De tels saltimbanques à l'esprit vide ne cessent de nous renvoyer à la case du néant culturel et du savoir...
Non, M. Zemmour le concept de "race" dans notre langue (concept biologique) n'existe pas (y compris sur Wikipédia). Scientifiquement il n'a aucun sens, puisque l'on reconnaît désormais qu'il est indéfinissable. Aucun paramètre de biologie ou de comportement ne permet de délimiter une race (ex : à partir de quelle teinte de peau est-on foncé ou noir ?). Génétiquement un africain à la peau noire peut être plus proche de moi (et davantage compatible pour une intervention chirurgicale) qu'un blondinet scandinave.
Le brassage génétique qui a eu lieu à travers le monde durant des millénaires rend toute séparation (et filiation géographique sérieuse) impossible.
Itou pour le brassage culturel.
Tous typés et bâtards, tous parents et tous différents.
Mais il est vrai que ce sont des notions un peu complexes à saisir, pour un esprit amateur de "réductionnisme" et de caricatures conceptuelles.
Relisez, documentez, étudiez, travaillez, M. Zemmour. Les idées simples et les trivialités (vous voyez bien que ma peau est blanche !) sont fausses. Nous n'en sommes plus aux "penseurs" des typologies du XIXème siècle, ni aux basses besognes politiques du XXème. Vous êtes aussi "noir" que cette charmante dame. Désolé, si cela vous pose un souci.
4 commentaires:
Je reçois, au sujet de ce post, un certains nombre de messages insultants, agressifs, débiles, négationnistes, racistes. Je signale à leurs auteurs qu'il est inutile de se fatiguer à tenter de les faire paraître ici.
Tous parents, tous différents
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article235
[ un entretien avec le généticien André LANGANEY - propos recueillis par Véronique Sales - L’Histoire, octobre 1997 ]
Les races à l’épreuve de la science
L’HISTOIRE : Est-ce que les races existent ? Il y a entre les individus des différences physiques que chacun peut percevoir. Est-ce que le mot "race" rend compte de cette disparité apparente ?
André Langaney : Je pourrais vous répondre, de façon très hypocrite : oui, les races existent, mais elles ne sont pas ce que l’on croit. En fait, il faut se montrer plus précis, et bien établir que le mot race a deux sens extrêmement différents : le sens du langage courant et le sens scientifique. Dans le langage courant, on considère que les gens sont de races différentes à partir du moment où ils paraissent différents et, dans nos perceptions quotidiennes, on mélange ce qui est diversité physique, couleur de peau, diversité des façons de s’habiller, des façons de se comporter, voire diversité linguistique. Ce qui fait qu’on pourra parler de race woloff, alors qu’il s’agit, au sens strict, d’une ethnie ; de race juive, alors qu’il s’agit d’une religion ; de race française ou allemande, alors qu’il s’agit d’une nationalité, etc. Tout cela n’a rien à voir avec les données scientifiques, biologiques que nous connaissons.
L’H. : Quel est le discours que peuvent tenir, précisément, les scientifiques, les biologistes en l’occurrence, sur les races ?
A. L. : Ils se limitent à constater qu’il y a des différences biologiques, et parmi elles certaines qui sont visibles (ce sont les différences d’aspect physique, de taille, de proportions du corps, de traits du visage, de pigmentation, de couleur ou de forme des cheveux), et d’autres qui ne le sont pas. Ainsi, pour parler de celles que connaît le public, les différences de groupe sanguin, ou celles qui vont conditionner la possibilité ou le rejet des greffes d’organes.
Ce qui a changé depuis le XIXe siècle, c’est l’appréhension de cette diversité cachée. Mais il faut souligner qu’au XIXe siècle déjà, quand les biologistes voulaient faire des classifications raciales - c’est une démarche naturelle à l’esprit humain que de classer, quand on se trouve devant des objets diversifiés -, ils cherchaient à les établir d’après les caractères les plus apparents, comme la couleur de la peau ou les dimensions du corps, et qu’ils n’arrivaient pas à se mettre d’accord. Certains définissaient deux races, d’autres trois, d’autres quatre, cinq... On est allé jusqu’à quatre cent cinquante ! Tout cela parce qu’il est impossible de classer les hommes selon des catégories simples et consensuelles.
L’H. : Pourquoi est-ce impossible ?
A. L. : Pour deux raisons. La première est que, si l’on considère les caractères dans leur singularité, par exemple la couleur de la peau ou la taille des individus, ce que l’on constate c’est qu’à l’intérieur de toute population, chaque caractère est représenté de façon très diversifiée. Ainsi, la taille varie de plus de cinquante centimètres entre les plus petits et les plus grands d’une population. Même chose pour les couleurs de peau, ce que nous savons mal, nous autres Occidentaux, parce que dans les populations à peau foncée, la diversité est beaucoup plus grande que dans les populations à peau claire. La seconde raison est que, si l’on considère plusieurs caractères conjointement, par exemple la couleur de la peau et la taille, on ne constate aucune cohérence entre leurs variations. Je m’explique : il y a des individus très grands et des très petits parmi les plus foncés, les Tutsis et les pygmées par exemple, et des très grands et des très petits parmi les plus clairs, comme les Suédois et les Lapons. Autrement dit, les variations ne se recoupent pas, et si l’on veut pousser ce raisonnement à son terme, il faudrait dire que la classification « raciale » la plus pertinente consisterait à définir une catégorie par individu, parce que tout le monde est différent de tout le monde.
L’H. : Comment expliquez-vous le fait qu’il y ait des races au sein du règne animal, ou du règne végétal, et pas parmi les hommes ?
A. L. : La situation n’est pas du tout la même. Les races domestiques, d’animaux comme de plantes, ont été sélectionnées par l’homme, pour certaines depuis une dizaine de milliers d’années ! A chaque fois, on a choisi les reproducteurs de façon à ob tenir des individus qui auraient tous le même type : ce sont presque des populations de jumeaux. On a fabriqué certaines races par des croisements consanguins extrêmement proches : les dalmatiens, les chihuahuas, les cockers, parmi les chiens, sont des créations artificielles de populations presque composées de clones. Évidemment, les populations humaines, au sein desquelles les gens se marient librement et sans assortir leurs caractères physiques et génétiques, ne correspondent pas du tout à cette situation. [...]
L’H. : De quelle manière la génétique, cette science du XXe siècle, a-t-elle bouleversé notre connaissance des différentes populations ?
A. L. : L’information génétique a tout bonnement fait exploser la notion de population. Depuis le début du siècle, on savait que, si on avait le choix entre recevoir du sang de son père ou de sa mère, celui ci ou celle-ci se trouvant d’un groupe sanguin différent de soi, ou recevoir du sang d’un Chinois, d’un Papou, d’un Indien d’Amérique ou d’un Sénégalais qui serait au contraire du même groupe, il fallait choisir le second, qui vous sauverait, alors que le premier vous tuerait : les groupes sanguins sont les mêmes dans toutes les populations, mais varient beaucoup entre les individus. Même chose, comme je vous ai dit tout à l’heure, pour les greffes d’organes.
Finalement, la leçon de la génétique est que les individus sont tous différents à l’intérieur des populations, et que les caractères qui font ces différences se retrouvent dans toutes les populations. Au début des recherches en génétique, les scientifiques, qui avaient en tête des classifications raciales héritées du siècle dernier, pensaient qu’ils allaient retrouver des gènes des Jaunes, es Noirs, des Blancs... Eh bien, pas du tout, on ne les a pas trouvés. Dans tous les systèmes génétiques humains connus, les répertoires de gènes sont les mêmes.
L’H. : Également répartis ?
A. L. : Non, pas également répartis. Ceux qui sont fréquents ici seront rares là. C’est, précisément, la fréquence des gènes qui varie : il n’y a pas de gènes des Noirs, des Jaunes ou des Blancs, mais les mêmes gènes sont, pour certains, plus fréquents en Afrique, pour d’autres plus rares en Amazonie, ou bien dans les Andes, ou bien en Australie... Par conséquent, deux individus de populations complètement différentes peuvent voir exactement les mêmes gènes pour certains systèmes, et deux individus de la même population des gènes qui n’ont rien de commun.[...]
L’H. : C’est donc, toujours, grâce à des différences de fréquences que vous définissez ce que vous appelez des populations ?
A. L. : Non : le mot de « population » désigne un ensemble arbitraire d’individus. Quand je dis « population », cela peut désigner aussi bien les coiffeurs de Bombay que les membres de la CGT.
L’H. : Ce sont les scientifiques qui "créent" des populations pour les besoins de leurs études ?
A. L. : Oui, pour définir ce dont ils parlent. C’est un concept arbitraire. Ce qui est moins arbitraire, c’est de parler de « population naturelle », entendue comme un ensemble de gens qui se marient entre eux, qui ont des descendants de proche en proche. Mais ces cercles de mariages, s’ils étaient assez faciles à définir, et restreints, pour les Esquimaux du Groenland avant leur découverte par les Occidentaux, se diluent, ou deviennent très étendus, à partir du moment où les populations commencent à échanger des conjoints, ce qu’elles font en général dès qu’elles sont en contact.
L’H. : Il n’y a donc plus de "populations naturelles" ?
A. L. : Non... Ou bien il n’y en a plus qu’une seule, avec une structure compliquée, établie sur toute la surface de la planète
Il n'existe qu'une seule race humaine
"Une race est un ensemble de populations dont les patrimoines génétiques ont des structures semblables et nettement différentes des structures des populations considérées comme appartenant à d'autres races.
Il se révèle impossible de classer les différentes populations humaines en races. Selon le niveau de précision que l'on cherche à respecter, on peut finalement énoncer soit qu'il n'y a pas de races dans notre espèce, soit qu'il n'y en a qu'une : l'Humanité, soit qu'il en a autant que d'humains, soit que le "concept de race n'est pas opérationnel pour notre espèce." La conséquence la plus claire est que tout raisonnement faisant référence à des races humaines est dépourvu de base scientifique.
Il se trouve qu'aucun des groupes formant aujourd'hui l'humanité n'a connu un isolement suffisamment long et rigoureux pour représenter une véritable race."
Albert Jacquard (extrait de "L'Equation du nénuphar")
http://fr.wikiquote.org/wiki/Race_humaine#Bertrand_Jordan
Betrand Jordan, physicien, biologiste :
"Notons au passage que, puisque nous venons tous d'Afrique, nos lointains ancêtres étaient noirs : ce sont les Européens que la sélection naturelle a fait blanchir, et non l'inverse..."
L'humanité au pluriel, la génétique et la question des races, Bertrand Jordan, éd. Seuil, 2008, chap. 8-Tous enfants de Cro-Magnon, p. 122
"La recherche des origines par analyse ADN repose [...] sur des bases solides, et peut aider à comprendre notre histoire collective tout comme la place de chacun d'entre nous au sein de l'humanité. Elle bat en brèche la notion de race pure en montrant à quel point nous sommes tous des « métis »".
L'humanité au pluriel, la génétique et la question des races, Bertrand Jordan, éd. Seuil, 2008, chap. 9-Le « Business » des races, p. 138
"[L]es groupes humains ont une certaine réalité. Ce ne sont cependant pas des «races» au sens ancien du terme, qui associe à la couleur de peau des comportements, des qualités et des défauts, des forces et des faiblesses qui seraient héréditaires et radicalement différentes d’une communauté à l’autre. L’humanité n’est pas divisée en «races» fondamentalement distinctes comme on le prétendait jadis. Elle n’est pas pour autant totalement homogène. [...] la génétique moderne montre l’existence, au sein de l’humanité, de «groupes d’ascendance» aux contours flous et à la diversité interne très élevée - sans différences biologiques nettes, et bien sûr sans aucune hiérarchie. Elle ne réintroduit pas la vieille notion de «race», vecteur de tant de drames. Elle ne remet nullement en cause l’égalité en droits de tous les hommes : ce principe, d’une autre nature, est un choix politique, et ne suppose pas que les humains soient tous pareils."
Bertrand Jordan, 10 juin 2008, dans Gènes et races, épilogue, paru dans Libération.
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