Vrai de vrai. En ce moment, il y a le rugby et son ballon imprévisible. Mais je vais d’abord tenter de vous entretenir de l’étrange trajectoire des mots. Un peu de poésie :
Il y a une horloge qui ne sonne pas.
Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.
Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.
Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend le sentier en courant, enrubannée.
Cet extrait de Rimbaud, s’appelle Enfance et se trouve sur le site consacré aux techniques d’écriture du poète.
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Mais je vous livre ça surtout parce que les mots, parfois ne sont pas que des mots. Les mots, on peut leur faire faire un peu de science.
A propos, savez vous ce que Rimbaud vient de faire ?
Une anaphore. Une anaphore selon l’encyclopédie en ligne Wikipédia, est un mot ou un syntagme qui, dans un énoncé, assure une reprise sémantique d'un précédent segment appelé antécédent.
Tenez, au hasard des anaphores, Nicolas, notre président, en fait des tonnes. On pourrait même dire que c’est sa marque de fabrique, à notre président. Le plus célèbre de ses discours à anaphores étant celui de Dijon, pendant la campagne électorale, au lendemain du premier tour.
Je le cite :
… pourquoi tant de haine ?
Oui, pourquoi tant de haine ? Parce que je parle de la France ? …
Pourquoi tant de haine ? Parce que je dis que dans l’identité française il y a des valeurs qui ne sont pas négociables ? …
Pourquoi tant de haine ? Parce que je n’accepte pas la repentance ?…
Pourquoi tant de haine ? Parce que je dis que tous les Français n’étaient pas pétainistes ?
Pourquoi tant de haine ? Parce que je dis que tous les colons n’étaient pas des exploiteurs ?
Etc, etc …….
J’arrête ici. Au total, « Pourquoi tant de haine ? » sera répété 46 fois… Une sorte de record hyperactif et mondial de l’anaphore, quoi.
Si des décomptes de ce genre vous intéressent, plusieurs centaines de discours complets de nos politiques de tous bords figurent sur le blog « Technologies du langage » de Jean Véronis, à l’université d’Aix en Provence.
Ce linguiste et informaticien nous précise que ce truc de langage est caractéristique de l’écriture ’Henri Guaino, l’une des fines plumes officielle du candidat Sarkozy.
A quoi cela sert-il d’étudier et d’observer cela ? Par exemple à analyser l’intention de celui qui a rédigé le texte. Ou alors à identifier les valeurs mises en avant, à cerner leurs évolutions, des ruptures, mais aussi à différencier des stratégies de discours.
Bref à trouver des indices supplémentaires, et parfois révélateurs.
Par exemple, on repère assez facilement que Jacques Chirac utilisait « naturellement » avec une grande densité, et d’autant plus qu’il était à court d’arguments pour asseoir le « naturel » de sa démonstration.
C’est un peu comme ce tic de langage, qui annonce que vous êtes nerveux, ou sous pression, ou alors carrément en train de baratiner.
Autre exemple, parmi les quatre principaux candidats du printemps dernier, on découvre que c’est François Bayrou qui reprend l’usage de ce « naturellement » : 45 fois tous les cent mille mots, contre moins de dix à Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
Alors pour ce qui est du rugby je vous signale, parce que je l’ai appris ce week-end que lorsqu’ on dit « en avant » au rugby cela ne veut pas dire « allez on y va les petits», Nonnn ! Et non ! Cela signifie qu’un joueur a passé la balle à un autre dans le mauvais sens. Et au cas où vous reviendrez de vacances sur la planète Mars, sachez que la règle sacrée, au ballon ovale, c’est de faire la passe en arrière. Si vous passez en avant, l’arbitre siffle une mêlée. Enfin je crois…
Oui mais c’est là que rien ne va plus. Car si vous regardez votre écran de télé de très près, vous verrez que lorsque le joueur A envoie la balle au joueur B, qui est en arrière, et que les deux courent vers la « Terre promise » du camp adverse (C’est pas un joli mot nom ça, la terre Promise » ?) , et bien physiquement, la balle en fait, elle va tout de même en avant, puisque les deux joueurs courent en avant…
Si vous ne me croyez pas, j’ai trouvé une vidéo, sur YOUTUBE, avec mise en place d’un repère orthonormé sur le gazon, des joueurs qui se font des passes académiques, pour l’expérience, et vous explique tout ce que vous n’avez jamais osé vous demander sur l’art et la manière de transmettre un ovoïde récalcitrant sous la menace inertielle d’un quintal de muscles en short fonçant droit sur vous.
J’ai aussi débusqué un site qui reprend en détail les descriptifs des musculatures des joueurs de rugby, la capacité comparée des gros, des petits et des grands joueurs à séduire les femmes, et les progrès réalisés dans ce domaine en quelques années.
Sur un autre blog, on nous révèle que le poids moyen d’un avant sudafricain est de 113 kg, d’un australien, de 111 kg et d’un français de 106 kg seulement.
Voilà où il nous reste des progrès à faire… Etre gros et efficace ou affiché sur des calendriers, nos bleus doivent choisir…
Mais désolé, je cherche toujours désespérément le site qui expliquerait comment rebondit cette p….de ballon de rugby. J’ai juste trouvé des forums où des scientifiques sont en plein débat et en désaccord sur le système d’équations à mettre en place pour évaluer comment le ballon fuse après le rebond. Il paraîtrait en fait que cela n’est pas modélisable.
Voilà au moins un sport qui résiste à la science et qui fait de la poésie.
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Liens cités :
.... Blog: technologies du langage....
.... Rimbaud et l’art de l’anaphore....
....Lexique littéraire....
.... VIDEO (en anglais) Rugby : Passe en avant....
.... Rugby : Les corps les plus séduisants, les plus performants
....
.... Rugby : Evolution des corps des joueurs
....
.... Le ballon ovale peut-il accélérer ?....
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4 commentaires:
Je propose que l'on tartine le ballon de confiture afin de prédire plus facilement où il va retomber, qu'en pensez-vous ?
Catherine S
Pour info j'avais fait en 2003 une simulation en flash de rebond de ballon de rugby
voici l'adresse:
http://www.flash-france.com/fla.php?op=viewfilm&film_id=432
Pour info j'avais fait une simulation en flash de rebond de ballon de rugby
voici l'adresse
http://www.flash-france.com/fla.php?op=viewfilm&film_id=432
Il manque toujours la confiture !
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