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Si. Elle l'a dit. Ségolène Royal, candidate aux affaires présidentielles pour le compte du PS, a déclaré dimanche que son dernier message avant le premier tour serait un appel au "vote conscient" des Français (Reuters, dimanche 15 avril 2007).
Je m'excuse et me permets d'imaginer que tous ces candidats causent à mon conscient et non pas à mon inconscient. Ou alors SR est-elle en train de suggérer qu'il y aurait une part de vote inconscient ? Mon cerveau voulu disponible par la télévision serait-il encore sur la sellette ? Me voici embarassé de tous mes neurones. Et je ne sais pas vous, mais moi cela me conduit à me demander comment mon cerveau décide, finalement, dans tout ça. Car si mon inconscient prenait le pouvoir sous mon crâne et dans l'isoloir, je lui en voudrais. Un peu. Beaucoup. A la folie. Ah la vache, imaginez. Si vous, les 44,5 millions de membres du corps électoral de notre beau pays, pour raison solaire, partiez tous subitement à la pêche, aux galets de la plage mâchouiller des caramels d'Etretat, au muguet, à tondre la pelouse ou que sais-je et que je me retrouve là tout seul, dans mon isoloir, à décider à qui il faut confier la boutique pour ces prochaines cinq années ? Ne me faites pas ça citoyens, hein ! Mais j'en vois déjà qui rigolent, près du radiateur. Alors au cas ou, réflechissons. Comment décide-t-on, déjà ?
Pour les spécialistes (si, il y en a), les théories de la décision se regroupent en cinq grandes catégories : rationalité, psychologie du décideur, contraintes, contexte, compromis.
Bon. Rationalité, de préférence. C'est mon karma. Dans le modèle "rationnel", ainsi, une décision est établie par la comparaison rigoureuse entre les solutions possibles. Ca suit, près du radiateur ? On soupèse, mesure les risques et les conséquences probables de chaque solution, pour garder celle qui présentait le compromis le moins mauvais.
Le problème, c'est que comme Napoléon à Waterloo, on ne possède jamais une connaissance absolue de la situation. Faut fair confiance. Et puis être entouré. Et encore les intérêts personnels (égoïsmes) interfèrent. Certains décideurs peuvent avoir des intérêts divergeant avec ceux du groupe... Genre le type qui vous dit un truc et en pense un autre, ou ne vous annonce que les bonnes nouvelles, pour se faire bien voir. Méfiance.... On parle donc de rationalité "limitée". Voire très limitée, forcé.
Toujours pour la rationalité, il y a aussi une "politique" de la décision. On intègre le contexte à la décision. L'intérêt de pouvoir peser à long terme par exemple. Il faut parfois savoir perdre pour mieux gagner la fois suivante. Non je ne pense à aucun candidat en particulier. C'est rien que des hypothèses.
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Mais malgré toutes les théories, au final le décideur est seul, disent les livres. Je savais que cela finirait comme ça.
Seul face à des trompe l'oeil, des mirages. Ce que les "vendeurs de voitures ou d'encyclopédies connaissent bien, pour vous refiler leurs vieux coucous, et que les psychologues appellent les "biais de la décision". Oula. Et les pièges cognitifs, figurez qu'il y en a. Des tonnes et des caisses. Je vous en livre un bouquet, fort partiel :
L'ancrage mental : la difficulté à se séparer d'une (première ou superficielle) impression
Le biais culturel : je ne juge qu'à partir de mes seules références.
Le biais de confirmation : j'ai déjà une idée toute faite, et je cherche à la vérifier. Par exemple, je sais que dans la jarre il y quatre boules noires et une blanches. A chaque tirage au sort, je prévois une noire, sauf tous les cinq tirages où je considère qu'une blanche a plus de chances de sortir (ce qui est faux).
Le biais d'autocomplaisance : j'amplifie les éléments favorables, je réduis les défavorables. Cette télé m'a coûté cher, et le crédit dépasse mes capacité, mais l'écran est tellement bien...
biais d'égocentrisme : j'augmente mon implication dans la décision, au-delà de ce qu'elle représente en réalité.
L'effet wagon (sacré Panurge) : je choisis une option car les autres l'ont choisie.
Le biais d'aveuglement : je sais que les autres sont biaisés, mais moi non.
L'effet leader : le fait de considérer le choix de quelqu'un comme une référence à suivre
Le biais de proximité : je connais personnellement quelqu'un de directement concerné et cela affecte mon jugement
L'effet de contraste : un argument frappant (émotionnel) vient éclipser les autres. Un pépé dépouillé dans sa pauvre maison, par exemple.
Le biais professionnel : je juge comme je le ferais dans mon métier
Le biais de possession : je trouve plus de valeur à ce qui m'est familier, que je possède déjà.
L'effet loupe : j'accorde trop d'importance à un argument de détail, et je néglige les autres.
l'hyperbole : je recherche des résultats à court terme plutôt qu'à long cours
L'illusion de contrôle : dans telle situation, je serai plus à même de concilier les intérêts avec les contraintes globales. Souvent une vue de l'esprit.
Le biais d'impact : surestimer l'impact émotionnel du changement
Le biais de surinformation : je prends en compte des détails inutiles pour ma décision.
La crainte de la perte : je ne souhaite pas changer de l'ancien familier pour du nouveau, inconnu
Le refus des statistiques : face à une situation compliqué et défavorable, j'agis à l'encontre des chiffres, pour les contester.
Le biais d'omission : je choisi l'inaction, car je la trouve plus "morale" que l'action
Le biais de conséquences. je néglige de considérer les conséquences de ma décision, alors qu'elles sont connues.
La rationalisation a postériori : se convaincre qu'on a pris la bonne décision une fois qu'ellee a été prise, pour se soulager.
L'effet de pseudo-certitude : je choisis la solution qui me semble juste, mais je perçois mal les chiffres. Une épidémie éclate. Six cents personnes sont menacées de mort. Le remède A peut sauver 200 personnes. Le vaccin B, lui peut être appliqué à tous, mais il y a deux malchances sur trois de ne sauver personne et une chance sur trois de sauver tout le monde. Des tests ont montré que près de 75 % des sondés choisissent la stratégie A, alors que c'est la B la plus "efficace".
L'effet de sélection : je ne considère que certains éléments du raisonnement et pas d'autres (que j'écarte soigneusement, avec dédain).credit photo
Le biais de précipitation : j'ai hâte de décider, alors je décide avant d'en avoir fini avec mes réflexions.
Les limitations perceptives : je rejette ce qui n'est pas familier, ou ne correspond pas à mon expérience passée.
Le biais optimiste : je vois la vie en rose
L'effet mémoire : je donne un poids inconsidéré aux arguments récents (ah cette actualité trépidante).
Le biais de répétition : je fins par croire que les arguments que j'entends le plus souvent sont vrai (matraquage)
L'effet "rôle" : je me conforme à la décision que j'imagine la plus valorisante pour moi, à mes propres yeux. Ou que j'imagine que les autres attendent de moi.
L'effet von Restorff : pour une raison ou une autre (inconsciente ?) je privilégie un argument par rapport à d'autres.
Le biais du risque zéro : je m'acharne à réduire à zéro l'un des paramètres, en faisant mine de ne pas m'apercevoir que l'essentiel est ailleurs (comme ce type qui achète une voiture de luxe en discutant comme un acharné une option à 50 euros)
Bon le biais zéro, ça me va bien. Je vais me concentrer sur celui-ci.
Les autres, je vous les laisse. Il doit bien y en avoir un par électeur, non ?
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