ce temps

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Je ne dois pas être le seul, mais nous sommes discrets, à considérer que le temps n'existe pas.
Pas au sens commun. Aucun "fluide" aucun espace, aucune donnée ne caractérise le temps.
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Ne me faites pas dire que la pratique du temps n'existe pas. Les êtres utilisent et déploient un sillage que l'on désigne par temps, qui s'applique de manière différente certes mais aussi bien au déroulement des phénomènes (naissance, mort, croissance, dépérissement, durée, récurrence) qu'à leur perception (conviction d'un passé, attente d'un à venir)

Ces choses qui permettent de définir le temps ?
- la notion de passé, d'avenir (construction subjective et utilitaire du réel par notre conscience) propre à notre "être".
- le phénomène (comparaison d'évènement pour en déterminer une caractéristique supplémentaire dans l'espace). Le temps de la goutte d'eau qui tombe n'existe pas. Là encore c'est l'observateur qui le crée, à travers son "intention" de définir le phénomène.

Nous sommes temps.

Nous sommes des horloges, comparons ce qui nous entoure en une matrice désignée par "sensations". Notre intention, notre être y est inclus et détermine la temporalité comme une tentative pour rendre le monde "habitable" par celui que nous sommes.

Voir sur PhiloMag :


Edmund Husserl et la mélodie du temps

En décrivant l'audition d'une mélodie, le philosophe allemand montre comment la conscience donne un sens à la succession de notes perçues. Il établit ainsi que le présent est le passage du passé vers le futur.

Par Blaise Bachofen

Edmund Husserl, dans la Phénoménologie de la conscience intime du temps, rappelle un problème posé par saint Augustin dans les Confessions. Lorsqu'on commence à réfléchir sur ce qu'est le temps, on a le sentiment que celui-ci n'existe pas : le passé n'est plus, le futur n'est pas encore et le présent disparaît à mesure qu'il apparaît. Pourtant, nous nous représentons bien le temps, nous avons conscience de sa fuite, nous en organisons méthodiquement l'emploi. Comment résoudre ce paradoxe ? Augustin répond qu'il faudrait plutôt parler d'un « présent du passé », d'un « présent du présent » et d'un « présent du futur ». Et comment le passé et le futur peuvent-ils être « présents » ? Ils le sont comme objets de pensée : souvenir ou attente.
Le philosophe allemand prolonge cette analyse, posant ainsi certaines des bases essentielles de sa philosophie de la conscience. De façon générale, croire que la conscience ne fait qu'enregistrer passivement des réalités objectives, c'est se tromper sur notre rapport aux choses. En réalité, la conscience est active, elle est « intentionnalité ». Elle se « tend vers » les choses, les saisit dans ses filets. C'est vrai de la perception des objets dans l'espace : la conscience sélectionne les éléments significatifs et découpe des formes globales sur un fond rejeté à l'arrière-plan. Mais c'est vrai aussi de notre conscience du temps. Dans le présent de la conscience, quelque chose du passé est « retenu », sans être pour autant confondu avec le présent perçu (c'est la « rétention », qui est une forme de projection vers le passé, donc d'intentionnalité) ; de même, quelque chose du futur est à chaque instant anticipé, comme une suite du présent déjà en gestation dans la conscience. Quant au présent, il n'est pas un simple instant sans épaisseur, puisqu'il est le passage à travers lequel le passé se projette dans le futur. Husserl le montre en décrivant l'audition d'une mélodie. Si les notes qui se succèdent étaient seulement perçues successivement, dans l'instant de leur apparition objective, elles n'existeraient pour nous que comme des réalités isolées : nous ne ferions l'expérience que de la monotonie, au sens exact du terme (mono-tonos, « un seul son »). Chaque note sonnerait dans sa solitude, avant d'être oubliée et remplacée par une autre.

Écouter de la musique, c'est précisément entendre un rapport entre des sons. Les sons ont une valeur esthétique parce que nous suivons la petite histoire de leur cheminement (du grave vers l'aigu, du lent vers le rapide, du ténu vers le tonitruant, etc.). Et ce rapport est temporel : les variations sont perçues à condition que les différentes notes soient à la fois distinctes (séparées par leurs positions respectives dans le temps) et liées (donc toutes « présentes » en même temps à la conscience, qui peut ainsi les comparer). L'intentionnalité de la conscience, qui opère cette synthèse de l'unité et du divers dans le temps, permet ainsi d'échapper à la monotonie, mais aussi au chaos de notes qui se présenteraient toutes confondues, écrasées dans un présent sans durée. Une conscience passive et mécanique ne connaîtrait que la monotonie ou la cacophonie, elle ne ferait jamais l'expérience de la plus simple des mélodies.

Conscience
Faculté de posséder des représentations mentales (perceptions, concepts, souvenirs, images fictives, sensations et sentiments). Elle est ce par quoi nous pensons le réel et nous-mêmes, ce par quoi nous en avons une connaissance plus ou moins claire, plus ou moins exacte.

Intentionnalité
La projection de la conscience dans des objets qu'elle met en forme est, selon Husserl, sa caractéristique fondamentale. Non seulement elle est ce qui rend le réel pensable, mais elle est ce qui donne vie à la conscience elle-même (il n'y a pas de pensée « pure » sans objet de pensée).



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