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Les types du DARPA, l'agence de financement de travaux recherche "hightech" du Pentagone ont le dollar et le délire qui déborde de leurs poches. Comme le signale Pisani (voir liens) sur son blog, ils viennent de lancer une invitation, genre d'appel d'offre pour la conception de robots "liquides", ou tout comme, capables de se glisser sous votre peau, ou derrière les murs, pire que les poux de la Stasi. Au cas ou vous seriez bricoleur, et ami de l'oncle Bush, voici un extrait :
"...the Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) is seeking innovative proposals to develop Chemical Robots (ChemBots): soft, flexible, mobile objects that can identify and maneuver through openings smaller than their static structural dimensions; reconstitute size, shape, and functionality after traversal; carry meaningful payloads; and perform tasks. ChemBots represent the convergence of soft materials chemistry and robotics to create a fundamentally new class of soft meso-scale robots that can perform the following key unit operations in sequence...
Je profite de ce (con)texte pour glisser ici un texte que j'ai commis voici une paire d'années, à propos des nanotechs et du Prince Charles. Tiens et il est passé où, celui-là ?
Les mini-machines mangeront-elles le monde ?
Faut-il avoir peur des robots ? La question peut se poser, puisque le Prince Charles semble faire à leur propos des cauchemars peuplés de créatures voraces. Sa britannique altesse s'inquiète en effet publiquement depuis des semaines des réflexions émises par des observateurs de la technologie (notamment celles de l'etc group (1), au Canada). Selon leurs analyses, les nano-robots (2), bien plus minuscules que des grains de riz, que nous concoctent ici et là les laboratoires de recherche des, pourraient bien dans l'avenir échapper à tout contrôle de leurs créateurs... Et partant, s'en aller dévorer d'un bel appétit tout ce qui les intéresse à la surface du monde.
Qui sont ces créatures ? Ce sont de mini-esclaves, des ouvriers du minuscule ouvrant dans les domaines de l'électronique, de la biologie, des matériaux. Elles sont en gestation au MIT de Boston, à l'université de Stanford, mais aussi en Europe (1,3 milliards d'Euros), en France, où un programme de recherche sur les nanosciences doté de 12 millions d'Euros bat son plein. Elle ont par exemple la taille d'un gros microbe, d'une cellule (un millième de millimètre par exemple) et sont taillées dès le départ pour accomplir des fonctions très précises, comme «coller» des atomes, ou trier des virus. Dans le futur ces engins surgis du monde de Liliput seront, nous dit-on, capables de quantité de petits boulots, comme nettoyer nos artères, peindre les voitures, échafauder des circuits électroniques ultra-complexes, arracher les mauvaises herbes, ou gendarmer les acariens de la moquette. Mais ils seront aussi conçus pour se reproduire automatiquement, afin que leurs tâches soient assurées jusqu'à la fin des temps (ou de l'abonnement de l'utilisateur). C'est là que la chose grippe. Car pour se dupliquer, se photocopier, en quelque sorte, ces diablotins utiliseraient du carbone (la matière de leur structure-squelette) disponible dans l'environnement de la planète. Et si ces minuscules deviennent soudainement immensément débiles, où si l'on a oublié un détail, il se pourrait qu'ils s'emballent, disjonctent, et se prennent d'une frénésie d'auto-reproduction et de multiplication telle qu'ils consommeraient le carbone de la Terre jusqu'à épuisement du stock. Résultat notre belle planète se verrait inexorablement transformée en une masse de gelée grise, (grey goo en anglais), infâme rebus de tout ce qui n'intéresserait pas les ravageurs mécaniques. credit photo
Cela fait beaucoup de si, dira-t-on. Mais merci au prince Charles de nous avoir prévenus. L'opération communication sur cette nouvelle menace en tous cas, est un succès. L'antienne est reprise par la presse britannique depuis des semaines. Mais voici que dans le dernier numéro de L'Écologiste (juin 2003), la version française du journal dirigé par Edouard Goldsmith, un scientifique bien de chez nous, Jean-Pierre Dupuy, un «X-Mines», professeur de philosophie à l'École polytechnique (et à Stanford), et auteur de «Pour un catastrophisme éclairé» (Ed. du Seuil) s'alarme également de la chose, dans un article intitulé «Le risque inouï des nanotechnologies, l'écophagie».
D'abord notre analyste confirme que les nanotechnologies «devraient avoir des applications dans à peu près tous les secteurs de la vie privée, économique, industrielle et sociale». Elles offriront de mettre au point des ordinateurs, des véhicules, des médicaments bien plus complexes et performants.
«Je fais le pari qu'entre 2020 et 2040, les technosciences seront pour l'essentiel dominées par les nanotechnologies. Le mouvement est déjà en marche, le principal argument étant que les nanotechnologies sont les seules qui pourront contourner les difficultés immenses que nous allons rencontrer dans un avenir proche : l'épuisement des ressources fossiles et minières, les effets catastrophiques du réchauffement climatique, la «tiers-mondialisation» accélérée de la planète», expliquait-il également à un congrès de prospective organisé au Sénat (3) en octobre dernier.
Jean-Pierre Dupuy ne croit pas à cette grande bouffe du carbone planétaire par des milliards de milliards. «Les nano-engins se nourrissant de carbone pour leur auto-réplication, ils pourraient, suite à un accident, manger toute l'écosphère... Dieu merci, ce risque a été évalué comme infinitésimal», explique-t-il.
Par contre, il pressent un risque proche, connexe, celui d'une intention maligne, qui pourrait «aider» les machines à sombrer dans une soudaine folie, un risque qui voisine avec celui de la dissémination. «Les milliards de dollars dépensés de par le monde participent d'une nouvelle course aux armements. Les armes NBC (nucléaires, biologiques et chimiques) seront aux armes nanotechnologiques ce que la fronde fut à la bombe d'Hiroshima. La dissémination sera inévitable, et une structure dissuasive de type MAD (destruction mutuelle assurée) impossible à mettre en place, dans la mesure où chacun pourra espérer se débarrasser de son ennemi par une première frappe».
Des scientifiques assurent eux, que le risque est encore ailleurs. Dans les risques sanitaires que pourraient nous faire courir ces technologies trop rapidement mises en oeuvre.
«Les vrais perdants seront peut-être les industries qui se lanceront dans ces programmes de nanotechnologies. Quelques années plus tard elles devront assumer et payer le prix de l'impact sur l'environnement et la santé du public de toutes sortes de technologies dont on aura mal évalué les conséquences» prévenait pour sa part Vicki Colvin de la Rice University, dans un témoignage devant le Congrés américain.
(1) www.etcgroup.org
(2) Nano est le préfixe qui désigne le milliardième de mètre -nanomètre), soit le millionième de millimètre.
(3) www.prospective.org
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