5.12.09

La faute à Lucio


(Nouvelle)
Texte et photo ©PL


- Ciao Lucio.

- Tiens, ma grosse Carlitta.

- Ne m'appelle pas comme ça, sinon je te traite de prostate !

Comme sa femme pénétrait dans la cuisine, Lucio abandonna les miettes de son petit-déjeuner et se faufila par la porte de la cour histoire de parer à toute convocation à un quelconque labeur.

- Je vais travailler. Si on me demande je n'y suis pour personne, racla le fond de sa gorge.

- C'est ça, trompetta Carla.

Malgré ses cinquante hivers, Lucio Noga demeurait un sacré farceur. Car en manière de gras, entre sa femme et lui, la couche était de toute évidence de son côté. Le pitoyable barbu avait le profil d'un tonneau, un petit tonneau de bière puisque c'est dans ce breuvage que le sarde noyait ses journées.


En dépit de la petite pluie froide de novembre Lucio traversa la cour crottée de l'ancienne ferme en pantoufles. Des gonds couinèrent comme cochon que l'on égorge. Lucio se promit de graisser la porte de métal un de ces jours. Il se jurait cela chaque matin que faisait le soleil depuis quinze années. Puis il se mit de profil, trébucha sur une caisse vide échouée là et s'engouffra dans son antre. L'atelier. Ainsi désignait-il le hangar de tôle rouillée où il aimait se tapir, cerné d'un chaos de déchets, d'inutiles lecteurs de cassettes tombés de camions deux décennies plus tôt, d'un monceau de fusils à eau ne pompant plus, de corbeilles à fruits en rotin moisi, de piles de pellicule pour caméra 8mm à double perforation. Tout un fatras dont même un vide-grenier n'eût pas voulut. Dans cette caverne, coupé d'un monde dont la rumeur ne lui parvenait qu'assourdie par un revêtement constitué d'emballages à oeufs, d'un camaïeu de chutes de moquettes de couvertures puantes et miteuses, Lucio se sentait à l'abri des reproches de son épouse aussi bien que des cataractes de sa propre amertume.


Atelier encore car Lucio se rêvait sculpteur. Pour son alibi chaque jour agitait-il ainsi quelques minutes une meuleuse, un marteau, un burin et soulevait-il des poussières de marbre. Le caillou qu'il torturait depuis des lustres était l'oeuvre de sa vie.


Le reste de sa longue journée, Lucio et son vieux jogging informe se vautraient sur un squelette de canapé, asséchant des packs de bières, ronflant par le nez ou l'anus comment savoir, contemplant d'un oeil léthargique le téléviseur posé à même le lino couvrant la terre battue. Lorsqu'une créature dénudée passait à l'antenne (ce qui en Italie est plus fréquent qu'ailleurs) la fréquence cardiaque de Lucio trouvait soudain de vertigineux et dangereux sommets. C'est que le gros italien se masturbait avec frénésie. Une hyper-activité pavlovienne aussitôt couronnée de siestes à peine méritées.


Non, c'était le soir venu que l'artiste vibrait. Jean, bottes, blouson de cuir, casquette, et voilà que le sculpteur faisait pétarader la Harley Davidson qu'il avait l'année précédente par hasard gagnée aux enchères sur Ebay. Tremblant du ventre et des joues Lucio sur son tracteur filait au bar de la gare, le Moulin Rouge. Il y retrouvait la brochette de bons à rien de Sassari avec lesquels il passait ses soirées sur le modèle des journées : bière et télé. La variante reposait sur le football et peut-être quelques insultes à destination de joueurs aux noms de poissons. Lorsqu'il s'en retournait, en général un peu après une heure, il prenait soin de passer par les rues les plus endormies de la ville sarde, afin d'y réveiller le peuple des corniauds, jouait un peu à faire quelques lacets sur la route, puis remisait sa créature au centre de l'atelier, sous une bâche. Non sans l'essuyer et l'épousseter. Depuis que Rasta, sa dogue allemande avait été écrasée par la chute d'une enclume approximativement remisée sur une étagère, cette mécanique était son amour. Lucio lui avait même déniché un petit nom terrible : "Hululu".




- Aujourd'hui est une journée historique, hurlait d'excitation le journaliste scientifique. L'abruti à grosses lunettes qui présentait Big Bang, l'émission scientifique la première chaîne de la Rai, avait l'air enfermé dans une sorte de tunnel. Aujourd'hui nous allons mettre en marche le Super-collisionner de Hadrons, le LHC du Cern à Genève. Et nous allons connaître les secrets du temps et de la gravitation, partir à la conquête du boson de Higgs que les physiciens appellent encore la particule des particules, ou la particule de Dieu. L'ultime pièce manquante de la théorie de l'univers. Et vous savez quoi ? Tenez-vous bien..."

Inconsciemment Lucio s'agrippa à l'accoudoir du canapé taché. L'animateur aux cheveux teint et à la mine bronzée reprit son souffle, en exhibant des dents trop blanches pour être naturelles.

"C'est une physicienne de notre pays, oui une italienne, qui dirige Atlas, la principale expérience scientifique qui aura lieu. Que dites vous de ça".


C'est à ce moment que Lucio se redressa et fit couiner les ressorts du canapé. Une impulsion nerveuse venait de transpercer son corps pour aller s'éteindre dans son pénis. Cette femme, cette Fabiola Mastino. cette grosse tête était magnifique. Non seulement ella avait l'air géniale, avec des yeux pétillants et une voix qui faisait de sa vie une publicité pour le bonheur mais les gestes généreux de ses bras produisauenst les palpitations indécentes de sa poitrine. C'était comme si Lucio en sentait la volume et la tiédeur, et l'énormité dans sa main. Cette femme allait percer le mystère de l'espace temps. La nouvelle Galileo Galilei. Mais avec un bonnet de 100C. Magnifico !


Puis la physicienne créature (incroyable, une femme habillée autrement qu'en minijupe et cuissardes restait à l'antenne plus d'une minute et cela à la télévision italienne) appuya sur un clavier d'ordinateur et tout autour d'elle, dans la ce qui ressemblait à une salle de contrôle de Star Trek, une infinité d'écrans commencèrent à afficher les états de l'accélérateur géant de 27 km de circonférence, enfoui sous la frontière franco-suisse. Mince la vitesse de la lumière allait fracasser protons et positrons et c'était cette Vampirella qui l'avait décidé.


- Rendez-vous demain pour les premiers résultats, fit à ce moment le corniaud de journaliste revenant à l'antenne, et venait de dérober la place de la Créature Sublime à l'écran.

Lucio en dégoupilla une bière.


Lorsque sa femme ouvrit la porte de l'Atelier, Lucio tenta de retrouver la télécommande. Il était revenu sur une chaîne érotique et tenait le morceau de chair demi-molle de sa main droite, en flagrant naufrage.

- Tu as entendu, l'artiste ?

- Je t'ai interdit combien de fois de pénétrer ici quand je travaille ?

- Je ne suis pas rentrée. A la radio, ils annoncent que quelque chose se passe en ville. Regarde, ça doit passer à la télé régionale aussi.

- Quoi ?

- Je ne sais pas. Marzia m'a téléphoné, aussi. Ca se passe en ce moment, pile sous ses fenêtres, piazza d'Italia. Un truc bizarre, qui pousse comme une plante, à toute vitesse.

Un coussin sur ses genoux il s'affairait a retrouver son sexe entre les replis de son ventre et à le remiser dans son pantalon.

- Marzia elle déconne. Elle déconne toujours. Tu as des copines hystériques.

- Quoi, elle est prof à la fac politique !

- C'est bien ce que je dis, une gauchiste. Pourquoi pas les Brigades rouges, hmm...


Lucio se laissa convaincre. Il emmena Carla à cheval sur Banana, vrombrissant feulant et pétaradant de toute la cylindrée jusqu'au centre de Sassari. Passant par les tortueuses ruelles du quartier de la gare, puisque les rues principales étaient barrées des gyrophares des Carabinieri.



Sur la piazza d'Italia en effet, juste devant la statue de Vittorio Emmanuele II le libérateur, un large carré était entouré de barrières et de herses anti-manifestants. La foule, tenue à distance par des gendarmes et des militaires en tenues lépoard, bruissait, moqueuse. Des lazzi fusaient. Sous des projecteurs de campagne, dans le déversement d'un déluge éblouissant, on pouvait distinguer une structure marron. Et en effet, avec lenteur mais à vue d'oeil cela poussait. Telle une plante qui aurait été filmée image par image durant des saisons, puis le film accéléré, cela déployait des terminaisons, déroulait des pédoncules, étendait ses tiges. C'était déjà comparable à un arbuste d'un mètre de hauteur, qui aurait fait éclater le pavé. A la base le tronc en était aussi épais qu'une cuisse et les pointes des extrémités des branches pendaient, fragiles et aussi fines que des cheveux.

Si cela ressemblait à un arbuste de toute évidence cela n'en était pas un. Cela évoquait plutôt une anémone de mer ondulant dans le courant. Une anémone métallique, en raison des reflets. Sauf que cela n'était pas tout à fait du métal. Peut-être un spécialistes pouvait-il le confirmer ? Car évidemment la question que cette étrange structure posait aux regards était celle de sa nature. De quoi pouvait être constituée cette chose qui ne luisait comme rien de connu, ne possédait l'apparence ni de l'écorce, ni de la pierre, ni du liquide ni de l'artificiel connu ? Le peuple assemblé n'était pas inquiete. le murmure dominant portait une rumeur simple. Il s'agissait de toute évidence d'une opération publicitaire et au regard des moyens déployés, d'une promotion pour une nouvelle automobile écologique, ou quelque chose dans ce style.


Sous une tente de secours gonflée sur la place par la sécurité civile, un petit laboratoire d'analyse avait collecté quelques indices infirmant cette hypothèse popualaire. Le dotore Razoli, biologiste à l'université régionale des sciences parvenant à la conclusion que la structure moléculaire de la matière étudiée était inconnue.

- Gardez cette information pour vous. Je n'ai rien entendu. Sinon ce sera sur les radios dans une heure, toussa le maire.

- C'est à vous de décider

- Oui mais que conseillez-vous, c'est vous le spécialiste ?

- Faites venir de Rome les moyens de la cellule de crise nucléaire et biochimique. Nous avons besoin des outils d'analyse les plus sérieux. Cette chose est un évènement, pour ne pas dire autre chose.

- Bon, rien à la presse ni personne, encore une fois hein, sinon ce sera la panique générale.


Quelques heures plus tard la place fut interdite au public dans sa totalité. L'arbre inconnu avait cru de deux mètres, se transformant en respectable specimen. A dire vrai le public n'en voyait plus rien. Par précaution les militaires avaient ceint la créature d'écrans la dissimulant à la foule agitée et de plus en plus inquiète. Car au coeur de la deuxième ville de Sardaigne le mécontentement et l'angoisse enflaient, alimentés de toutes sortes de rumeurs vénéneuses. On disait qu'une expérience de génie génétique des jardins botaniques avait mal tourné. D'autres colportaient qu'un produit radioactif était tombé d'un camion et que la plante n'était qu'un prétexte pour évacuer l'endroit. Même les Corses étaient désignés par une autre rumeur. Les Sardes s'étant à plus d'une reprise dans l'histoire méfiés de leurs voisins septentrionaux.


Les spécialistes accourus de Rome, de Turin, de Naples, tous par avions spéciaux, étaient divisés. Parmi ces esprits brillants les prudents considéraient qu'il fallait trancher dans le vif. Couper l'arbre comme un vulgaire sapin. Qui savait jusqu'où cette chose allait grandir, à contempler de sa vitesse de croissance ? Et puis cette structure moléculaire inconnue s'avérait robuste. Etonnamment résistante à toutes formes d'agressions chimiques. On pouvait agir car les scie à tungstène et diamant parvenaient à entamer l'écorce des rameaux. Mais cela au prix de difficultés de plus en plus évidentes. Les heures passant, à chaque fois que l'on soumettait la structure à une nouvelle batterie d'expériences, sa matière semblait comme se densifier. Parvenue à un stade plus avancé peut-être serait-elle irréductible.... Résistance aux lames comme au feu ? L'hypothèse était renforcée par la complexité à présent avérée de sa structure moléculaires un quasi-cristal impliquant un nombre arrangement atomique jamais observé dans la nature. Plus téméraires les vulcanologues de l'Office national de géologie du Vésuve, soutenaient qu'il fallait laisser évoluer les choses. Ces experts rompus aux séismes et à toutes sortes de caprices naturels considéraient que la priorité ultime de tout scientifique de ce nom ne pouvait consister qu'à préserver ce specimen unique.

Ce discours était le plus rassurant. Aussi les conseillers du cabinet de la région s'arrangeaient-il pour qu'il soit le plus présent sur les ondes :

- Au nom de la science un tel évènement mérite que l'on sacrifie un hectare de pavé, et peut-être jusqu'à subir quelques lézardes dans l'historique Palazio Sciuti, répétait aux caméras le Dottore Umberto Flappo, le vulcanologue de plus réputé de la péninsule.


Le Dr Flappo avait beau être soutenu par l'Etat-Major des armées (qui voyait dans ce matériau la promesse prodigieuse de blindages résistants) il fut toutefois escamoté pour avoir utilisé de terme de fissures dans son exposé télévisé. Cette mention avait produit au sein de la population une amorce de panique. Il fallait déplorer les décès d'une dizaine de personnes, étouffées dans des mouvements de foule dans les ruelles autour de la piazza Commune et de l'église Santa Caterina. Dr Flappo fut remplacé par un géophysicien moins connu du public, mais dont la petite barbe en collier avait le don d'apaiser les tensions. Un consieller en communication lui annonçait dans une oreillette ce qu'il pouvait déclarer.



Lucio et Carla avaient fini par rentrer se coucher. Il n'y avait plus rien à voir et les mouvements de foule étaient de plus en plus menaçants.


Après quelques heures de sommeil Lucio avait rallumé le téléviseur de l'Atelier. Il campait là, un bonnet sur la tête, en robe de chambre et pantalon de sport, hypnotisé par la retransmission ininterrompue sur la chaîne locale (mon Dieu comment faisaient-ils pour meubler tant d'heures avec un tel filet de commentaires ineptes). I se souvenait s'être dit que c'était comme le premier pas sur la Lune. Il fallait l'avoir vécu, en direct. Ensuite il pourrait dire : j'y étais.

La litanie des commentaires creux fut soudain interrompue. Il s'agissait d'un flash spécial. Un bulletin consacré au Cern de Genève.

Des nouvelles de leur trou de ver de terre géant, avec des granulés de matière qui tournaient dedans ! pensa Lucio.


- Mais que font-ils, on s'en fout, du tunnel suisse ! cria-t-il, pris d'une rage juvénile.

Il écrasa une canette dans ses main (cela le rassurait de parvenir à faire cela). Le présentateur, toujours celui de Big Bang poursuivait son propos, annonçant une première historique : pour la première fois un boson de Higgs, la particule servant de support à la gravité, (on s'en fout, ferme ta gueule avec ton grain de sable, hurlait Lucio, trépignant sur son canapé) avait été observée dans l'accélérateur LHC du Cern. Cela vaudrait sans aucun doute le prochain prix Nobel à la Professore Fabiola Mastino et à son équipe. La splendide italienne revint devant la caméra, émue, pour confirmer ce que le journaliste venait d'égréner avec approximation. Elle précisa que d'après les mesures, c'était un peu comme si dans l'environnement immédiat de ces particules, le torrent du temps s'écoulait à l'envers.

- Comme si l'eau remontait vers la source ? demanda le journaliste.

- IMBECILE hurlait Lucio, à peine calmé par l'apparition de la créature aux courbes célestes.

- Oui c'est bien ça, et la pluie dans les nuages, sourit Fabiola à la caméra, un peu moqueuse mais sans rancune pour l'indigence télévisuelle.


Ce fut la fin du flash. Il y eut le chapelet de publicité, notamment pour des engrais pour les plantes d'intérieur, qui déjà mentionnaient l'Arbre de Sassasi comme arrosé par leur produit, puis revint le fil tiède des informations diluées voire inexistantes de l'émission spéciale permanente en direct. Le commentateur annonça que le Premier ministre était enfin sorti de sa réserve. Depuis sa maison de vacances de Sardaigne, quel hasard, où il se trouvait avec quelques jeunes femmes charmantes (le salaud, hurla Lucio, envieux) il avait précisé avoir décliné l'aide que des nations d'Europe et les Etats-Unis d'Amérique avaient proposé à l'Etat italien.

- Nous sommes assez grand, les cow boys, ricana dans une brève séquence le visage bronzé et décoiffé. En dépit de son âge avancé le premier Ministre riait de toutes ses (fausses) dents.


Quelque part du côté du salon le téléphone sonna. Carla décrocha et à la suite des murmures d'usage, appela... : "Lucio, c'est gros Miko qui veut savoir si tu veux parier.

- Quoi ? Le foot ?

- Non il dit que c'est la machine atomique à Genève... Il y a des paris en cours pour savoir si les savants provoqueront une catastrophe. Il parle de la "particule de Dieu", le truc à remonter le temps.

- Dis-lui d'arrêter ces blagues et que je le vois ce soir, pour un poker.



Lucio retourna à la télé

Il vit l''image terne de l'arbre sur la piazza d'Italia, filmé de loin, au téléobjectif, par-dessus les structures installées par les forces de l'ordre.

Quelque chose changeait...

Une forme semblait s'installer dans l'arbre.


Dans un tout autre lieu et en urgance le préfet de la région Sarde convoquait au même instant les autorités des provinces et de la ville de Sassari présentes sur les lieux, au PC de crise.

- Malheureusement la presse l'a déjà annoncé. Je ne sais pas quelle est le bâtard qui a laissé filtré l'information ?

Quelques regards se fixèrent sur des chaussures.

- Vous confirmez, monsieur de préfet ?

- Oui. La chose a stoppé sa croissance. Elle prend, depuis cette fin de matinée, la forme d'une structure stable.

- Quelle structure ?

- C'est inachevé pour l'instant. Mais cela ressemble à une sorte de cube.

- Un cube ? fit la chef de la police de Sassari

- Tout à fait. Avec des arrêtes de 4,20 mètres de côté.

- Vous êtes certain de cela demanda un maire, dépité.

- C'est un cube et un géomètre ne l'aurait pas mieux dessiné. Dans la partie basse, celle où les branches ou ramifications je ne sais comment il faut désigner cette cochonnerie, celle où la densité est la plus importante, cela devient une surface parfaitement lisse et désormais plus résistante que tous les instruments tranchants dont nous disposons.

- Indestructible ?

- Je l'ignore. Les scientifiques disent que nous ne pouvons plus prélever d'échantillon, par aucun moyen.

- Et à chaleur ?

- Aucune réaction ni modification, jusqu'à 2000 degrés. Ils ne peuvent aller au-delà in situ... Nous faisons venir une torche à plasma. Je vous rassure, nous ne procèderons pas à un bombardement nucléaire, pas sans mon autorisation.

Il y eut quelques rires blancs à cette amorce de plaisanterie.



Le soir même, à la conférence de presse quotidienne de 20 heures, en direct dans les grands journaux télévisés, le maire de Sassari eut le privilège, en en raison de la proximité des élections municipales, d'annoncer de quoi il s'agissait. S'il était connu pour son incompétence technique, il appartenait à la bonne famille politique.

- Euh, voila, désormais nous savons. Nous avons percé le secret de l'Arbre fit le nonagénaire ventripotent.

( Il y eut quelques rumeurs et quolibets dans la salle)

- Alors mon Dieu de quoi s'agit-il cria une journaliste, sur un ton de raillerie.

- Euh nous somme en présence d'un cube. Un cube coiffé bouton géant.

Il y eut un silence. Pour cette forme de bouton, personne n'était au courant.

- Une forme, juste une forme. La structure est stabilisée. Elle n'évolue plus. C'est une excellente nouvelle et...

- Qu'allez-vous faire ? l'interrompit une autre voix.

- Appuyer dessus, railla un photographe.

- Pas du tout. Euh nous allons procéder aux analyses complémentaires et n'agirons que lorsque nous aurons toutes les informations pour pouvoir le faire dans l'intérêt général, sans le moindre risque pour la population, évidemment. Croyez-vous que nous serions capables d'exposer qui que ce soit à quoi que ce soit. Maintenant que la croissance est terminée, ce cube noir avec un bouton géant sur la face orientale sera ausculté.

- Vous n'êtes pas inquiet ?

- Ha, non, en aucune manière. Ce bouton de forte taille n'est relié à rien. Cela évoque plus un canular qu'autre chose


Ce soir-là un cordon de sécurité encore augmenté fut mis en place autour du cube et de son bouton latéral. Les habitations les plus proches furent évacuées avec discrétion. On fit venir pour garder la chose des membres des groupes d'intervention de la gendarmerie. Un vaste sarcophage de planches fut finalement construit pour recouvrir l'objet. Officiellement pour le protéger. Il s'agissait en fait de s'assurer que personne ne serait tenté de mettre en mouvement la chose. D'appuyer sur le bouton. Ce qui avait inquiété les autorités était enfantin : par effleurement, à la moindre sollicitation le bouton ne semblait pas une simple forme. Tout au contraire il paraissait fonctionnel, et semblait BOUGER lorsque l'on pressait sa surface.


Personne ne vit arriver Lucio. L'effet de surprise joua à plein. Il fonça bien droit, pétéradant sur sa Harley, renversa un militaire dont le fusil n'était pas même garni de sa cartouchière. La roue avant cogna dans les planches. Le dernier pan latéral du sarcophage n'était pas encore fixé par les ouvrier de la ville. Il laissa se coucher sa moto, ce qui fit de belles gerbes d'étincelles. Puis il se relava et n'eut que deux pas à faire. Tout le monde resta interdit. Un ouvrier hurla.

- Non, pas ça !

Lucio prit le soin de se mettre face aux caméra, au loin, et de tout ses poumons cria :

- Moi aussi je suis dans l'histoire !

De tout son poids de bière Lucio enfonça le bouton dans la chose.


.


.esohc al snad notoub el açnofne oicuL erèib ed sdiop nos tuot eD

! eriotsih'l snad sius ej issua ioM -

(Suite à l'envers)

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