24.11.12

Inventer un chant au monde


(une version de ce texte a été publiée dans le numéro de Macrocosmes d'octobre 2012)

Comment la matière et les êtres se sont-ils formés ? On peut imaginer qu'autour du foyer le soir, tandis que dansaient flammes et ombres, nos ancêtres n'ont cessé de désirer répondre à la question sous forme de contes, de chants, d'épopées et de mythes. La structure en histoire étant le support commun à ces manières de partager la projection de l'homme sur le monde. Une simple commodité ? La narration possède un double avantage. Tout récit étant une parabole ce processus propose une esquive, une tangente à la douloureuse question de l'origine. En outre les acteurs y sont des personnages familiers et friables. Circulent entre eux les doutes qui traversent notre communauté humaine. La seconde fonction des récits fondateurs est de transmettre une mise à distance, une sagesse opératoire sédimentée par les générations à propos de tous les périls que transporte cette redoutable question. Dieux, esprits, sorcières et forces invisibles : l'homme possède l'immense pouvoir de définir une trajectoire aux choses qui l’entourent, puis de s’inviter à interpréter son rôle sur cette scène qu'il vient de bâtir. Alors la menace du vertige et de la folie de s’éloigner un peu, de cesser de nous mordre. Sans doute jamais du fond de notre caverne platonicienne n'entendrons-nous la réponse à nos quand et à nos pourquoi. Tout au plus quelqu'un viendra-t-il citer Emmanuel Kant  (dans la Critique de la raison pure). Le doute existentiel sans relâche nous poursuivra, la question de la finitude de l'univers n'a aucun sens. Il s'agit d'une antonymie, soutient Kant. Mais cette quête acharnée ne serait-elle pas ce qui à chaque pas refonde notre humanité ?


Pour la plupart d'entre nous l'origine de l'univers est synonyme d'évènement initial. Ou de paroxysme fondateur. Il s'agit là d'une lourde inexactitude. Le modèle théorique d'expansion de l'univers, big bang pour les intimes, désigne tout un ensemble de constructions abstraites (une famille de modèles) correspondant à des solutions aux équations d'Einstein relative à la nature de l'espace et la gravitation (relativité générale). Alimenté par les observations astronomiques et physiques, cet échafaudage conceptuel demeure dominant au sein de la communauté scientifique et cela depuis un peu plus d'un demi-siècle. Si la vitesse de fuite des galaxies,  l'importante présence d'hélium dans l'univers jeune, ou les traces comme le rayonnement du fond cosmologique sont ainsi intégrés par les variantes du modèle central il faut au passage relever que quantités d'autres observations y trouvent plus difficilement place. Voire pas du tout ou alors sous la forme d'un point d'interrogation.

Ce consensus actuel autour d'une expansion de 13,8 milliards d'années s'exprime autour de deux idées centrales. D'abord l'univers fut tout à fait différent dans un passé lointain de ce qu'il est aujourd’hui. De très dense, très chaud, très énergétique et minuscule il est ainsi devenu dispersé, froid et matériel. Une évolution radicale, une "saga" qui comporte de nombreux épisodes, régulièrement revus à la lumière de découvertes et d'observations détaillées. Le deuxième point clef  étant que l'expansion de l'univers existe toujours. Contrairement à l'idée qui prévalait depuis plusieurs décennies que la force reine aux grandes échelles de l'univers, la gravitation, finirait par ralentir la vitesse de fuite des galaxies et rassembler la matière dispersée comme un berger regrouperait ses moutons éparpillés par une attaque de loups, les observations menées depuis les années 90 (prix Nobel 2011 à Perlmutter, Riess et Schmidt) suggèrent qu'un mystérieux facteur provoquait au contraire une accélération de cette expansion de l'univers.

Face à cet univers-scénario, une évidence : si évolution il y eut, il doit être possible de rembobiner le film. Ce faisant, remonter le temps à rebours conduit les cosmologistes certes vers univers de plus en plus petit et chaud et dense mais aussi aux rives d'un horizon de temps et d'énergie inaccessibles à notre physique relativiste ou quantique. L'univers que nous connaissons apparait comme posséder une limite floue. C'est pour désigner cet horizon, par défaut de vocabulaire davantage que par concept, que l'on abuse ici du mot "origine".

Imaginons assister à une représentation de cette saga des "minutes" obscures de l'univers, celles qui précèdent la matière telle que nous la connaissons, aujourd'hui, dans notre environnement, atomes et planètes aux cieux azurs.

PRELUDE
0 ou ∞, comme l'on voudra
Noir
Le rideau reste baissé et cela dure. Et dans une obscurité absolue les spectateurs se sont installés à tâtons. Ils ignorent depuis quand ils attendent. Peut-être depuis toujours. Sont-ils assis, respirent-ils encore ?
Cette mise en bouche tente de décrire l'"ère de Planck" dont ne sait si elle dure un instant ou l'éternité. Pour la simple raison que le temps n'y a pas de nature. Pas davantage que les dimensions, ou la matière ou l'énergie, du moins dans notre acceptation de ces termes. Avant un repère que l'on nomme le temps de Planck, soit 10(-43) secondes (la plus petite unité de temps mesurable par le truchement de la vitesse de la lumière), on théorise ou bien l'on poétise. Car ni la physique ni notre bon sens "terrien" n'ont accès à des valeurs vertigineuses (pour Lemaître tout l'équivalent matière de l'univers serait alors contenu dans un volume plus minuscule que la plus infinitésimale des particules connues à ce jour). Pour s'essayer à leurs raisonnements les théoriciens fourbissent ici des tentatives de cosmologie quantique (Stephen Hawking), des surgissements, de l'écume et des bulles, invoquent déchirures, fluctuations, super-cordes et branes. Bref une "singularité" indicible où pourtant tout se trame. Pour contourner la problématique de la singularité (et la question qui contient l'univers s'il a une origine) les physiciens proposent d'ailleurs dans leur panoplie un modèle de pré-big bang, qui serait une forme-univers précédant le notre. Une façon de repousser le problème ?

ACTE I. Violence primitive (durée : un demi-million de nos années environ)
Scène 1.
Quelque chose frémit. De 10(-43)  10(-32) secondes règne l'énergie du vide sous la forme d'une force unique et l'univers primordial enfle de façon exponentielle (il gagne un facteur 10(50), voire 10(1 000 000)). Selon les sous-modèles proposés, cette phase d'"expansion cosmique" ultra-rapide violente et perturbée permettrait de résoudre la question de l'horizon ou de la géométrie de l'univers). La physique relativiste devient utilisable pour dresser un portrait théorique de ce monde à grands coups de densités et de températures "extrêmes".
Scène 2.
Quelques miettes de seconde encore et outre un autre facteur de dilatation de 10(50) (au moins ?), trois forces se différencient : gravitation, interaction forte (source d'énergie des étoiles) et électrofaible.  A ce moment on peut considérer que les constituants de la matière (quarks, électrons, neutrinos) acquièrent des propriétés "familières" même si ce paysage nous demeure inaccessible.

ACTE II. Déploiement.
Scène 1.
Les forces au complet. Du coté des 10(-11) secondes densité et température commencent à s'effondrer. Plus que 10(15) degrés ! Cela autorise la scission de l'électromagnétisme et de l'interaction faible. Les quatre forces que nous connaissons aujourd'hui sont entrées en scène. Dans ce paysage désormais presque familier, la physique relativiste devient capable de raconter la suite du scénario.
Scène 2.
10(-6) secondes. Les particules légères s'assemblent et en forment de plus massives (neutrons et protons). Le monde en expansion continue voit sa continuer à chuter. Brrr. Il ne "fait" plus qu'un million de degrés en moyenne.
Scène 3.
Quelques minutes. Apparition des premiers noyaux atomiques. Les éléments légers se bricolent à partir de neutrons et protons : hélium et lithium, et bien sur l'hydrogène (sous forme de proton solitaire) largement dominant (près de 80 %).
Scène 4.
Jusque vers 400.000 ans. Découplage de la matière et des rayonnements. Capture de la soupe d'électrons par les noyaux. L'univers devient transparent à la lumière. Sa température est de 3000 degrés. Ce sont les prémices de la première lumière que capteront les plus sensibles de nos instruments (fond cosmologique)

ACTE III. Naissances d'étoiles.
Cela prend une autre tournure. Dans cet univers encore un millier de fois plus chaud et un milliard de fois plus dense qu'aujourd'hui, l'expansion se poursuit mais cette fois sur son élan, sur un rythme de croisière. L'hydrogène disponible s'assemble en amas gigantesques, des nuages dont la contraction permet sous les fracas et les ondes de choc l'agglomération de galaxies sombres qui commencent à s'embraser par endroits : les premières étoiles.

ACTE IV.
Ce sera celui des planètes et de la vie. Disons qu'un arlequin entre en scène pour suggérer un entracte.

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TEMPS

Nous ressentons le monde à travers les évènements qui nous entourent, par l'observation des changements incessant qui nous frappent, ainsi que les vivants et les objets qui nous entourent. Sans mémoire du passé ni invention du futur, à chaque instant notre vie serait menacée.
Voici surgir  une autre intéressante contradiction inscrite au cœur de nos langages. Nous faisons comme si le temps était une "découverte". Nos horloges atomiques et montres de poignet "donnent" une heure synchronisée avec nos contemporains. Et nous dormons mieux depuis que nous savons que les planètes qui orbitent autour du soleil respectent sagement les lois du temps des distances et des forces édictées par Newton.
Il n'est pas question ici d'amoindrir l'importance et la qualité de ces découvertes. Mais si nous parlions plutôt d'invention ? Car le temps existerait-il si nous n'étions pas là pour mesurer les phénomènes et donner un sens à cette mesure ?

De Saint Augustin, qui dans les Confessions souligne les vertiges que suscite la notion de temps à sa moindre évocation (et pour cause puisque nous confondons une idée avec une réalité), à la phénoménologie de Husserl on pourrait rassembler une foison de points de vue philosophique, théologiques et scientifiques en constatant que nous autres humains nous sentons capables d'enregistrer des réalités qui nous entourent, et les situer sur une échelle de temps. L'ordinateur a été inventé avant internet, chacun s'en souvient n'est-ce pas ?  
Parfait. Mais si nous étions ces parfaits compteurs de temps que nous sommes convaincus de savoir être, que dire des "illusions de temps" dont nous avons besoin au quotidien, au moins autant que nous avons besoin de la persistance rétinienne pour apprécier un film au cinéma ?
Husserl développe dans sa "Phénoménologie de la conscience intime du temps" l'exemple de la musique. Si les notes d'une mélopée étaient perçues successivement, dans l'instant abstrait de leur audition objective, chacune serait un évènement solitaire, aussitôt oubliée et remplacée par un autre avant d'avoir pu faire éclater en nous l'orage mélodique.
En somme si nous ne pratiquions pas la confusion des temps, la moindre chanson serait un cauchemar.
Non, notre conscience n'est pas cette plaque sensible et objective dont nous aimerions nous savoir dotés. Il s'agit de nous représenter notre conscience comme soumise aux courants de la pensée, mue par une intention de discernement. Cette subjectivité nous procure quantité d'avantages et fait de nous des poissons dans l'eau de l'univers.  Mais si nous voulons poser des question comme celle des origines, il faut veiller à ne pas oublier tout à fait  que nous définissons communément par le temps et l'espace sont produits par notre rapport très subjectif au monde.


Un peu de la même manière nous sommes confrontés au paradoxe omniprésent du contenant et le du contenu. Si les dimensions de l'univers ont "commence" à se déployer, et que l'horloge du monde a "commencé" à battre, alors c'est qu'il y a ne monde invisible encore plus vaste, d'autres dimensions, d'autres horloges, ailleurs, qui ne nous sont pas accessibles et qui ont marqué ce que nommons "commencement" de l'espace et du temps de notre univers. De nombreux chercheurs ont abordé cette question. Mais au fond il suffit d'admettre que notre esprit ne parvient pas à esquisser, un univers sans origine du temps et de l'espace, est pourtant fort plausible. Il nous faudrait nous y résigner. Notre univers pourrait n'avoir commencé ni par des enchaînements de d'explosions et d'effets, de trous noirs et d'étoiles, pour la simple raison que la question est peut-être sans objet. Le bleu du ciel est-il davantage bleu lorsque l'on vole vers lui et qu'on le traverse ?


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La science propose une lecture abstraite du cosmos, de ses structures, de ses lois. Une construction fort différente des cosmogonies préalables, désireuse d'inventer et d'user d'un langage autonome (les mathématiques) mais encore d'une méthode non contestable, le questionnement inductif et la vérification expérimentale. Il est en outre accepté que de nouvelles théories, susceptibles d'incorporer un nombre plus large de faits, seront échafaudées, mettant à mal les théories préalables.


Pour autant la vision scientifique aurait-elle réussi à séparer la mise en équation des plus lointains sursauts d'énergie de nos désirs d'origine et de cause à ce que nous sommes ? La confusion est-elle dissipée ? Tout au contraire. Le télescopage entre le concept de big bang et l'idée intime d'origine est une démonstration de l'obstination avec laquelle nos questionnements produisent en permanence des brèches au vocabulaire le plus rigoureux. En fait il s'agit là d'un détournement, d'un rapt de concept.

Certains estiment que pour dire la cosmologie il faudrait se résoudre à ne parler qu'en signes relativistes ou quantiques. Ainsi dès que l'on traduit ces langues en phrases intelligibles par un public large s'ouvre un espace linguistique propice à l'imaginaire. En amont même, parmi les scientifiques, il n'y a guère d'usage du langage sans imprécision. La science pratique un formalisme rigoureux. Une précision qui est aussi, au passage, son propre handicap. Pour Gaston Bachelard l'objet scientifique "pensé" en termes de sciences ne peut être traduit en phénomène, partageable avec ceux qui ne connaissent  que le "perçu" des choses. Une piste que précise dans sa manière  Ludwig Wittgenstein, le philosophe de la logique : si l'on pousse l'exactitude à son point extrême (si cela était possible), on ne laisse plus la moindre liberté au récepteur du propos. On finira par parler seul une langue incompréhensible de tous.

Une autre forme de tentation s'incarne par l'affaire de Pie XII et du big bang. Georges Lemaître, prêtre et physicien, presque simultanément avec Alexandre Friedmann fut parmi les premiers à proposer des solutions non statiques à  la relativité générale d'Einstein appliquée à l'univers.
Dans les années 50 le pape reprit l'idée d'un univers en expansion et d'une origine première au monde pour suggérer que l'on tenait la démonstration de l’action divine. Révolté de ce détournement Lemaître suggéra que le discours avait sans doute été écrit non par le pape mais par une plume maladroite.
Finalement l'Eglise concéda que la théorie "dite" du big bang n'ajoute rien sur le terrain de la preuve.

Bref, dès que l'in quitte l'île minuscule des concepts purs, l'on vogue sur l'océan des désirs et des récits. Il en est ainsi. Pour se consoler l'homme ne peut tenir sa langue et s'empêcher d'inventer et de colporter des histoires.

A la réponse "Qu'y avait-il lorsqu'il n'y avait rien ?" les Grecs polythéistes de l'Antiquité répondaient par une complexité de mythes, une cosmogonie reflet des courants de pensées et des rapports subtils traversant leurs cités.
Pour désigner ce qui est alors que rien n'est encore, (les idées d'avant et de temps sont bien ancrées) les Grecs disent Chaos (Hésiode). Pas tout à fait le chaos de notre imaginaire contemporain. Plutôt une déchirure, une faille, une béance. Il s'agit d'un vide si vide où rien n'y répond aux sollicitations de la raison ou des sens. Un abîme. Tiens.
Surgit Gaïa, la Terre mère. Ici les choses sont définies, par opposition au Chaos. Elles sont palpables tangibles éclairées délimitées familières. Tiens encore. Il s'agit du plancher sur lequel tout va pouvoir se construire. Un plancher car dans les gouffres, sous la Terre, on retrouvera le chaos et ses obscurités.
Par ailleurs, dans la mythologie grecque la première différence entre les hommes et les créatures de l'Olympe réside en l'immortalité. Par contre comme les hommes ces dieux là naissent. C'est très différent du de la divinité des trois grands monothéismes. Une divinité qui n'a ni origine ni de fin. Ce Dieu là résout tous les problèmes de représentation du monde en les incarnant.

Pour Vernant les divinités grecques autorisent une vision "profane" du cosmos. Les Muses chantent l'apparition du monde, la genèse des dieux, la naissance de l'humanité (Hésiode, Théogonie), un monde sans chronologie fixe, mais avec des généalogies, des époques, des strates. Explorer le passé, pour un grec, c'est toujours sonder les profondeurs de son être, propose Vernant
Le Dieu des monothéismes incarne l'éternité et l'absolu. Sonder ces questions c'est alors sonder la nature, le monde du Créateur. Une autre démarche, une place pour l'homme et ses règles. Ainsi la philosophie de Spinoza fait de ce Dieu la substance même de l'univers en une sorte de panthéisme absolu. La science, si elle a épousé un temps ce propos (au XIXème siècle(a finalement opté pour un récit d'univers doté d'une origine (même si on l'a vu, en terme rigoureux cela est faux). On peut penser qu'en laissant imaginer un début, la science retourne la question du sens du monde à l'individu...

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C'est un récit qui de lui-même par effritement des autres propos, s'impose. Ni complot et encore moins volonté, il s'agit d'une fabrication collective. L'histoire scientifique de l'univers, devenue big bang en langue populaire, est un détournement. Une sorte de "story-telling" surgi de mille bouches et âmes. Un récit correspondant à la mixité religieuse et athée de nos sociétés de ce début de troisième millénaire. L'idée d'origine n'existe pas. En fait si nous sommes sincères nous le savons, au moins aussi bien que le Sisyphe de Camus.

Quelque soit la production de l'astronomie ou de la science, il sera détourné. Le récit des origines que fabriquera la communauté humaine, sous la forme du moment, traduira notre violente et éternelle soif d'imaginer un homme pas si malheureux que cela, au fond, de son étreinte avec le cosmos.

26.8.12

Au cœur brûlant du combat

(Nouvelle, en cours d'écriture (08.2012-...))

1.a.

Le Stars ans Stripes est surchauffé. Les gars commencent à reluquer les meufs comme si tu pouvais les bouffer avec les yeux. Et il fait si chaud et humide que tu pourrais te saouler rien qu'en léchant les murs. Je ne sais pas si ce sont les dragées ou le crack ou quoi mais il arrive toujours un moment où tout semble partir en vrille dans une boîte à la con comme celle-là. Comme un troupeau d'éléphants qui aurait volé un wagon de bière, tout le monde commence à faire n'importe quoi. D'un coup c'est dans l'air et tout le monde veut faire une pire connerie que celui d'a côté. Bon c'est ça qui est cool. Quand on arrache les câbles. Les éléphants ? Ouais j'ai vu un reportage sur iTunes bien délire. Une ville entière en Inde rasée par la horde des monstres bourrés après avoir siroté tout le contenu du wagon. 

C'est le moment. Je vois mon Loukoum se mettre à côté d'un squelette avec sa minirobe moulante. Un tas d'os de deux mètres avec les articulation des fémurs que tu vois bouger et ça remue et ça touille ses mini cuisses dans ses mini cuissardes c'en est maxi moche. Vraiment moche. Une blondasse rasée russkoff en vadrouille. Elle a l'air surprise la vache. En voyant rappliquer un basané avec à la main un gros billet elle s'attendait à ce qu'on lui propose un extra au fond des chiottes ou qui sait quoi de traditionnel. Mais non. On cherche une spy girl, une vraie. Sur le visage de Moscou je lis ce qu'elle pense. C'est comme si ce que raconte le rappeur qui braille à ce moment disait vrai : " Le monde est sans morale et ce n'est pas si mal car la morale est faite pour t'enfermer dans ta malle et ça si tu l'avales c'est toi qui es vraiment mal".
La russkoff-squelette semble hésiter. Mais je connais mon Loukoum. C'est pas un tam tam qu'il te fait, son baratin c'est un fleuve qui remplit l'océan. Il a un pif de traviole et des yeux enfoncés comme des tuyaux, Loukoum. Mais c'est toujours lui qui rentre avec les canons.
Cocktail Molotov se gondole encore un peu le long du mur puis finit par prendre le bifton vert entre les os de ses doigts. Maintenant Loukoum lui passe le petit paquet. Il se penche à son oreille et lui explique. Avec ce que j'ai avalé c'est comme si je lisais sur ses lèvres. Tu le mets là hein. La hauteur l'endroit l'angle. La fille se gondole se marre puis tourne ses os dans ses bottes et file direct aux waters. 


1.b

On sort de la boîte fissa. 
Loukoum arrive à la Mini s'affale à la place du mort et claque la portière avec son air de prince du pétrole évaporé pour toujours. 
C'est là, dans les chiottes du milieu que ça se passe.
De la banquette arrière lui montre mon Iphone. Y'a rien je lui dis. Rien de rien.
Enfin le plus souvent c'est là, croit-il utile de préciser.
Il essaye d'attraper mon bidule. J'esquive.
T'en sais quoi tu l'as fait ?
Et comment. Plein de fois, il me répond.
Hmmm. Combien ?
Tu parles il te la raconte.
L'autre derrière le volant c'est Roberto. Un rital en villégiature à Paris. Rencontré dans une soirée j'sais plus où. Il zone à la fac. En philo je crois. Kant et toutes les questions sur qui nous sommes. Mais c'est un marrant. Et pas radin, le Roberto. C'est lui qui raque les entrées dans les boîtes et les jéroboams quand ma tête de star ne suffit pas. Son pater est dans la boisson à Rome je crois. Business de l'ivresse. Import-export de rhum ou vodka un coktail comme ça.Normal que ça nous retombe du ciel.
Je te dis que c'est bon.
Oh on attend fait Loukoum.
Avec Roberto on baille.
Que des filles qui pissent. Pas de quoi se poiler plus de trois minutes. On voit rien en plus. Ton truc est nul.
Sur l'écran de l'Iphone on voit flou et sombre en fait. Manque de lumière ?On attend tout de même. C'est là que ça arrive. Un mec suit une nana et commence à travailler dur pour qu'elle s'en souvienne. Les fesses à l'air par-dessus la ceinture.
Tu vois fait Loukoum l'air d'avoir trouvé une nouvelle planète ou un truc comme ça. Qu'est-ce qu'il peut être chiant. Il va nous en parler trois ans maintenant de son coup du Stripes.
Mais ce que je regarde c'est le type mettre des coups de bucheron à la fille. On dirait qu'il la cogne tellement il la baise fort. Jamais vu ça. C'est comme si je venais de piger un truc. Ce n'est ni moche ni beau. C'est vivant. Je vois comme il a envie d'elle. Jamais vu ça.


1.c

C'est à ce moment que ça frappe à la vitre de la Mini.
C'est l'un des vigiles du Stripes. Un black plus taillé qu'un  morceau d'acier.
Je planque l'écran et Loukoum commence à baisser la vitre.
Mais Roberto ce crétin hurle de laisser tomber et démarre en trombe.
Le gars a le temps de mettre un coup de pied et de faire péter la vitre. De mon côté. J'ai des éclats de verre plein la tête mais qu'est-ce qu'on se marre.
Vafanculo crie Roberto je suis immatriculé à Roma.
Et sans doute une fausse plaque pour ne pas payer les contredanses je me dis.
Comment il a fait ça ? Ce con pèse une tonne et voilà qu'il met un coup de tatane comme une danseuse. On peut se fier à rien.
Ca rigole. Je jette les morceaux de verre dans la rue.
Tu vois Mikael, fait Loukoum. Tu passes plus à la télé mais on se marre toujours bien non ?
Dans ma main le type finit son truc vivant avec la nana qui lui fait un grand smiley et l'embrasse sur le nez. Puis le vigile arrive dans les chiottes et arrache la caméra.
Perte de signal. 
Le vaisseau martien a explosé se marre Loukoum. Plus de nouvelles de l'équipage. Roberto fait la tronche encore dix minutes puis on tourne autour de la place Dauphine pour se calmer avec l'air qui rentre dans la voiture par la vitre cassée.


_____________
2. a
Roberto sort une bouteille de Jack de sous le siège et nous la file. Ce con conduit comme un taré mais ne picole pas pour garder ses points. Va comprendre.
On va où fait Loukoum
On tourne encore, place Dauphine. On tourne des tas de fois. Mais rien.Mmême les couples échangistes ont quitté l'endroit. Rien pour se marrer.
J'ai deux ou trois soirées ou l'on m'a demandé de passer, je dis. Si j'y passe on me glissera quelques billets. Je reste une star figurez-vous.
Ca les fait poiler tous les deux et c'est vrai que j'ai dis ça en déconnant mais au fond je le pense. Si c'est pas moi qui fait ma réclame qui va la faire ?
Roberto se calme.
On passe à Levallois devant le grand bâtiment des services secrets on sait pas pourquoi mais on adore faire ça se la jouer avec eux. Encore une heure à traîner du côté de Montmartre, du côté de la rue Lepic. Mais là aussi c'est mort. La soirée d'anniv d'un écrivain à la mode est flambée. Y'a un type qui se prend pour un mentaliste sur scène et ses potes dans la salle. je le connais. C'est un réalisateur de film. Mais il a rien fait depuis des siècles. Loukoum ses pieds qui dépassent par la vitre avant quand il décide qu'on va aller se finir au 1515.



2. b 
Sur le chemin Loukoum et Roberto de me chambrer. De s’en payer une tranche au nom de ma popularité :  Et dans cent ans tu nous en parleras encore de la Ferme académie avec la grosse qui fait la cuisine et l’autre chanteur qu’on avait plus entendu depuis les Croisades tu sais celui avec les cheveux long et qui supporte même l’équipe de France de foot ces gros nuls. Qui ça ? Mais si le gars avec des bottes qui lui montent sur les cuisses et une tête de mousquetaire de la chanson c'te débile.

Je souris mais je ne dis rien. J’apprends à encaisser. Je bosse mon esquive là.
C’est ça être une star aussi. Savoir garder la face. Au fond c'est normal que les autres vous le fassent payer. Ils sont content de sortir avec vous, d'être pote ou plus. Mais devant les autres il faut bien qu’ils la ramènent. Sinon ils ont l’air trop minables. Je dois apprendre à serrer les dents. C’est dur j'avoue. Mais je craque et m'énerve de moins en moins souvent. Mon secret c'est de me dire souviens-toi lorsque tu étais un inconnu comme eux. Que tu n'avais pas gagné ce jeu télé. C'est simple. T'existais pas. Même à tes propres yeux.
C'est dur d'être inconnu.
Et là je respire. Tout ce qu'ils m'envoient, leur saine jalousie, me passe dessus comme l'eau sur le cuir de l'éléphant. C'est tout simple la vie au fond.

2. c
Bon faut pas non plus trop que je fasse le malin. Côté vedette de la télé je sens bien que je commence à être un peu oublié. Déjà des filles se souviennent de moi mais plus de ce que j'ai fait ou dit. Parfois elles me confondent avec un acteur. Pire, un journaliste.  Je suis obligé de dire mais non tu sais bien petit oiseau j'étais dans la Ferme et alors je l’ai gagné ce jeu à la con tu te souviens bien non surtout que je faisais des phrases que tout le monde en parlait après ? Des phrases comme Van Damme, sur les albatros les nuages et tout.
Non je sens bien que ça file. Il faut que j’en fasse un autre, de jeu, sinon d'ici six mois plus personne saura que j'existe. Et en attendant il faut que je la ramène à la télé. Que je dise n’importe quoi qui a l’air intelligent chaque fois que je suis devant une caméra. Ca marche pas mal ça. Raconter n'importe quoi ça les fait poiler. Quitte à ce qu'ils me prennent pour un débile grave M'en fiche. C'est moi qui contrôle la situation. Tu les fais marrer et ils te ré-invitent. Et tu fais ton bizness derrière. C'est tout con non ? Voire, si je reste connu un an ou deux après ce sera bon je serai invité tout le temps comme toute cette bande de crétins qui passent tout le temps dans les émissions pour vendre des bouquins ou des disques nuls qu'ils ont fait faire par d'autres.

1515 on est arrivés tu descends la célébrité, on va déjà voir si tu nous fais rentrer gratos ma poule, fait Roberto.
Y lit dans mes pensées ce con ?

_______________
3.a
Tout marchait bien. On avait même réussi à avoir une table avec vue sur Paris alors qu'on avait rien réservé. J'avais été reconnu.
Puis le type qui s'occupe des boissons est venu nous faire tout un plat et on a décidé de prendre du champagne rien que pour le fatiguer ce pingouin.


3.b
L'actrice vient s'asseoir à la table à côté. Une vieille qui doit avoir dans les quarante mais depuis qu'elle a joué dans un James Bond tout monde dit que c'est la fille la plus sexe de Paris. Je ne sais pas ce que Loukoum s'était enfilé dans le nez depuis qu'il avait disparu plusieurs fois, mais l'actrice il ne la quitte pas des yeux. Pire qu'un radar de tir.
Il dit : Mais si vous savez bien, elle a fait un film où elle joue une actrice porno, non, une pute qui raconte ses souvenirs dans un carnet, et fait un roman avec et devient célèbre et tout. Je suis sur que c'est un signe qu'elle soit là.
Un signe ?
Oui toi tu t'en fiche t'es tout le temps invité dans les soirées promo et les partouzes de la haute depuis que tu fais vedette. Tu rencontres qui tu veux même Obama si tu te fatigues un peu. Mais moi, je suis sur que croiser une fille comme ça, c'est mon destin, mais j'aurais pas quarante tickets. Tu captes ?
C'est Roberto qui lui explique que dans le resto ou on était il fallait faire comme si la fille était pas là. Et surtout ne pas la reluquer comme si t'allais la bouffer ou sinon on allait se faire virer subito.
Sage, à la niche, quoi.
Ca a l'air de le calmer, l'idée de devoir lâcher son destin avant même d'avoir rien commencé.
Il arrête de saliver et de la manger des yeux trois minutes.
Tout le monde se calme.
La perte de contrôle a commencé pendant que je parlais avec Roberto, qui se demandait s'il allait faire réparer sa bagnole ou changer de modèle, quand Loukoum est passé sous la jardinière entre les deux tables.

3.c
Le voilà qui émerge comme un mineur de son puits, sous la table voisine, entre les cuisses de l'actrice qui pousse un hurlement comme si elle voulait pêter toutes les vitres de la tour Eiffel à c't étage. Et il ya de la surface. J'imagine l'ardoise. Heureusement c'est du double vitrage et ça tient.

Tous les serveurs et les vestes noires rappliquent et demandent avec l'air d'avoir très envie qu'on dise une connerie pour pouvoir nous massacrer à coups d'extincteurs :
Monsieur s'en va ou vous dégagez tous ?
J'ai fait : oh non lui ? je ne le connais pas. C'est une rencontre de cinq minutes.
Mais vous êtes arrivés ensemble a fait le pingouin chef à moustache grise
Mais on peut arriver ensemble sans se connaître, nooooon ?
Ils hésitent. Ca flotte quelques instants.
Loukoum me regarde comme Judas.
Faut dire que je suis en pétard et puis je vois d'ici le scandale dans les journaux people. Mikael de la Ferme Célébrités tente de voler le slip de l'actrice X.
Finalement l'actrice respire encore et dit qu'elle avait bien vu que les deux autres (nous) avaient essayé de retenir Loukoum le satyre. Que c'est quand même un peu une circonstance atténuante. Qu'elle ne veut pas d'un gros scandale non plus. Finalement on reste assis avec Roberto tandis que Loukoum se fait  descendre dans l'ascenseur par les vigiles de la tour.
Et puis j'imagine que les flics l'attendent en bas, qu'il passera la nuit au poste et demain on s'occupera de lui, on lui changera les idées on lui offrira ses chocolats préférés c'est la vie tu vois tout ça.
Bref à ce moment-là tu vois je suis aussi loin de me douter du bordel qui va se passer que de marcher sur l'eau...
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4.a
On met cinq minutes puis on descend à notre tour. A la fois en se marrant et un peu avec la honte d'avoir laissé tomber Loukoum. Même s'il est gavant avec sa façon de faire toujours le truc en trop qui fait que ça tourne à la cata il faut dire qu'avec lui on se marre vraiment.
C'est Roberto qui en parle mieux que moi. Dans l'ascenseur qui descend avec son accent rital à faire marrer  il dit : c'est con mais je connais personne de plus marrant, no limits.

4.b
On demande au car de flics en bas. Non personne n'a été embarqué. On tourne un moment dans le quartier.
On le cherche.
Ou peut-il être ?
Dans l'état où il est ? 
Je parie au Bowling du bois.

4.c
Bingo. On le retrouve là, qui se finit au black russian devant les pistes désertes.
Mais sinon c'est mort comme ambiance et il n'y a pas une rate sortable. On va sur les trois heures. On pourrait aller aux Halles, non ?

Dans le parking du bowling, sous les arbres, il y'a toutes les bagnoles des dragueurs des champs. Des Porsche et des BM gonflées pour le menu fretin. Mais aussi des muscle cars customs et une Aston Martin parfaite. Mais ce que l'on voit le plus, c'est un gros monstre un peu plus loin, derrière un 4x4 minable qui ressemble à un fer à repasser volant.
La cahutte du voiturier est vide.
Y'a plus de service, fait Loukoum

Attendez.
Le voilà disparait encore. Quand il revient c'est avec quatre bombes de peinture dans les mains et sous les bras. Hey, j'avais repéré un sac abandonné par des tagueurs, dans une poubelle...
C'est quoi ce plan à la con ? 
Il en reste assez pour une petite fresque sur le tas de ferraille, là... Je déteste ces bagnoles à la con mais surtout les mecs qui te les agitent sous mon nez. Tu trouves pas que celle-là elle ressemble à un gros minou ? Et voilà mon Loukoum qui commence à tagger des moustaches à celle du fond, la plus spectaculaire, une Koenigsegg nacrée dernier modèle. Bonjour la connerie. C'est le festival ce soir. Il faudra qu'il arrête les poppers.
Il s'arrête nous regarde l'air de dire et alors on se dégonfle. T'en as pas marre je luis dis. Roberto toujours trop clean fait non pas question. Moi comme un con du coup je me marre. J'ai presque autant picolé et snifé que lui. Et je suis trop content d'avoir retrouvé mon Loukoum pour lui refuser une petite connerie. Je regarde partout et ne vois pas de caméra. Ok, moi je lui fais un joli cul rose, à ta caisse.
Je m'applique. Je mets bien de la couleur sur les fesses de la supercar.
Tout d'un coup ça crie et ça part dans tous les sens. Je me lève et je démarre aussi mais là c'est pas de chance. Mon pied qui bloque et ma jambe qui me lâche. J'entends les potes qui filent.

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5.a
Lorsque je me réveille je suis dans le noir. Et mon crâne et comme une bouteille dont on aurait fait gicler tout le gaz. J'ai les mains attachés dans le dos. J'entends un moteur et ça bouge. Tout sent la moquette.
Le salaud. Je suis dans le coffre de sa voiture de bouffon.


5.b
Sors de là y me fait
Sors je veux bien mais comment gros maboule. En plus avec le scotch que tu m'as mis sur la figure tu veux quoi ? 
Autour de nous des poutres de béton et des néons. Une sorte de garage industriel mais en plus petit. Comme un atelier.
Le gars maintenant je le vois. Il a le front aussi bas que les épaules épaisses. Lui manque juste un calot et un uniforme gris et y ferait un spetnatz aux hormones de premier choix. Rien sur son visage. Rien je veux dire que c'est comme s'il ne me voyait pas.
Il me soulève et me sort du coffre comme si je pesais le poids d'une boîte de maquereaux.
Il me sort juste et me pose, toujours attaché et muselé, à côté d'une sorte d'établi. De là je vois la bagnole. C'est pas la Koenigsegg.
C'est une pourriture de Toyota marron.
Merde c'est qui ce mec ?


5.c
Je me sens encore plus inquiet comme si c'était possible. Je dis inquiet mais là je sue la trouille et je sens cette odeur sur moi.
Si ce mec n'a rien à voir avec la Koenigsegg, alors c'est qu'il ma cueilli comme ça, comme une fleur pour son bouquet ou je sais pas quoi, ou un papillon pour sa saloperie de colles, où il punaise les paillons. Merde personne ne sait où je suis ni avec quel connard je suis.
Je pense à des trucs. Des films. des faits divers. Des filles retenues dans des caves.
Salaud je suis pas une fille tu me veux quoi ?
Aucune chance. Je suis attaché avec des sangles solides. Sauf s'il a oublié de couper mon Iphone. On me trouvera à la trace....
Y s'active autour de la bagnole, sort des sacs, les range dans des placards. Fait un tas avec ses autres affaires dans un autre, avec des gants qu'il retire. Il sort avec ce sac là et revient plus tard combien de temps je ne sais pas mais ça me parait plus long que tout ce qui s'est déjà déroulé de ma vie.
Vu la dégaine du type et comment il range ses petites affaires de manique ça m'étonnerait qu'il ait oublié de couper mon Iphone. Il a dut le balancer. Et faire le ménage de tout ce qui pourrait conduire à lui. Non mon Iphone je ne le sens pas dans mon blouson.
Putain j'ai la panique. Bien raide qui monte en moi et me noie par la gorge.
Je me crois dans un film mais je suis pas dans un film. C'est ta peau qui est serrée par une sangle et qui crame sous l'adhésif.
Calmos. 
Pourquoi ce barbouze ferait des manière à planquer des trucs dans des sacs de l'autre côté de la bagnole ? On dirait qu'il ne veut pas que je voie.
Ouais. On se raccroche à tout hein.
Si ce mec voulait en finir avec toi va savoir, y ferait pas de manières.
Le voilà qui revient vers moi.
Il m'attrape sous son bras et me soulève.
Ses mains sont énormes et rêches. Ses vêtements sentent le peintre ou le maçon. L'odeur d'un honnête travailleur.

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VI.a
Jessica tirait nerveusement la jupe et son tailleur élégant de chez Zara vers le bas. On s'obstine à s'habiller sexy ensuite on tente de passer inaperçue.
La jeune femme aux cheveux longs et noirs observait le parking depuis le premier étage du bowling, une sorte de salon de thé servant d'antichambre au club de bridge fréquenté par les membres du Country Club voisin.. C'est la présence de ce club où l'on parlait davantage projets et affaires et commissions que le parking était garni de grosses cylindrées. Un jour férié. Un jour désert. Un jour idéal.
Trop sexy ? Oui sauf que je ne m'habille pas pour épouser un type plein d'oseille qui puisse m'entretenir jusqu'à la fin de ma vie une fois que j'aurais divorcé et piqué la moitié du blé que lui-êmem aurait piqué à des braves gens dans l'immobilier ou alors à des requins des banques en leur vendant des saloperies pour décorer leurs maisons de campagne de l'île Maurice à la manière de ces ploutocrates russes se dit-elle.
La jeune femme retira la main de sa jupe maugréa contre ce tic qui trahissait sa nervosité ou son plaisir. A part cette petite faille elle s'estima parfaite dans son attitude et son contrôle d'elle-même.

VI.b
Le dispositif était d'une simplicité de jeu de société. Quelques minutes auparavant sous le siège de la voiture mister Jack avait disposé un petit conteneur gris. Il contenait un minuscule réservoir de gaz sous pression et un dispositif électronique relié à la centrale de la voiture par une liaison provisoire.
A l'instant où Vassily Dietrov poserait une fesse dans son siège et aurait refermé la portière, Jessica pourrait téléphoner un message crypté à l'adresse du système. L'injection étant coupée par le dispositif pirate, les portières condamnées et les vitres bloquées, le nuage de gaz se répandrait dans l'habitacle sans rencontrer le moindre obstacle. Il suffirait de deux ou trois respirations de Vassily. Le monoxyde de carbone est inodore, insipide, et très toxique? Il empêche les globules rouges de se charger en oxygène. L'hypoxie brutale ferait perdre conscience au banquier. Puis il mourrait noyé en quelques dizaines de secondes. Un autre signal et la voiture serait ventilée. Mister Jack n'aurait plus qu'à déconnecter le système, à le remballer.
On penserait à une crise cardiaque. Si l'on procédait à une autopsie, on découvrirait une intoxication au monoxyde. Un défaut avait été aménagé dans le système d'échappement de la voiture. Me^mes les voitures de sport les plus coûteuses du monde ne sont pas à l'abri d'un défaut d'étanchéité d'une soudure inox. Un stupide accident.

VI.c
C'est à cet instant que le trio d'abrutis à casquettes et pantalons sur les fesses avait fait irruption dans le champ visuel de Jessica. Pas des types de banlieue, non. Jessica identifia dans la lumière rare des lampadaires que les trois garçons sortant du bowling étaient "loockés". Les portraits robots d'une jeunesse désoeuvrée, ingurgitant tout ce qui trainait pour tenter de repeindre sans effort le monde en quelque chose de négociable de monnayable ou de palpitant.
Et l'un de ces crétins secouait des bombes de peinture. Ces demeurés avaient décidé de repeindre la Koenigsegg.
Jessica activa la liaison avec Mister Jack
- Sortie de piste.
- ... ?
- Je répète. Sortie de piste.
Le plan bis avait été préparé. Jessica s'occupait de couvrir les arrières et de surveiller les accès. Mister Jack devait régler le problème et effacer les traces. Il avait effarouché les artistes, récupéré le dispositif à gaz et fait le ménage. En découvrant sa mécanique de 700 chevaux peinturlurée par les jeunes cons Vassily ne se douterait de rien. Il serait bon pour lui refaire une peinture, à sa beauté.
Du côté des commanditaires, cela allait sans doute grincer des dents.
Cela faisait partie du jeu. Gérer les impondérables. Amortir le hasard. L'orienter en leur faveur et sans laisser de trace. La théorie du hasard et du silence.
Ce que Jessica ignorait encore davantage que le nombre de galaxies dans l'univers, c'est qu'après les quelques instant qu'il avait fallu pour récupérer le dispositif Mister Jack était ressorti de la voiture de Vassily comme une fusée, avait hâté le pas et s'était fait rentrer dans le buffet par le troisième couillon qui surgissait de nulle part.
La boîte était tombée, s'ouvrant et s'étalant sous les yeux des deux hommes.
Mister Jack n'était pas un joueur d'échec ni un génie en mathématiques mais l'expression sur le visage du jeune qui le dévisageait exprimait ce qui lui venait à l'esprit aussi clairement que si cela avait clignoté en lettres de néon géant : "merde ce n'est ni un vigile ni un voleur d'auto-radio, et ce truc ressemble à une bombe".
Conscient que la situation devenait trop complexe pour être clarifiée sur le champ, et que sa propore peau commençait à rétrécir, Mister Jack avait en une sorte de réflexe adressé un uppercut à la mâchoire du blondinet puis enfourné l'inconscient dans le coffre de la Toyota volée.

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VII.a
C'est en quittant le boulevard périphérique en direction de l'ouest, par l'autoroute qui se glisse entre Versailles et Vaucresson que Mister Jack commença à tenter de dresser un tableau de la situation. Il commença par tenter de dissiper les reproches. Il avait été placé dans une situation sans issue. Sans mettre la mission en péril il ne pouvait ni liquider le gamin sur place ni ne pas agir.  Et parfois ne fait-on pas certaines choses comme si les bras et les mains qui s'agitent sous vos yeux et agissent appartenaient à quelqu'un d'autre ?

Avait-il ramassé tous les indices ? Effacé toute trace ? Dans le noir entre les lampadaires il ne pouvait en être certain. Au passage il avait du ramasser cette casquette à strass qui était tombée au sol lorsqu'il avait assommé le jeune. Puis il avait découvert en soulevant le corps inconscient que le minet se parfumait avec un truc impossible et enfin  au contact contre sa peau il avait découvert que son visage épilé. Tu images ça. La barbe épilée se répétait-il en suivant les feux des autres voitures sous le tunnel de Saint-Cloud. Ces jeunes ne savent plus comment faire les marioles. Non les deux autres avaient filé comme des lapins. Pas de danger de ce côté.

Ce que Mister Jack ressassait et remâchait dans sa tête aurait pu se résumer en : je n'ai pas été professionnel.  La seule attitude sérieuse d'un tueur dans sa situation (cette remarque l'amusa, qui faisait des sondages sur des tueurs dans sa situation) eut été d'effrayer les trois mômes sans se faire trop voire en jouant les gardiens de parking, de s'assurer que la voie était libre, puis de récupérer la cartouche de gaz et enfin de s'éclipser discrètement sans laisser de traces. D'ici quelques semaines ils reprendraient leurs filatures de Vassily ou alors une autre équipe serait mise sur ce dossier-là peu lui importait.
Oui. Il n'aurait eu aucun besoin d'attraper le gosse s'il avait agi avec méthode.

Mais ce n'était pas tout. ce n'était pas ce qui revenait sans cesse à son esprit.
Non ce qui revenait c'est qu'il avait eu envie d'attraper le jeune.
Comme on attrape une bouée.
Il y avait pris plaisir.
Ou que l'on lache prise. C'est un peu le même geste non ?
Il était stupéfait de cette pensée.
Il chassa cette remarque mais il savait dans le même temps que déjà elle revenait.

VII.b
Et maintenant ?
Trois questions clignotaient devant l'esprit relativement ralentit par des séquelles de combats à l'intérieur du crâne d'ancien boxeur de Mister Jack.
La première trouvait facilement sa réponse. En prenant la sortie vers Mareil et le forêt de Marly il en était arrivé à la conclusion qu'il ne faudrait que personne n'apprenne ce qu'il avait raté. A commencer par Jessica. Cette fille était un varan à la gueule empoisonnée. Elle ne vous lâchait jamais, attendait avec une patience de colonel russe le moment ou vous fermiez un oeil puis vous mordait avec sa gueule pleine de pourriture et c'était fini. Sa seule façon de faire dans l'existence consistait à simplifier les choses. Les varans comptent sur l'empoisonnement des proies qu'ils ont blessées et les regardent mourrir avec indifférence, à petit feux. Avec une radicalité d'animal à sang figé Mister Jack soupçonnait Jessica d'avoir étouffé sous l'oreiller des amants à qui elle n'aurait pas su quoi dire le lendemain.  Il eut une petite crispation à l'estomac en se souvenant de quelle manière elle avait effacé le Pakistanais qui leur avait procuré les explosifs, lors d'une opération à Kaboul. Le type avait commis l'erreur de garder une partie du lot pour la commercialiser à son propre compte. Jessica n'avait pas gâché une seconde pour discuter. Elle avait serré le gars entre ses cuisses et enfoncé une aiguille de son chignon dans son oreille. Mister Jack avait déjà vu s'éteindre des tas de gens. Mais il n'avait jamais vu tuer comme on souffle la flamme d'une bougie.


VII.c
La seconde question était qu'elle issue réserver au jeune. Il s'avouait qu'à ce stade il ne savait pas répondre. De toutes les manières il ne désirait pas l'éliminer à Mareil. Ils auraient encore besoin de cette base arrière. Jessica demanderait des explications s'il lui annonçait qu'il fallait évacuer la petite datcha à l'orée des bois et cette fille était suffisamment méfiante pour éventer tout racontar du genre les voisins sont méfiants.
Le troisième point était en fait encore plus délicat. S'il ne l'éliminait tout de suite, qu'allait-il faire de son "invité" en attendant ?
Et Mister Jack n'était pas un tueur. Il était le gros bras de l'opération le factotum. Mais l'esprit fatal c'était elle.

Pour être précis Mister Jack n'avait jamais ôté une vie sans en avoir reçu l'ordre.
Là il se trouvait dans une situation étrange. Comme entre deux vérités. S'il avait connu le mot l'ancien boxeur aurait dit "dilemme".
C'est là qu'une idée étrange trouve son chemin entre les voiles noirs de son cortex. Une idée tellement saugrenue que le colosse au front bas et aux lunettes épaisses fut prit d'un mouvement de soupape, d'un  rire silencieux et incongru.

Cela tapa dans le coffre.
On était réveillé et l'on se demandait ce qui se passait.
Après tout le gosse n'avait rien fait.
Cela ne serait pas simple, fit une voix discordante en lui.
Oui mais rien n'est simple.

Il faut que je dorme de se dit Mister Jack.
Et le gosse aussi.
Je vais vider la voiture, le mettre au chaud et lui donner un cachet.


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VIII.a
Malgré l'orage dehors et les questions qui se bousculaient, Mikael en était fasciné.
Depuis qu'il s'était réveillé, sans doute en fin d'après-midi, Mister Jack jouait de la guitare.
Le cerbère faisait grincer deux accords depuis des heures. Les deux mêmes accords, en pincant les notes comme s'il allait arracher les cordes. Variant ici ou la position d'un doigt énorme sur le manche de l'instrument qui entre ses bras ressemblait à l'un de ces trucs hawaiiens. Une guitare pour gamin. Non un ukulélé. Cela produisant d'inépuisables dissonances et c'était une parfaite horreur qui s'ajoutait à sa peur.
La pièce unique de la cabane était minuscule. Mikael s'était retrouvé précipité sur un matelas posé au sol. L'étonnant était que le tas de muscles avait poussé la délicatesse jusqu'à recouvrir un poignet de son invité de compresses et de sparadrap de manière à protéger la peau du frottement du métal.
Un autre soir approchait. Cela faisait une journée entière que le tas de muscles le retenait et l'autre ne lui avait pas adressé un mot.
Aux gestes et aux mouvements des corps Mikael avait finit par comprendre que tout cela était fait sans haine. Qu'il bénéficiait d'une d'une sorte de grâce. Que s'il rompait le charme il se passerait ce qui aurait pu se passer sur le parking. Peut-être quitterait-il la vie d'un claquement de doigt dans l'indifférence des planches de cette cahute, des arbres qui l'entouraient, des corneilles qui se disputaient dans les fourrés.



VIII.b
Tout en laissant ses énormes doigts écraser le manche de l'instrument, Mister Jack continuait à sentir ses pensées s'agiter. Cela n'avait rien de désagréable. A vrai dire il n'avait rien d'autre à faire d'ici à ce que que Vassily redevienne une cible et que Jessica organise une nouvelle opération.
Tu parles si Jessica apprend que tu as été vu par le gosse, que tu l'as embarqué et que tu ne t'en es pas débarrassé elle lâchera les loups. Tu seras devenu une priorité.
En laissant l'autre voix en lui dire cela, Mister Jack sentir sa détermination à laisser le gamin respirer prendre une courte avance.
Ce que le tueur ne comprenait pas c'est qu'en fait de sa vie il n'avait jamais décidé de tuer. Il l'avait toujours fait sur ordre. Dans cette situation inédite, et à ce stade, avouer son initiative reviendrait à se condamner à mort. Et prendre la vie du gosse ne lui avait pas été commandé.
Mister Jack était incapable de le formuler aussi clairement. Mais pour lui c'était une toute autre histoire d'agir sur ordre que de le faire de sa propre initiative. Exécuter ou décider : rien à voir.



VIII.c
J'ai faim, fit soudain le géant.
Oui moi aussi fit Mikael davantage pour briser le silence qu'autre chose
Oui mais c'est toi qui va faire la cuisine. Il va falloir te rendre utile.
La starlette de téléréalité n'en crut pas ses yeux.
L'autre arrivait avec une bassine pleine de pommes de terre et un économe.

Ce fut seulement à cet instant que Mikael réalisa que l'autre avait un accent à couper au couteau. Un accent dont il ne parvenait pas à saisir l'origine. Quelque chose de slave. Ou d'oriental. Entre les deux. Quelque part dans le grand bordel entre la Turquie et l'Inde se dit Mikael.
Cela laissait de la place.

Mister Jack reprit sa guitare se re-percha sur sa chaise minuscule et recommença à produire les deux mêmes insupportables accords de l'autre côté de la table de l'unique pièce de la cabane.
Mikael commença à éplucher les patates en le regardant par en-dessous.
Mais que lui voulait ce cinglé ?
Il eut un désir immense de hurler de rage d'épuisement et de curiosité et de dépit. Il se retint avec peine, se pinça les lèvres en se souvenant du regard derrière les lunettes. Un regard sans animosité. Mais un regard assez vide de toute vie pour introduire dans sa poitrine une lame d'effroi .
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IX.a
Il l'avait trouvée facilement. Il n'y avait pas d'autre voiture garée au lieu de rendez-vous que la Polo de Jessica.
- Portable éteint ? demanda-t-elle.
Il posa la petite batterie sur la table de pique nique en chêne.C'était un jour de semaine et autour d'eux seul le vent seul jouait avec les arbre et faisait tomber quelques feuilles.
- Je croyais que durant le tournage on ne devait jamais se voir. Ne se retrouver que pour réaliser la scène prévue au calendrier fit M.J.
C'était Jessica qui avait imposé cela aussi. Ne pas se voir, chacun dans sa planque banale, une voiture volée pour les réunir au moment de l'action. Des voitures louées le reste du temps. Mais encore la métaphore cinéma. Ne jamais même en lieu public n'utiliser qu'un vocabulaire autre que celui du cinéma. Le plan était le scénario, l'action le tournage, le meurtre le climax etc. Au cas où l'une de leur conversation serait surprise ou écouté cela restait assez discret du moins confus.
La situation de la production est spéciale avait dit la jeune femme dans le message crypté envoyé par sms et elle lui avait donné rendez-vous dans la forêt de Rambouillet.
Sur une aire de pique nique du parc animalier.
La forêt était pleine de bruits d'aigles et de cerfs en rut.



IX.b

Elle avait tiré ses cheveux pour en faire une queue de cheval et portait un imperméable vert mastic. Tiré était un euphémisme. M.J. se dit qu'elle avait du se suspendre au plafond pour obtenir une liasse et un ovale de son crâne aussi parfait. Ovale de toute beauté s'était-il dit en arrivant et la découvrant installée .
Elle laissa le silence de la forêt se poser entre eux.
- Tu veux annuler le tournage de la scène finale ? fit M. J. en contemplant les arbres roux sous le soleil de la fin d'après-midi.
- Qu'est-il arrivé au figurant ?
M.J sourcilla sans répondre
Un des trois petits rôles a disparu. Les journalistes en parlent. Tout le monde le cherche. Il parait qu'il est déjà célèbre, il avait participé à une émission de télé.
Les deux autres ont craché le morceau ?
Aucun risque. Ils ne vont pas aller se vanter. Mais on dirait qu'ils ont signalé la disparition du troisième un certain Mikael V. Le signalement correspond à ce que j'avais vu.
Que veux-tu que j'en sache. Je les ai vus filer tous ensemble pas toi ?
Je surveillais la sortie du club et du bowling je ne regardais pas de ton côté. Tu es sur que tu ne l'as pas ?
Pas quoi ? (il hésita, la maudit et fit un effort pour chercher un mot qui aille avec l'ambiance cinéma) Climaxé ?




IX.c

En rentrant vers la datcha au volant de la petite Fiat de location MJ se dit qu'il avait eu de la chance.
Si Jessica avait débarqué à Mareil sans prévenir il aurait été dans une situation tout à fait acrobatique.


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X

La Polo était garée à cent mètres de l'entrée de la datcha. La voie est trop étroite pour se ranger là. De l'autre côté un mur entoure la forêt de Marly, un mur construit pour piéger les animaux des réserves de chasse de Louis XIV.
Ce que M.J. n'avait pas prévu c'est qu'elle soit là avant lui.
Il dépassé les buis marquant l'entrée de la datcha et se rangea plus loin, sur l'Echelle. Pas la peine d'attirer l'attention.
Il hésita de longues minutes derrière le volant.

X.b
Elle avait sans doute trouvé le gosse. Elle s'était doutée de quelque chose et elle était venue fouiller. Qu'allait-il lui dire. Il se doutait que son avenir était incertain. Filer ? A son âge ? Et puis on verrait bien. Il avait bien hésité à se débarrasser du môme. Peut-etre un autre imprévu se produirait-il ?.

X.c
IL la croisa comme elle sortait
Oi excuse moi. Je ne t'avais pas dit. J'avais oublié.
Je voulais récupérer le matériel.
Oui. Les effets spéciaux. Mais ce n'était pas prévu.
Non mais il vaut mieux regrouper
Elle le soupesa d'un regard sans fond puis elle fila.
Il en tremblait. Elle était venue fouiller mais n'avait pas trouvé le gosse.



......
......


Les folles danses de la matière molle

En réussissant à produire dans un banal ruban de matière molle (silicone) des phénomènes ondulatoires complexes et inattendus (ondes de Dira...