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« Terrebis », « Bio 2 », « Gaia sœur », surnommez-là comme vous voulez : les équipes de trois laboratoires français associés au CNRS (voir note), l’observatoire de Genève (Suisse) et le Centre d’astronomie de Lisbonne (Portugal) annoncent ce 25 avril 2007 avoir détecté une planète étrangement semblable à notre Terre « 1 ».
« Terrebis » (écouter :entretien Alain Cirou avec Michel Mayor ICI) se situe dans un cortège de planètes orbitant autour d’une autre étoile que notre soleil. Cela en soi n’est pas une « première », puisque le compteur international officiel de telles planètes découvertes autour d’autres astres de la Voie Lactée (notre galaxie) a déjà dépassé les 200 unités (227 au catalogue officiel, avant cette nouvelle découverte. Non la vraie nouveauté, révolutionnaire, de ce travail, c’est l’annonce que ce soleil, Gl581 de son petit nom scientifique, éclairerait une planète de type fort comparable à notre Terre en termes de dimensions, de masse et de température. Et non pas une « géante » de gaz, du type de Jupiter, ce que l’on observe usuellement lorsque l’on traque ces planètes lointaines de notre galaxie. Potentiellement « Terrebis » est solide, et suffisamment froide pour receler de l’eau liquide. Elle est donc « habitable », au sens astronomique et géologique du terme. En fait « comparable » à notre Terre serait plus rigoureux et l’enthousiasme des commentateurs est peut-être un peu trop... brûlant. Mais qu’en est-il exactement ? Cette planète « terrienne » est donc en orbite autour de la naine rouge Gl581, un type d’astre banal (80 % des soleils dans notre région du cosmos) et l’une des cent étoiles les plus proches de notre système solaire. A 20,5 années-lumière, tout de même (notre soleil est à 8 minutes lumière). Les naines rouges sont des cibles privilégiées pour la recherche de planètes candidates au titre d’« habitables » par les astronomes. En effet, ces étoiles étant relativement peu lumineuses, les planètes orbitant à proximité sont alors plus facilement détectables. Lorsque les soleils sont trop puissants, les instruments d’observation sont "aveuglés". « Terrebis » , si elle devient la moins massive des planètes extrasolaires connues à ce jour, n’en est pas pour autant pour nous un lieu « inconfortable » : elle « pèse » cinq fois la Terre et tourne autour de Gl581 en 13 jours ! Pour une masse de ce genre, les modèles des astronomes prévoient une constitution rocheuse (comme pour la Terre), ou alors une surface recouverte par un océan. Son rayon serait 1, 5 fois supérieur à celui de la Terre et la gravitation 2,2 fois plus intense. « Terrebis » est en tout cas la première à posséder à la fois une surface solide ou liquide avec une température moyenne sans doute voisine de celle qui règne par ici, entre 0 et 40 degrés C. Cette planète va devenir la cible privilégiée des prochaines missions consacrées à la recherche de vie extra-terrestre, notamment avec le satellite européen DARWIN. Une autre planète orbitant en 5,4 jours autour de l’étoile Gl581, et de la masse de Neptune, avait déjà été découverte en 2005 par la même équipe. En même temps que la planète habitable, ces chercheurs ont également mis en évidence une troisième planète, d’une masse 8 fois supérieure à la Terre et orbitant en 84 jours. Le système solaire de Gl581 est donc constitué d’au moins 3 planètes. Pour ces observations, les chercheurs ont utilisé un spectrographe de nouvelle génération, installé au foyer du télescope de 3,6 mètres de diamètre de l’ESO à La Silla, au Chili.
Note : Les trois laboratoires français sont : Le LAOG, Observatoire des sciences de l’Univers de Grenoble (CNRS/Université de Grenoble 1) ; l’Institut d’Astrophysique de Paris (CNRS/Université Paris VI) et le Service d’Aéronomie du CNRS, Verrières le Buisson (CNRS/Université Paris VI/Université Saint-Quentin). Note : Pour en savoir plus et voir l’animation : http://www.eso.org/outreach/press-rel/pr-2007/vid-22-07.html
Le contexte :
Michel Mayor et Didier Queloz, deux astronomes suisses de l’université de Genève, ont allumé la mèche en octobre 1995. Urbi et orbi, ils ont annoncé la découverte d’une planète évoluant autour de l’étoile 51 Pégase, 51 Peg pour les intimes, dont ils font partie. Une géante de gaz, bien plus massive que notre Jupiter, qui trahit sa présence en faisant trembloter l’étoile à 50 années lumière de notre bonne vieille terre.
Dès lors, ce fut la ruée. Alors qu’auparavant, on riait de ces illuminés qui traquaient les planètes, désormais, tous les grands télescopes du monde comportent un programme de recherche de planètes lointaines, celles qui flottent parmi les dix milliards de soleils de notre galaxie. Dix ans après la découverte de 51 Peg, quelques 208 soleils dotés de planètes ont été recensés (catalogue de Jean Schneider, observatoire de Paris-Meudon), des images directes ont même été obtenues, notamment par le télescope spatial infrarouge Spitzer de la Nasa. Les techniques se raffinent et cernent aujourd’hui des planètes de plus en petites, solides, presque comparables à la nôtre. Un objet « à peine» cinq fois plus massif que la Terre a ainsi été découvert par les astronomes français de l’Institut d’Astrophysique de Paris (IAP) début 2006. Et puis cette "Terrebis" est arrivée, avec à peine 3 fois le poids...
Sans eau, pas de vie. Où sont les sources d’eau dans l’univers ? Sur les planètes ?
Pour que la vie se développe sur un astre, l’eau - celle que nous buvons ou qui remplit nos océans - est indispensable, estiment les exobiologistes comme François Raulin (Université Paris 5 et CNRS), spécialiste de Titan. De l’eau liquide, qui plus est, comme sur Terre. Plus loin du soleil en effet, elle est solidifiée en glace, comme sur Mars, et trop près, la vapeur détruit les molécules complexes, comme on peut le voir sur Vénus.
Mais d’où vient cette eau ? En quelques années, l’analyse de la glace des comètes, boules de neige sales qui croisent dans le système solaire, et l'observation des milieux interstellaires par télescopes infrarouges (satellite européen ISO) ont complètement changé le point de vue des astronomes. On croyait hier que l’eau était dans le sous-sol des planètes. On sait désormais qu'elle vient du cosmos, qu'elle est élaborée lors des derniers spasmes d'étoiles géantes rouges, qui la dispersent dans le vide en explosant. L'eau devenue glace s'agrège alors à des poussières dans des nuages interstellaires. "Il y a de l'eau partout, en abondance dans l'univers"" estime ainsi Gary Melnick, du Centre d'astrophysique Harvard-Smithsonian aux Etats Unis, l'un des spécialistes de cette quête des robinets du cosmos.
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