27.3.07

Une bulle dans le chocolat

Déplacer une question, c'est voir le monde autrement. Qui ne connait Hervé This ? En général on précise le "cuisinier scientifique". Il s'agit du chercheur (et patron de labo) de l'Inra qui passe, mine heureuse, à la télé, en compagnie de grands chefs étoilés à qui il pose des colles fortes de café : "à quelle température cuit un oeuf, ou comment réussir sa mayo même quand c'est raté". Au début les chefs, parfois, faisaient euh... Aujourd'hui ils font feu de toutes bûches, surenchérissent, comme Pierre Gagnaire avec qui Hervé évolue souvent en trapèze volant. Je profite. La parution du dernier livre d'Hervé, commis avec Marie-Odile Monchicourt (inutile de chercher, oui ce sont des amis tous les deux) aux Editions Odile Jacob ("Construisons un repas", Ed Odile Jacob, 192 p 23 €) constituant l'occasion de vous murmurer quelques trucs et astuces évadés de sa cuisine. L'air de rien, voici de la science, du savoir, de la philosophie, des voyages et du plaisir.


credit photo
Je commence, pour ce post, avec l'invention d'Hervé que je préfère. Pour sa simplicité, son élégance scientifique, mais aussi par le fameux résultat gustatif. A commettre avec des enfants. Rigolade assurée.


Principe
Une mousse au chocolat ? Trop gras. Trop sucré.
Comment faire autrement ?
Facile. Remplacer les matières grasses du beurre et les oeufs, par celles du chocolat (ce genre de glissade-cabriole c'est du This tout craché. Mais oui, le chocolat est déjà gras) et la crème fouettée (ce qui fait les bulles) par une descente en température du chocolat qui les emprisonne, les bulles. Penser à ajouter de l'eau (celle du beurre et de la crème ayant disparu) pour obtenir une émulsion au chocolat.

Action
Faire chauffer 200 grammes d'eau et y introduire 225 grammes de chocolat noir. Feu tiède. Mollo. Une fois bien fondu, remuer. Puis quand on est content (doser eau et chocolat si besoin) placer la casserole "cul dans la glace" (dans une autre marmite remplie de glaçons), puis battre vigoureux au fouet. A mesure que l'émulsion se solidifie, les bulles d'air sont piégées. Inéxorable. On obtient quelque chose de léger, différent : la texture n'a rien à voir avec celle d'une vieille mousse. Et si soudain exhalté on veut aller voir plus loin encore, on peut quitter l'eau pour de l'orangeade, du thé, un alcool...

L'écologie c'est l'enquete.

Au hasard de mes papillonnages sur la toile , une "nouvelle" qui en effet m'avait échappé :

Le dauphin de Chine, ou Baiji a officiellement été déclaré éteint en décembre 2006. Mentionnée par de nombreux sites spécialisés, cette consternante nouvelle n’a pas été reprise par les grands médias, à croire qu’il s’agissait de la disparition d’une vague espèce de moustique comme la Terre en compte par milliers. Pourtant, le Baiji n’était pas-un animal « comme les autres...
(trouvé sur le site de Jacques Riguidel : http://www.globe-puissance9.com/agenda/actu.php)

Touché, d'autant plus qu'avec mes (excellents) camarades de l'association des journalistes scientifiques (AJSPI), nous avions traversé le site du barrage des Trois Gorges, fin 2005.









"Vu" les Trois Gorges serait un immense mot. Les autorités de l'ouvrage et de la province ne nous ayant autorisé qu'un très vague "survol" touristique des lieux, éludant nos questions "non techniques" au moyen de grands sourires, nous interdisant l'accès au centre de contrôle. Seule l'enquête...

un autre post à ce sujet :
... le barrage des Trois Gorges construit sur le Chang Jiang , et qui doit être mis en service en 2009, a vraisemblablement précipité l'extinction de ce dauphin fort peu connu du grand public.
Votée par l'Assemblée populaire de Chine en 1992, avec un nombre record d'abstentions et d'oppositions au projet, la décision de construire le plus grand barrage du monde allait pourtant à l'encontre de décisions antérieures prises en faveur du mammifère.
http://www.sciencesetnature.org/article_lecture.php?clef=247&caractere=2413
vraisemblablement ?
Seule l'enquête...

Le post précédent, et la complexité des relations développement-environnement résonne en écho au papier enflammé ci-dessous (je ne poste que le début), à propos de biocarburants et expédié par l'association kokopelli (qui défend les semences anciennes et la variété génétique).

Mettez du sang dans votre moteur! La tragédie des nécro-carburants
(lien : http://www.kokopelli.asso.fr/actu/new_news.cgi?id_news=90)
Campagnes d'intoxication
Au Salon de l'Agriculture 2007, une partie du hall 2 s'était transformée en salon de l'automobile! Ils étaient tous là, Peugeot, Ford, Renault, etc. Avec des grosses planètes qui pendaient du plafond et des petites fleurs peintes sur les portières des voitures. Emouvant: ils clament haut et fort qu'ils vont sauver la planète avec l'éthanol et les huiles de colza!
Les grands slogans sont lancés: biodiesels, biocarburants, or vert, carburants verts, "le carburant qui voit la vie en vert"... L'édition spéciale Ford des Cahiers de l'Automobile titre "Bio-Carburants", Bio faisant 7 cm de hauteur et carburants faisant 1,5 cm de hauteur: les grands pièges de la sémantique pour endormir le peuple. Le même magazine en page 7 titre "le bio en 40 questions". Quel "bio"? Est ce une nouvelle abréviation pour "biocarburant"? Plus l'intoxication est grosse, mieux elle passe! Pourquoi se gêner?
Les 40 questions sus-dites concernent les agro-carburants et nous apprenons que l'éthanol ne se boit pas (aucun risque d'accroître l'alcoolisme dans ce pays!), que l'utilisation des pesticides baisse depuis 10 ans (témoin l'accélération du nombre de cancers!) et que la baguette de pain ne va pas augmenter! Il est vrai que si la baguette augmentait de 100 % comme la tortilla au Mexique, les Français tortilleraient du nez. Il ne faut mieux pas toucher à la baguette!
Ce n'est que le début (de l'article)...
Seule l'enquête ?

credit photo (champs de maïs)

Le même jour, à la télévision nationale de notre beau pays, un journaliste scientifique souriait à la caméra, brushing, cravate, s'extasiant sur les performances très performantes de notre nouveau TGV Est à 63 Euros l'aller simple. En 2h19. Quelqu'un a parlé du coût écologique de cette option ? De choix de réseau et de prestation de la SNCF ? Des compléments rail/route ?
Seule l'enquête...

Il me semble, mais ce n'est là qu'un sentiment, notez bien, que l'écologie "journalistique" consisterait à commencer par prendre tout discours "officiel" quelqu'en soit l'émetteur (entreprise, parti, association, autorité...), avec de longues pincettes. Les faits et les arguments. Le reste nous noie. Soumettez votre média préféré à cette critique. Respecte-t-il ce principe ?

26.3.07

Mauvaises intuitions (ah, les probabilités)

Combien de personnes faut-il réunir pour avoir une chance raisonnable que deux invités aient leurs anniversaires le même jour ? La réponse est 23, pour avoir une chance sur deux (Richard von Mises, mathématicien) et cela choque passablement notre intuition. Pourtant le calcul montre qu'à partir d'un groupe constitué d'une soixantaine de personnes, cette probabilité devient même supérieure à 99 %.
Si l'on en a l'occasion, ne pas manquer de plaisanter avec cela. Devant un amphithéatre, une assemblée quelconque de deux cent ou trois cent personnes, lancer quelques dates au hasard. Vous ne tarderez pas à tomber sur un anniversaire partagé par 2, 3 ou 4 personnes. Succès garanti. On peut aussi taper au hasard. Bonjour madame, ne seriez pas née le même jour que moi ? Assez vite, on trouvera. On criera à la magie ! Au destin des dieux !
En fait intuitivement la plupart d'entre nous estiment cette probabilité très faible car ils pensent au fait que 2 personnes soient nées le même jour de la même année. Une coincidence dont la probabilité est pour le coup très faible (à moins de réunir une assemblée de classe d'âge, les anciens de sa première année de maternelle, bien entendu).

A suivre...
(gagner au loto ou souscrire une police ? )

Mensonges et vérités (paradoxes)

L'une des plus anciennes traces de paradoxe par le "mensonge" est relatée dans la bible :
« Quelqu'un d'entre eux, leur propre prophète, a dit : « Les Crétois sont toujours menteurs, de méchantes bêtes, des ventres paresseux. » »
l'épître à Tite, Paul de Tarse.

Un exemple simple de paradoxe mensonger :
Un jour, un roi rencontre une jeune fille qui lui plait (cela se passe en ces temps anciens et machistes). Il voulut l'épouser mais elle refusa, évidemment. Il l'emmena alors dans son palais. Là, il y a un jardin magnifique, et une immense étendue de pierres noires et de pierres blanches. Son Altesse ramassa (en se faisant mal au dos) deux cailloux et dit :
"J'ai dans une main un caillou blanc et dans l'autre main un caillou noir. Choisis. Si ma main contient la pierre noire je t'épouse, si elle contient le caillou blanc je te laisserai tranquille"
La jeune fille se doute que le roi triche. Il a en un caillou noir dans chaque main. Mais comment faire ?
Réponse sous la photo
credit photo
La fille dit : "La blanche est dans votre main droite. La preuve en est que la main gauche contient la noire." Elle lui ouvre la main gauche pour lui montrer qu'elle a raison.
Le roi ne pouvant reconnaître qu'il a triché lui donne raison. Et la laisse partir.

Plus compliqué ?
Le paradoxe du menteur (plus haut) est dérivé du paradoxe du Crétois (ou paradoxe d'Épiménide). Sous sa forme la plus concise, il s'énonce : Je mens !
Attribuons à Épiménide le Crétois le propos « Tous les Crétois sont des menteurs.» Épinémide étant Crétois lui-même, si cette affirmation est vraie, alors Épiménide est un menteur, donc son affirmation est fausse : contradiction ! En fait, il n'y a pas vraiment de paradoxe : tout ce qu'on peut déduire de la citation d'Épiménide, c'est qu'elle est fausse ; en particulier tous les Crétois ne sont pas des menteurs, mais Épiménide, lui, en est un. On résout ainsi le paradoxe en l'étalant dans l'espace.


Plus frappant ? Le paradoxe du prisonnier hésitant (une des versions)
Dans ce pays où la justice est rendue de façon singulière, un prisonnier a été condamné. Pour déterminer sa peine, il doit choisir entre 3 portes. Derrière deux d'entre elles, c'est l'échafaud, mais derrière la dernière, c'est la liberté! Le prisonnier désigne la porte n°2. Le geolier, qui n'a pas le droit de mentir, doit désigner une des portes dissimulant un échafaud. Par exemple : "Derrière la porte 1, c'est l'échafaud! Voulez-vous changer de porte?". A la place du prisonnier que faut-il faire?
Avec la stratégie de ne jamais changer de porte, il y a une chance sur trois de s'en sortir, (et 2/3 de perdre) en ayant désigné la bonne porte dès le départ.
Mais avec la stratégie de changer de porte après l'indication du geolier, on grignote. En effet :
- si le condamné avait dès le départ choisi la bonne porte, il perd immanquablement. Ce cas se produit avec une probabilité de 1/3.
si le condamné avait choisi une mauvaise porte, ce qui arrive avec une probabilité de 2/3, le geolier est obligé de montrer la 2è porte avec l'échafaud. La 3è porte, qui est choisie quand on change, est donc celle de la liberté.
On a 2 chances sur 3 de s'en sortir si on change de porte, contre 1 sur 3 si on ne change pas!

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Plus troublant ? Le dilemme des deux prisonniers.
Le dilemme du prisonnier est un exemple célèbre de la théorie des jeux. Dans ce jeu, comme dans bien d'autres, il est fait l'hypothèse que chaque joueur ici appelé « prisonnier » essaye de maximiser ses bénéfices sans tenter d'en faire autant avec ceux de l'autre joueur. Résultat : ils sont perdant tous deux.
Exemple :
Deux suspects sont arrêtés par la police. Mais les agents n'ont pas assez de preuves pour les inculper, donc ils les interrogent séparément en leur faisant la même offre. « Si tu dénonces ton complice et qu'il ne te dénonce pas, tu seras remis en liberté et l'autre écopera de 10 ans de prison. Si tu le dénonces et lui aussi, vous écoperez tous les deux de 5 ans de prison. Si personne ne se dénonce, vous aurez tous deux 6 mois de prison. »
Chacun des prisonniers réfléchit de son côté en considérant les deux cas possibles de réaction de son complice.
« Dans le cas où il me dénoncerait :
Si je me tais, je ferai 10 ans de prison ;
Mais si je le dénonce, je ne ferai que 5 ans. »
« Dans le cas où il ne me dénoncerait pas :
Si je me tais, je ferai 6 mois de prison ;
Mais si je le dénonce, je serai libre. »
« Quel que soit son choix, j'ai donc intérêt à le dénoncer. »
Si chacun des complices fait ce raisonnement, les deux vont probablement choisir de se dénoncer mutuellement, ce choix étant le plus empreint de rationalité. Conformément à l'énoncé, ils écoperont dès lors de 5 ans de prison chacun. Or, s'ils étaient tous deux restés silencieux, ils n'auraient écopé que de 6 mois chacun. Ainsi, lorsque chacun poursuit son intérêt individuel, le résultat obtenu n'est pas optimal.

Commentaire de Nathalie (posté par mail)
Faisant suite à l'histoire des prisonniers qui se dénoncent.
Ceci me fait penser à l'exercice de l'ile déserte bien connu des stages en entreprise, qui a pour but de faire prendre conscience aux participants de l'efficacité du travail en groupe et des phénomènes liés au processus de la prise de décision. Les participants doivent classer individuellement les 12 objets par ordre de nécessité décroissante par rapport à leur futur séjour dans une ile déserte. A la fin du jeu les participants se rendent compte que le classement du groupe est très souvent beaucoup plus judicieux que leur classement individuel.

Détaillons l'exemple.
public visé : tout participant à un stage portant sur le management, le
leardership, la communication ou les cercles de qualité.

Il faut placer les participants en cercle, assis sur leurs chaises, sans table,
et leur distribuer le texte de la page suivante en les mettant en situation :
"Le voyage à Tahiti a tourné à la tragédie, l'avion en flammes s'est posé en
pleine mer et a coulé.
Les survivants, assis en rond sur le canot pneumatique sont entourés de requins
et viennent de s'apercevoir que le canot fuit légèrement et coule
progressivement
Il sera impossible d'atteindre l'ile déserte visible à quelques kilomètres si on
n'allège pas le canot...

14 objets ont été embarqués et peuvent être jetés par dessus bord :
*5 paquets de couches-culottes
*un révolver sans munitions
*un lecteur MP3
*20 litres d'eau potable
* une cartouche de cigarettes françaises
*la caisse du steward contenant l'équivalent de 500€ en différentes monnaies
*le livret d'instruction de pilotage de l'avion (500pages)
*mon livre préféré
*du fil nylon et des hameçons
*une boite de 50 préservatifs
*2 bouteilles de gin dont l'une, entamée
*un parachute sans mode d'emploi
*un briquet en or massif
*un coffret de maquillage avec 12 couleurs, une glace, 4 pinceaux.

Lorsque chacun a fait son classement, le groupe doit se mettre d’accord, en
15-20minutes, sur les objets à jeter en priorité, au fur et à mesure que le
canot coule.

L’exercice peut être filmé en vidéo et les participants se rendent compte que le
classement du groupe est plus judicieux que le classement individuel.

Les phénomènes de groupe : leadership, synthèse, perte et prise de pouvoir sont
également à faire remarquer aux participants.

A la fin de l’exercice, les participant retournent le canot de sauvetage sur la plage et les consignes de survie en mer indiquent qu’en cas de naufrage sur une île déserte il faut conserver d’abord :
Tout ce qui permet la signalisation aux avions :
1- un miroir
2- de quoi faire du feu : briquet, papier cellulose
3- le parachute étalé
puis de quoi survivre
de quoi pêcher : fil, hameçon, flotteurs (préservatifs)

et de quoi se soigner : gin alcool

cet ordre est habituellement plus proche de celui de la liste établie par le groupe que celle proposé par chaque naufragé.
Ce jeu à fait un carton au moment de la sortie de lost"les naufragés".

25.3.07

Rencontre avec un OVNI ? Quelle conduite tenir

Les données du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES) relatives au OVNIS, sur plus de trente ans, ont été mise en ligne depuis quelque jours, provoquant une saturation des serveurs du groupe d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (GEIPAN).
Amusant, non ?
D'autant que le site du CNES précise :
OVNI, UFO, PAN ? L'acronyme OVNI (Objet Volant Non Identifié) est la traduction du terme anglais UFO (Unidentified Flying Object). L'examen des témoignages et le résultats des enquêtes montrent que ce terme est le plus souvent impropre : dans la plupart des cas, les observations décrivent un phénomène connu ou inconnu, généralement lumineux mais sans preuve de la présence d'un objet matérialisé. L’utilisation du terme général PAN (Phénomène Aérospatial Non identifié) est donc plus appropriée.

Dans l'attente de pouvoir consulter ce site précieux, il parait urgent de publier la fiche ci-dessous.
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Vous êtes en train d'observer ou vous avez été victime d'une manifestation susceptible d'être imputable à un objet volant non identifié (OVNI) ? Quelle conduite tenir ? Cette liste de recommandations devrait vous aider.

Se pincer.
Respirer.
Se demander si l'on a absorbé des substances susceptibles d'altérer son état de conscience (médicaments, drogues, alcools, choucroute vin blanc, cassoulet, etc).
Se souvenir de ce que l'on a regardé à la télé la veille même si cela est difficile. Certaines émissions tardives et cryptées induisent une persistance rétinenne prononcée.
Remonter son pantalon. En cas de contact avec une délégation E.T., il s'agira de représenter sa planète avec dignité.
Prendre photos et films. Un téléphone portable à images conviendra. Le flou rend les choses bien plus vraies.
Noter l'heure, la minute, la seconde de début et de fin du phénomène en temps universel, en temps local, en temps galactique.
Noter la position GPS (latitude et longitude), l'altitude.
Noter la hauteur de la marée, celle des vagues (si l'on se trouve près de la mer).
Noter la vitesse et la direction du vent, l'inclinaison et les mouvements de la végétation.
Noter la nature du terrain.
Noter s'il y a des étoiles filantes, des comètes, des lucioles, des aurores boréales, des feux de camp avec scouts chanteurs.
Noter s'il y une discothèque à rayon laser à proximité (vérifier en écoutant les sons graves en collant son oreille au sol si l'on est peu familier de cette région)
Noter la couverture nuageuse (types de formations, densité, opacité)
Noter les positions respectives du soleil, de la lune, de l'étoile polaire, de Deneb, d'Altaïr, des oies cendrées, des avions de ligne, des montgolfières, des parapentistes et autres baudruches.
Noter si des animaux à flatulences inflammables étaient présents dans les parages (oiseaux à fientes, vaches, brebis, ours, loups trop nourris, putois, termites, fourmis jardinières, etc...)
Pour plus de sûreté, les appareils électroniques pouvant être affectés (GPS), orienter la scène avec sa boussole.
Planter son Opinel (il s'agit du modèle économique en acier non inox) dans le sol à l'endroit où l'on se trouvait au moment de l'Observation. On le laissera là, avec un long brin de laine rouge, pour être certain de retrouver le site lors de l'Enquête.
Par défaut on pourra marquer le lieu avec ses vieilles chaussures trouées et rentrer pieds nus.
Dessiner la scène sur un carnet de notes à petits carreaux. Ne pas hésiter à faire plusieurs dessins si le phénomène fut complexe.
Dicter avec précision ce qui s'est passé dans son magnétophone de poche. Dans l'ordre chronologique. Tous les détails. Des phrases courtes. Voix grave et virile. Diction maîtrisée. Eviter le surnombre d'adjectifs. Ne rien inventer. Décrire l'objet. Sa taille. Sa matière. Sa brillance. Sa couleur. Sa luminosité. Sa vitesse. Sa rugosité. Son cap. Sa distance. Ses changements de cap. Son tangage. Son bruit. Son roulis. Ses lacets. Ses accélérations. Ses freinages. Les angles de ses trajectoires avec l'horizon. Sa marque. Son modèle. Le combustible. La jauge de son réservoir de carburant. Son immatriculation (s'il en est muni). Le nombre de passagers. Leur sexe. Ont-ils fait des signes par les hublots ? Leur âge. Ne rien oublier.
Se palper.
Noter si l'on a aurait été touché, manipulé par des Etrangers, à l'insu de sa volonté comme cela se produit parfois.
Noter s'il y a des traces visibles de la Manifestation au sol.
Noter s'il est demeuré des objets suspects (canettes vides, os de poulet, préservatifs usagés, seringues...)
Noter s'il y a des odeurs étranges (carburant, pneu brûlé, bière...)
Eviter de détruire ou de modifier de précieuses marques (herbes foulées en cercles mystérieux...)
Si l'on est seul, les photographier aussi, les décrire au cas ou un stupide escargot les effacerait.
Rentrer chez soi.
Si l'on avait bu, fumé, avalé, déprimé, prendre le temps de se remettre. Bain chaud conseillé.
Vérifier encore une fois que l'on a ni boutons ni triangle rouge sur le corps, nulle traces sur ses vêtements.
Faire le ménage.
Retirer des étagères les grimoires de sorcellerie, de voyance, la précieuse collection d'enquêtes confidentielles sur les OVNI ainsi que les ouvrages à caractère pornographique. Malheureusement beaucoup s'obstinent encore à réfuter ces vérités vraies.
Penser à trouver une bonne raison de s'être tenu là où l'on était, au moment de l'observation, en particulier si l'on avait rien à chercher dans ce buisson avec des jumelles (à part observer la femme ou la fille du voisin).
S'alimenter. Se désaltérer (à l'eau).
Clore son domicile car ce qui va suivre peut être long.
Se rendre à la Mairie. Déclarer à l'autorité civile en faisant court et précis. Etre sûr de soi. Ne pas montrer que l'on est content que les E.T. s'intéressent enfin à soi et pas aux autres. Ne pas annoncer qu'au prochaines élections on se présentera, sur de gagner.
Se rendre à la Gendarmerie. Faire une même déclaration en s'indignant de vivre dans un pays si peu protégé contre les soucoupes venues d'on ne sait où. Ne pas regarder avec nostalgie la cellule ou l'on a si souvent dégrisé, avant d'être Elu.
Rentrer chez soi sans repasser par le bar.
Ne pas parler aux voisins davantage que nécessaire. Vous ce comptez désormais plus d'amis. Ce ne sont que jaloux qui vont médire et vous traiter partout de fou et pire.
Se préparer à recevoir les médias. Prévoir des réserves de coups de rouge et de cacahuètes. Les reporters, les vrais, ont toujours soif. Se munir de photocopies de ses notes, cartes et éléments.
Laissez mijoter 48 heures.
Si passé ce délai et pour cause de subite avalanche d'actualités sans intérêt (conflit nucléaire, meurtres, enlèvements d'enfants, crise monétaire, tempête du siècle, assasinat du Président, feux de forêts et cortège de faits divers) la presse par hasard ne se bousculait pas chez vous, ne pas hésiter à prendre contact soi-même avec les médias. De nos jours il y a des fainéants partout.
Recevoir sur rendez-vous, en faisant mine de longuement chercher un créneau dans son agenda.
Agir de manière à ce que le reporter sortant croise l'entrant. Chacun voudra relater davantage et plus vite.
Sonder chaque journaliste avec doigté.
S'il est sceptique en dire peu. Demeurer mystérieux.
S'il est convaincu ne pas hésiter à en faire des tonnes. Afficher de grands airs de comploteur et de l'inquiétude pour les documents exclusifs (les photocopies) que l'on confie à ses bons soins. Diffuser la bande sonore de "rencontres du troisième type"ou par défaut de "Twin Peaks". Eviter "E.T." de Spielberg ou l'"Ile aux Enfants". Il s'agit d'oeuvres trop distanciées.
Le lendemain, acheter les journaux (seulement ceux qui parlent de l'Evenement) et un gros paté de canard aux truffes.
Savourer.

24.3.07

Et pourtant ça tourne

Akiyoshi's illusion pages
Tout pèse. L'ombre augmente aux gestes qu'elle imite
Le monde extérieur se fait plus exigeant
Chaque jour autrement je connais mes limites
(Aragon. Le Roman inachevé)

Le monde n'est pas ce que nous voyons. On le sait. On a tant de mal avec cela. Un petit détour par les illusions sensorielles fait du bien. La première fois que je me suis heurté à cela, vraiment, c'était au Media Lab, du MIT. C'était à la fin des années 80 et les chercheurs en informatique y avaient décidé que les robots eux aussi avaient le droit d'y voir. Mais il y a un problème. Qu'est-ce que voir sans "penser" le monde. Au moins sans le deviner, de manière animale. Les machines, elles, ne "connaissent" rien du monde. Allez expliquer à un malheureux engin à puces et roulettes qu'une chaise cela a trois ou quatre pieds, même lorsque l'ombre du bureau lui en masque un ou deux. C'est un peu comme si on vous transportait sur une planète inconnue ou rien ne vous serait familier, pas même la direction où tombent les objets. Ce que je veux dire par là ? Que nos yeux sont "pré-cablés" pour simplifier l'information adresée au cerveau (elle serait sinon trop abondante et fluctuante), que cette préselection est le produit de notre longue évolution. Et que le reste, ce qui se passe ensuite dans notre cerveau (lecture des expressions sur le visage, notion esthétiques, etc...) est pour la plus grande part le produit de notre culture. Arrêtons donc de croire ce que nous voyons. En fait nous plaqons sur le monde un "modèle" que nous een avons forgé, nous et nos ancètres. La preuve ? L'expérience menée sur de jeunes oisillons, empêchés de voir certaines formes, et qui jamais par la suite, devenus oiseaux, ne les distingueront.
Ici, sur cette déclinaison d'Akiyoshi, l'effet de mouvement vient du mécanisme d'inhibition des zones de la rétine voisines. Charge et décharge de cette inhibition provoquent la sensation de mouvement. Pour ne pas saturer le cerveau d'informations semblables (et stabiliser l'image), les contrastes entre zone voisines déclenchent une inhibtion des cellules rétiniennes (cônes) voisines. Utilisé autrement, de manière statique, l'effet est le même ci-dessous, où à la croisée des blocs noirs notre rétine ne "voit" plus, et "improvise" par décharges.

23.3.07

C'était comment la neige ?

credit photo

Puuvruktuq ! Combien de termes inuits pour désigner la neige ? Les rumeurs varient : de trente à plus de cent. En fait c'est quasiment impossible à dire, les langues du cercle polaire étant très flexibles, les idiomes nombreux, les mots (lexemes) construit par associations multiples. Certaines mauvaises langues colportent que les facétieux hommes du nord iraient jusqu'à inventer des expressions nouvelles pour "amuser" (ou s'amuser ?) des touristes et des linguistes de passage. Voici, au cas où l'on s'égarerait en Alaska, ce que livre le dictionnaire inuit (Iñupiat Eskimo Dictionary, d'après Donald H. Webster and Wilfried Zibell, Summer Institute of Linguistics, Inc., Fairbanks, Alaska. (les lexemes trop semblables ont été retirés)

aniu : toutes les neiges
mauyaq : à travers la neige
nutabaq : poudreuse
qiqsruqaq : neige translucide de dégel

sitxiq : neige en croûte dure

niefiqsimaruq : construire un mur de neige, pour isoler

illuktuq : aveuglé par la neige

apiruq : recouvert de neige

piqsiqsuq : averse de neige

qanniksuq : neiger (sans vent)

qanigruaqtuq : neiger (sans vent)

apigaa : recouvert de neige

qatiqsubniq : neige ou l'on s'enfonce

auksalaq : neige fondante

aniu : neige tassée

qayuqjaq : neige à surface ondulée

apun : neige

aputyaq : abri de blocs de neige

natibviksuq : neige amoncelée

apuyyaq : plaque de neige

aniuvak : bordure de neige

natibvik : congère

qimaugruk : congère bloquante

mapsaq : congère en déséquilibre

qannik : plaque

sisuuq : avalanche

aqixuqqaq : neige douce

mitaixaq : neige douce recouvrant une ouverture dans la glace

mauruq : traverser la neige (tomber)

pukak : neige en sucre

puuvruktuq : nager à travers de la neige profonde

mixik : neige très douce

22.3.07

Et où ira étinceler cette lumière ?

le recul du glacier Romanche (photo NVdK)


Avec Nicole van de Kerchove en Patagonie, à l'automne austral 2006. Chère, très chère Nicole. Ton silence de larmes portait si loin. Il y avait deux ans que tu n'étais pas venue jeter l'ancre par ici, à "caleta morning" . "Ton" glacier préféré, Romanche (du nom de l'aviso venu explorer là vers 1882-83), dans le brazzo Nordeste (à droite en partant d'Ushuaia) avait reculé de manière spectaculaire. Ta mémoire nous apprenait que les géants bleus fondent et fondent. La Patagonie peu à peu, voit se liquéfier ses empereurs gelés. Et où ira donc étinceler la lumière ?
Note : pour ceux que le sujet de la fonte des glaces polaires passionne, je mets plus loin un article (de moi) publié en mars 2007 par Géo (dans une version plus longue que celle figurant dans le magazine)

"Durant l'année 1951, j'ai croisé à plusieurs reprises la route de l'aviso français La Romanche - capitaine Martial, docteur Hyades -, qui explorait en 1882-83 l'univers à peine connu de la Patagonie fuégienne, de Magellan à l'archipel du Horn. Pour ma part, j'avais embarqué à bord du Micalvi, un petit navire hors d'âge de la Armada Chilena qui était à cette époque l'unique et secourable saint-bernard de ces chenaux désolés. Un soir de pluie chargée de grêle, le matelot de vigie cria : "Indios !". Il désignait un point au ris de l'eau, quelque chose qui sautait comme un bouchon sur les vagues et ressemblait à un canot.
"Une des deux ou trois familles, avait dit le capitaine, qui s'obstinent encore à naviguer:"
extrait de la préface de Jean Raspail à "Fous de Patagonie", aux éditions des Riaux.


Glaces polaires : la grande fonte ?
Il y a quelques années, certains scientifiques prudents prétendaient qu’il ne s’agissait que d’une parenthèse. Oui des glaces fondaient ; mais d’autres, sur les sommets, plus loin, épaississaient car il neigeait davantage. Depuis trois ou quatre saisons, la plupart des scientifiques se sont forgés une autre conviction. Leurs paroles, désormais, se font aussi rudes et étranglées que celles des Inuits : « C’est gigantesque. Nous vivons tout simplement de la plus vaste variation climatique connue, dans le temps le plus bref », souligne Robert Corell, océanographe, responsable du programme d’évaluation du changement de climat arctique aux Etats-Unis. « L’épisode auquel on assiste, en Arctique, est trop profond, trop important pour entrer dans les fluctuations habituelles, normales du climat », confirme Jean-Claude Gascard, du laboratoire d’océanographie dynamique et de climatologie du CNRS et en charge du programme Damoclès pour l’année polaire. « Il y a incontestablement une amplification de la fonte », conclut Jean Jouzel, géochimiste et directeur de recherches au CEA, patron de l’Institut Pierre-Simon Laplace. En grande partie car les températures évoluent dans les régions boréales avec une amplitude accrue. Ainsi, de 1955 à 2005 on enregistre 1°C de plus à Paris, mais une hausse de 3 °C en Alaska. Et si des simulations climatiques prédisent 4,5 degrés d’élévation moyenne (de 1985 à 2100, modèle MCCG1 canadien), elles prévoient 6 à 13 degrés de plus en Arctique.
En janvier 2007, la litanie des nouvelles dérangeantes en provenance du cercle arctique a repris. Quelques jours à peine après la demande, par l’administration américaine, de classement de l’ours polaire parmi les espèces menacées, on annonçe la découverte d’une immense plaque de glace à la dérive. Nommée Ayles, cette géante d'environ 66 km2 erre à travers la mer de Beaufort après s’être détachée de l'île d'Ellesmere, à l’ouest du Groenland. Un coin de terre jadis ceinturé de plus de 10 000 km2 de banquise. Ce pack en régression prend des allures de confettis et Warwick Vincent, professeur à l’université Laval y voit une illustration des conclusions, publiées en octobre 2006, du centre américain de recherche sur les glaces (NSIDC) : la banquise arctique, malgré ses 2 à 3 mètres d’épaisseur, se réduira en trois ou quatre décennies à une sorte de peau de givre, qui, l’été, disparaîtra totalement.
La ronde des nouvelles inquiétantes concerne aussi les deux millions de km3 de la calotte de glace du Groenland. Ce colosse contient encore 10 % des eaux douces de la terre, mais Tom et Jerry (deux satellites du système américain gravitationnel Grace, pas le chat et la souris du dessin animé…) ont mesuré une diminution notable de sa masse.
Les glaciers du Groenland se ruent vers la mer. Le Kangerdlugssuaq Gletscher, dans l'est du Groenland, s'écoule ainsi de 38 mètres par jour, trois fois plus vite qu'il y a dix ans. En 2005, cette accélération s’est étendue à une vaste partie de la côte. À partir des données de satellites radars européens et canadiens, les chercheurs évaluent que la perte annuelle globale de glace a doublé, passant de 96 km3 en 1996 à 220 km3 en 2005. La cause principale de cette accélération est aujourd’hui cernée : il s’agit de l’eau dite « de fonte », l’eau du glacier lui-même, qui pénètre par des crevasses jusqu'au socle rocheux et joue un rôle lubrificateur, créant de vastes « moulins » entre la glace et le sol. Tout se passe comme si le glacier accélérait lui-même sa propre destruction.
Rien n’indique que le phénomène puisse s’arrêter. Selon les derniers travaux, comme ceux de l'Arctic Climate Impact Assessment, sous l’effet du réchauffement global, lié à la concentration accrue des gaz à effet de serre, la température moyenne en zone arctique devrait encore s'élever de 4°C à 7°C d'ici à la fin de ce siècle.

La masse de glace de l’Antarticque amortit les variations
L’effet du réchauffement est beaucoup plus difficile à lire au Sud qu’au pôle Nord. Les hausses de température de l’atmosphère se trouvent, comme au Nord, amplifiées, pour des raisons de circulation et d’effet albédo (le phénomène de réflexion du rayonnement), mais la masse de glace du continent austral _ 30 millions de km3 et de 2000 m d’épaisseur en moyenne _ possède une inertie thermique tellement colossale que les variations y sont amorties. Au centre du continent, les températures moyennes varient entre -35°C l’été et -70°C l’hiver ; on conçoit qu’une élévation, même de cinq degrés, a un impact relatif sur la calotte de glace.
A l’est du continent, on observe même un épaississement des couches de glace, sous l’effet de précipitations accrues. A l’ouest - et particulièrement dans la péninsule qui remonte vers le cap Horn -, l’influence de la mer adoucit le climat, et l’activité géothermique du sous-sol réchauffe les glaces par leur socle. La plupart des glaciers de la péninsule fondent ainsi et des plateformes de banquise se détachent régulièrement en mer de Weddell remontant vers les continents et la Nouvelle-Zélande, au gré des courants, de façon spectaculaire.
La question est de savoir si, dans sa globalité, le continent antarctique se trouve en déficit de glaces. Les études récentes sont contradictoires. « Nos mesures actuelles ne sont pas encore suffisantes. Elles manquent de recul. En ce qui concerne le bilan global entre pertes et recettes, l’appareil critique est ouvert », explique Michel Fily, directeur du laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement de Grenoble.
À l’occasion de l’année polaire, nombre de missions seront renforcées. Il s’agit - entre autres - de débusquer le site idéal pour un forage très profond, à 4000 mètres, afin d’étudier les variations climatiques sur 1,2 millions d’années et au-delà. Le record actuel à la base de Concordia est de 800.000 ans. « Nous aimerions trouver la réponse à la question : pourquoi les cycles des grandes glaciations d’une durée de 100 000 ans se sont-ils mis en place il y a 1 million d’années, alors qu’auparavant, ils étaient de 40.000 ans ? », poursuit Valérie Masson-Delmotte, du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement.

La fonte des pôles va-t-elle modifier le climat sur le reste de la planète ?
Difficile à dire. Le climat est la résultante de mécanismes complexes et l’on ne sait pas encore mesurer l’impact exact de la régression de la banquise. Ainsi, la glace de mer réfléchit la lumière vers le ciel, et seuls 20 % du flux solaire pénètre ainsi répétition dans l’Océan. Si les glaciers disparaissaient entièrement, 80 % de l’énergie solaire seraient captés par la mer, qui se réchaufferait alors nettement. Mais, au-dessus de ces eaux libres, peut se former soit de la brume, ce qui favorise le réchauffement de l’air, soit des nuages blancs d’altitude qui font écran et rafraichissent l’atmosphère.
De plus, la fonte des glaciers injecte de l’eau douce dans la mer. Le taux de salinité diminue et la quantité d’eau entraînée vers le fond baisse. De quoi modifier les courants marins, notamment le Gulf Stream qui réchauffe nos côtes. Celles-ci – et tout l’Ouest de l’Europe – pourraient donc, avec un Gulf Stream déréglé connaître un refroidissement, que la plupart des scientifiques jugent toutefois sans commune mesure avec le réchauffement du climat en cours. «L’un des intérêts du programme européen Damoclès est de lever ces doutes, » confirme Jean-Claude Gascard.

On observe déjà la hausse du niveau des mers
Actuellement, cette augmentation du niveau des mers est de un à deux millimètres par an. Le responsable de plus des 3/4 de cette élévation n’est pas la fonte des glaces, mais la dilatation de l’eau de mer. Sous l’effet de la hausse des températures, l’eau occupe davantage de volume.
Dans les archives géologiques , on peut lire que lors du dernier réchauffement « naturel » (120.000 ans), la variation du niveau océanique a conduit à une hauteur supérieure de 6 mètres à celle d’aujourd’hui. Les modèles de simulation les plus récents tablent sur une accélération du processus de fonte : cinquante centimètres environ pour ce siècle.

Et à plus long terme ? Quelle est la hausse générale prévue du niveau des mers ? Si les plus fragiles des calottes du Groenland et du continent antarctique fondaient, c’est à une hausse d’une douzaine de mètres que l’humanité se verrait confrontée : six à sept mètres de marée provenant du Groenland et le reste de la zone la plus fragile de l’Antarctique, la calotte ouest qui représente 15 % des glaces australes. Si la totalité de la « cryosphère » terrestre comme disent les experts – les glaciers de l’Antarctique (29 millions de km3), du Groenland (2,6 millions de km3), des montagnes et des zones froides (200.000 km3) – se liquéfiaient totalement, les 357 millions de km2 des eaux de la planète connaîtraient une marée d’environ 85 mètres (77 mètres en toute rigueur, en tenant compte de quelques corrections). L’Antarctique en serait responsable pour 70 mètres, le Groenland du reste.

21.3.07

Des maths (encore) explicables ?


C'est beau, non ? Non, il ne s'agit pas d'une fresque réinterprétée par Da Vinci Code II. Comment, vous ne voyez pas ? C'est E8. Mais si, voyons, tous les médias ne parlent que de lui, ces temps-ci. De ce groupe de Lie, enfin !

Par exemple, sur LeMonde.fr :
TITRE : "Un des objets mathématiques les plus complexes enfin décrit"
Une des structures mathématiques les plus complexes aura attendu cent vingt ans pour être décrite en détail. E8, appartenant aux "groupes de Lie", découverts dans les années 1880 par le mathématicien norvégien Sophus Lie, vient d'être "cartographié" à l'instigation de l'Institut américain des mathématiques de Palo Alto (Etats-Unis), par une équipe de 18 chercheurs internationaux, après quatre années d'efforts conjoints.
E8 appartient à une classe mathématique servant à l'origine à décrire des objets symétriques - sphère, cône, cylindre -, sa particularité étant de s'appliquer à des "formes" ayant non pas 3, mais... 57 dimensions.
Pour donner une idée de l'exploit que représente la description d'E8, les chercheurs s'expriment en gigaoctets (Go). Le résultat, qui a mobilisé un supercalculateur pendant soixante-dix-sept heures, tient sur 60 Go - l'équivalent de quarante-cinq jours de musique en format MP3, ou de 60 génomes humains.
"Mais de la même façon que le génome humain ne donne pas immédiatement un médicament miracle, nos résultats sont des outils de base qui seront utilisés dans d'autres secteurs de recherche, note Jeffrey Adams, le responsable du projet. Cette recherche aura de nombreuses implications, que pour la plupart nous ne comprenons pas encore."
E8 intéresse ainsi les chimistes, confrontés à la géométrie des molécules, mais aussi les physiciens. Hermann Nicolai, de l'Institut Einstein de Potsdam (Allemagne), estime ainsi que cela "pourrait les aider dans leur quête d'une théorie unifiée".

Il y a aussi cette phrase, empruntée au New York Times :
“It could well be E8 that determines the deep inner structure of the universe,” Dr. Adams said.

Voilà. Merci. J'avoue avoir ri, à cause du "enfin" du titre du Monde. Et puis aussi de l'aveu, sous-jacent aux "explications" du NYT que les maths "créeraient" l'univers au fur et à mesure que nous inventons ces merveilleux outils de l'esprit. Amusant. Bien entendu les sciences sont "efficaces". Mais permettent-elles de "comprendre" le monde à partir du moment où seuls quelques spécialistes sont encore capables de manier ces outils du bout des doigts ? La question devenant au passage : qu'est-ce que comprendre l'univers ? Ne serait-ce pas là une sorte de "désir" en écho à une "angoisse" ?

"La science n'est pas une collection de lois, un catalogue de faits non reliés entre eux. Elle est une création de l'esprit humain au moyen d'idée et de concepts librement inventés... Sans la croyance (sic) qu'il est possible de saisir la réalité avec nos constructions théoriques, sans la croyance en l'harmonie interne de notre monde, il ne pourrait pas y avoir de science." (Einstein et Infeld, l'évolution des idées en physique, Champs, Flammarion)

Croire, donc. Après tout l'image diffusée au monde entier par les services de communication du MIT , de l'université du Maryland et de Palo Alto fait bien penser à un mandala bouddhiste, non ? Allez hop, méditation... Le premier qui voit la lumière de la réalité au bout du tunnel d'E8 le dit aux autres.

36 heures à travers Paris (roman)


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La "fool" ou galéopithèque, du côté de son nom pseudo-scientifique, n'existe pas. Ou plutôt si. Cette sorte de chauve-souris qui prendrait la couleur du support sur lequel elle repose vole et plane par là, près de nous, à travers l'esprit d'Alain Gillis. Je reparlerai de lui. Non pas que je tienne à parler de tous mes amis, rien à voir. Mais Alain, outre qu'il publie en ce mois de mars chez Grasset "Java Opéra", un roman que j'aime et qui commence par une fool qui se pose sur la poitrine nue d'une femme endormie, lui dérobant à jamais la couleur blanche de son sein est médecin, psychiatre, psychanalyste, psychologue. Il dirige et anime l'institut médico educatif Michel de Montaigne, à Chelles. Il y a quelques années c'est là, entre les dents d'un hiver gris, que jour après jour je suis venu, au hasard de mes curiosités camouflées en journaliste. J'y suis retourné. Apprenant à côtoyer de jeunes psychotiques que l'on dénomme un peu trop facilement autistes, comme pour mieux les fourrer dans le sac. Je ne suis pas encore bien remis de ce voyage. Bien sur, les enfants, ces autres, perchés ailleurs. Plus encore : le regard des équipes de Chelles. une manière d'entourer les gosses à la fois affûtée et émoussée. Juste. Jamais larmoyante. Des femmes et des hommes au travail, sans dogmes ni étalement de bons sentiments. Vous savez ? Ceux qui dégoulinent comme sang des paumes de Fatima, dès que l'on prononce : autiste, battu, pauvre, vieux, victime ou malade.
Java Opéra, je ne puis rien en dire d'autre que le plaisir récolté. Le jeune homme en provenance de Java atterrit à la Closerie et traverse Paris en moissonnant les miracles. Nous passons notre temps à ranger nos vies, à en arracher comme mauvaises herbes ces inattendus qui risquent de nous basculer un peu loin de nous. Lui, l'Alain, il les cultive. Il caresse les rugosités, laisse pousser le chiendent, se met à danser nu, autour du feu de camp. J'exagère ? Alors allez donc tripoter l'âme d'un maquereau sourd-muet, d'une pharmacienne, d'un légionnaire... écoutez Pierre-Henry parler des propriété émergentes du monde. Non, l'eau ce n'est pas que de l'oxygène et de l'hydrogène ajoutés. Ca serait trop simple. Regardez les larmes.

"Java Opéra", par Alain Gillis. Ed Grasset, mars 2007 (169p., 12,90€)

20.3.07

Un pavé sous nos nez


je ne veux pas te quitter
mon sourire est attaché à ton corps
et le baiser de l'algue à la pierre
à l'intérieur de mon âge je porte un enfant gai et bruyant
(Tristan Tzara, Bifurcation)


Les décors complexes et finement travaillés des merveilles médiévales de l'architecture islamique, d'Ispahan à Agra, et de Grenade à Bagdad ont toujours intrigué. Mais il aura fallu attendre 2007 et la publication dans le magazine" Science" pour que l'embarrassante question du contenu mathématique de ces décors, à savoir celle du pavage non périodique sur une surface plane, soit posée.
Ces structures artisanales datent de notre Moyen Age, une époque ou les ouvriers arabes possédaient un art et un savoir extrêmement raffinés. Certes, ces figures entrelacées sont "jolies". Mais le problème c'est qu'elles sont impossibles à construire sans savoir ce que l'on fait. En effet, ces décors qui reprennent des éléments de base reproduits et structurés à l'infini comme des tuiles, ne sont pas affectés de distorsions. Cela serait le cas si elle avaient été réalisées à l'aide de simples règles et de compas, et avec une approche naïve, comme on le (pré)supposait jusque là.
Aux yeux de Peter J. Lu (Harvard University) et de Paul J. Steinhardt (Princeton University) les auteurs de ces fresques complexes et rigoureuses devaient disposer d'outils et de connaissances puissants. Déjà, tracer des milliers de simples décagones, les aligner de façon rigoureuse est infaisable. Hors les bâtiments de l'âge d'or de la civilisation islamique sont recouverts de figures bien plus complexes.

Où réside le secret ? Les tuiles dites "de girih" sont en fait des blocs à géométrie variable, établis au moyen de cinq figures de base (décagone, pentagone, diamant, noeud papillon, hexagone). Les artisans arabes médiévaux détenaient là une boîte à outils permettant de générer une nombre impressionnant de figures complexes et rigoureuses, par combinaisons, pas forcément répétitives.
Cette approche aboutit à produire des solutions à un traitement géométrique complexe des surfaces, par un pavement "non périodique" tel qu'on le manie aujourd'hui en physique (depuis les travaux, notamment de Robert Penrose, inspiré des dessins d'Escher) en parlant des quasi-cristaux. Ces matériaux longtemps jugés "impossibles" offrent des structures d'occupation de l'espace en trois dimensions, découverts au cours des années... 1970. L'impossible des chimistes a rejoint celui des artisans arabes, quelques siècles plus tard. A la barbe des théoriciens, dans les deux cas.


images : http://flickr.com/photos/tokyo_walker/213052618/ et http://www.321books.co.uk/images/road-reality-penrose-escher-circle-limit-I.gif
info : Science (usa)

19.3.07

Du sexe en boucle ?

C'était au début d'adorables années
La terre nous aimait un peu je me souviens
(René Char, Evadné)
Des sociologues ont établi une carte des relations amoureuses et sexuelles entre les élèves d'une école secondaire (highschool), en se basant sur une étude des comportements des jeunes gens sur une durée de 18 mois.
Surprise : à la différences des groupes d'adultes, les élèves n'ont pas de relations centrées sur des noyaux de quelques individus plus attractifs que d'autres, devenant des "passerelles" en ayant des partenaires successifs nombreux voire multiples. Au contraire, mis à part les couples stables à deux individus (63 paires), il se dégage parmi la majorité des élèves une chaîne principale, longue de 228 sujets (près de la moitié des étudiants) où A a une relation avec B, qui lui-même a, ou a eu (durant l'étude) une relation avec C. Sur mille élèves de l'école de 883 élèves interrogés, 553 ont eu une ou des relations sentimentales et/ou sexuelles durant l'étude (il leur était demandé de distinguer les relations purement sexuelles de celles qui comportaient un aspect "romantique") et 228 formaient une chaîne ininterrompue.
James Moody, l'auteur de l'étude à l'université de l'Ohio, estime que cette surprise de la structure "en anneau" au sein du groupe est une première mondiale doit avoir des conséquences sur la manière de protéger les individus, notamment contre la propagation des maladies sexuelles. Selon lui, il faut que les étudiants (et les adultes également) acceptent l'idée que les relations sexuelles sont bien plus partagées entre les individus d'une communauté qu'il n'y parait au premier... sentiment.
source : http://researchnews.osu.edu/archive/chains.htm

J'aime (aussi) celles qui font PLoP



Rezut. Parfois le « plouf » n'a pas lieu. Au lieu d’un plouf, on entend juste un petit « plop», et le caillou coule sans déranger la surface.
Pourquoi ? Les chercheurs du laboratoire de physique de la matière condensée et nanostructures (CNRS/ Université Lyon 1) ont montré que la vitesse du caillou doit dépasser un certain seuil pour que l’on entende un vrai plouf. Car le plouf est produit par la fermeture de la cavité de l’air entraîné lorsque le caillou pénètre dans l’eau.
Et la valeur de ce seuil de vitesse, elle, de quoi dépend-t-elle ? Hein, je vous le demande ? Et bien de la surface du caillou. Bref, une boule hydrophile (qui attire l’eau), comme une bille de verre parfaitement polie, ne commettra qu’un petit plop, même à grande vitesse. Alors qu’une bille hydrophobe (qui repousse l’eau), comme celles recouvertes d’un revêtement de "silane" (ou d'huile) produit un gros plouf quelque soit la vitesse d’impact. Les chercheurs ont fait l’expérience avec deux billes, dans les mêmes conditions de vitesse.
source : CNRS

18.3.07

Or vert : qui tire la ficelle ?

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Tic tac... Le pétrole c'est fini. Du moins le pétrole abondant et à bas coût. Pourquoi ? Non pas tant car les réserves s'épuisent, mais car moins de pétrole représente désormais plus d'argent pour plus longtemps pour les pays exportateurs. C'est une nouvelle réalité, une rupture, dit-on en économie. L'énergie va par ricochet, en quelques années, devenir le lieu d'une nouvelle bataille, autour des énergies renouvelables. Enfin ?
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Mais le mécanisme invisible en action, derrière le paravent, est un rouage financier. Un mécanisme qui n'est pas laissé au hasard. Une bulle boursière, soigneusement orchestrée va apparaitre, comme celle qui enveloppa les acteurs naisants d'Internet dans les années 90. UNe "bulle verte", qui va achever de convaincre les sceptiques, dresser des fortunes colossales, et bénéficier aux grands investisseurs. Les marchés ont une mission : asséner un message violent. La pénurie du pétrole va affoler les comptes, générer des profits. Spolier les naïfs. Qui écrit le scénario de ce théatre ? Des acteurs discrets, aux moyens colossaux, qui interviennent pour ériger les nouvelles modes et provoquer l'envolée des cours dans les domaines stratégiques. Une hausse qui sera profitable à leurs "amis". Vous avez encore une vision "angélique" de la bourse ? Lisez l'enquête : "La bulle verte" de l'économiste américain Robert Bell (Editions Scali). Cela se grignote comme un thriller, mais cela changera le vrai monde.

Arbres et impurs

Yucca brevifolia, Josua-Tree-National-Monument / California

Tout jeune j'ai ouvert mes bras à la pureté. Ce ne fut qu'un battement d'ailes au ciel de mon eternité, qu'un battement de coeur amoureux qui bat dans les poitrines conquises. Je ne pouvais plus tomber.
(Paul Eluard. La dame de carreau)

le plus vieux : 5000 ans estimé pour les pins de Californie Pinus longaeva
Le vétéran a été abattu en 1964 et devait avoir 4900 ans.
En Iran dans de la province de Yazd a Abarkuh, le Pr. russe Alexandrof estime entre 4 500 à 5 000 ans l'âge d'un Cypres (Cupresaceae). L'arbre mesure 25 m, a un tronc de 18.6 m de diamètre et des branches atteignant 4.5 m de diamètre !
Le plus imposant : le séquoia géant (Sequoiadendron gigenteum), originaire de la Sierra Nevada en Californie. Le plus célèbre des séquoias géants se nomme "Général Sherman", il mesure 83,8m de haut, et a une circonférence de 31,1 mètres. Il est considéré comme le plus grand arbre du monde en volume.
Le plus haut : le séquoia de Californie ou Redwood (Sequoia sempervirens). Cette espèce vit près des côtes de Californie du Nord. Cet arbre plus mince que le précédent, atteint des hauteurs record de plus de 100m. Le plus haut arbre vivant mesure 112 mètres.
Le sapin de Douglas, ou Douglas (Pseudotsuga Menziesii). Encore un arbre géant! C'est un Douglas, aujourd'hui disparu, qui détient toujours le record absolu de hauteur (127 mètres, en 1895 en Colombie Britannique).

source : http://www.notre-planete.info/geographie/records.php
image : http://flickr.com/photos/pgehret/424107457/

17.3.07

Ah oui, le peuple...

En écho au post ci-dessous, en attendant les prochaines élections, une autre révision.
Question : quel est le "moins pire" des systèmes de gouvernement ?
photo entropriK sur flickr


adhocratie gouvernement de forme non structurée
anarchie absence de gouvernement
aristocratie gouvernement par la noblesse (aristo="le meilleur")
autarchie gouvernement par un souverain absolu (synonyme du suivant)
autocratie gouvernement par un individu
athéocratie gouvernement ayant banni la religion 1
bureaucratie gouvernement par l'administration
confédération union d'états souverains
corpocratie gouvernement influencé par les grandes entreprises (néologisme 2, acception distincte du corporatisme.)
démarchie gouvernement par la population divisée en groupes (dèmes)
démocratie gouvernement par le peuple, soit directe (par referendum ou assemblée populaire) soit par des élections (forme représentative)
dictature militaire gouvernement par les forces armées – peut-être aussi appelée junte
ethnocratie ou démocratie ethnique, gouvernement par un groupe ethnique particulier
géminocratie gouvernement par des frères jumeaux 3
géniocratie gouvernement par des personnes ayant une intelligence au-dessus de la moyenne 4
gérontocratie gouvernement par les plus âgés 5
gynarchie gouvernement par les femmes
gynocratie gouvernement par les femmes
hiérarchie gouvernement par un corps ordonné ; peut s'appliquer aux prêtres
hiérocratie gouvernement par les prêtres ou ministres du culte au sein d'une communauté de fidèles
kakistocratie gouvernement par les plus mauvais
kleptocratie gouvernement par les voleurs- ce n'est pas une forme existante de gouvernement mais une appréciation négative d'un régime ou la corruption est excessive.
klerostocratie gouvernement par tous, par tirage au sort (sélection au hasard, loterie) [réf. nécessaire]
krytocratie gouvernement par les juges 6
matriarcat gouvernement par les femmes ou les mères
méritocratie gouvernement fondé par le mérite et non les privilèges
minarchisme gouvernement prônant un État minimum
monarchie gouvernement par un individu
ochlocratie gouvernement par la foule
oligarchie gouvernement par quelques individus; parfois un nombre est spécifié :
dyarchie gouvernement par deux personnes, comme dans une monarchie duale
triumvirat gouvernement par trois personnes
tétrarchie gouvernement par quatre personnes
heptarchie gouvernement par sept personnes
panarchie gouvernement universel (accepte la coexistence d'autres formes)
particratie gouvernement par des partis politiques
patriarcat gouvernement par les pères – le sénat romain s'appelait "Patres" (pères) fut assez près de ce modèle
phallocratie gouvernement des hommes
plantocratie gouvernement par les propriétaires de plantation 7
ploutocratie gouvernement par les riches
polyarchie gouvernement par beaucoup, vague antonyme de la monarchie et de l'oligarchie 8
pornocratie gouvernement où des courtisanes ont une influence
république gouvernement par des politiciens professionnels élus par la population
stochocratie gouvernement par des représentants nommés par tirage au sort
synarchie souveraineté jointe, comme par exemple le condominium d'Andorre 9
technocratie gouvernement par des experts techniques
thalassocratie souveraineté sur les mers
théocratie gouvernement par une divinité au travers du clergé ou selon un code de droit religieux
timocratie gouvernement par la classe possédante

Papillons ou moutons ?


Sur la Toile, la foule attire la foule. Les nouveaux outils, (nouveaux médias ?) les "agrégateurs", y contribuent en se laissant manipuler. On peut acheter des votes, organiser un mouvement massif, et tout le monde se rue, même si le nectar est insipide. A Rome déjà l'or de Trajan faisait courir les rumeurs et contentait la horde. On gouvernait en faisant du peuple un troupeau content ou meurtrier, selon son besoin. Soudain il semble, par l'intermédiaire de nos électroniques engins, aussi bien facile de raser gratis que d'informer. Qui gagnera ? L'intox ou l'info ? Personne. Mais le match promet d'être violent. Et les nouveaux acteurs piaffent de monter sur scène.
Voir l'enquète de Wired à ce sujet.

L' ochlocratie (en grec : οχλοκρατια, en latin : ochlocratia) est une forme de gouvernement dans lequel la masse a tous les pouvoirs et peut imposer ses désirs. Si le terme est tombé en désuétude, la réalité qu'il recouvre a toujours été débattue dans les ouvrages de philosophie politique.

Dans le Contrat social, Jean-Jacques Rousseau définit l'ochlocratie comme la dégénérescence de la démocratie : « En distinguant, la démocratie dégénère en Ochlocratie » (livre III, chapitre 10, p. 423 du tome III dans l'édition de la Pléiade). L'origine de cette dégénérescence est une dénaturation de la « volonté générale », qui cesse d'être générale dès qu'elle commence à incarner les intérêts de certains, d'une partie de la population, et non de la population tout entière (cf. II, 3) ; il peut s'agir, à la limite, d'une « volonté de tous », non d'une « volonté générale »

Pendant que l'on y est, une liste de mode de gouvernement imaginés à travers l'histoire
Anarchisme
Anarcho-communisme
Anarcho-capitalisme
Anarcho-socialisme
Autoritarisme
État policier
Parti unique
État communiste
Fascisme
Totalitarisme
Autocratie
Absolutisme
Despotisme
Despotisme éclairé
Dictature
Dictature militaire
Monarchie
Monarchie absolue
Monarchie constitutionnelle
Monarchie parlementaire
Monarchie élective
Duché
Émirat
Monarchie héréditaire
Monarchie populaire
Principauté, principat et palatinat
Patriarcat
Patrimonalisme
Tyrannie
Démocratie
Démocratie délibérative
Démocratie directe
Démocratie participative
Démocratie populaire
Démocratie représentative
Système de Westminster
Système parlementaire
Consensus government
Système présidentiel
Système semi-présidentiel
Démocratie sociale
Ochlocratie
Oligarchie
Aristocratie
Corporatisme
Gérontocratie
Kleptocratie
Méritocratie
Ploutocratie
Technocratie ( dont énarchie)
République
République fédérale
Théocratie (Hiérocratie)
Califat
Saint-Siège
République islamique
Sultanat
Tribalisme

16.3.07

Fatale et si vague



Deux trains de vagues en décalage se télescopent au bord de la plage. Parfois, au large, on en voit d'énormes. Les houles croisées, des phénomènes de résonnance forment des pyramides, et plus rare encore, une vague "scélérate". Un mur d'eau qui peut dépasser trente mètres et voyager sur mille milles. Personne ne croyait les rescapés de telles rencontres. Maintenant, sur les images satellites, on les voit. Non, les pétroliers coupés en deux, sur les plateau d'Afrique du sud, dans les courant des Aiguilles n'étaient ni racontars ni bobards.

La plus haute vague : 34 m, 342 m de long, période de 14,8 s, vitesse de 23m/s lors d'une tempête avec des vents jusqu'à 120 km/h. Cette vague a été mesurée à bord du pétrolier USS Ramapo en février 1933
30 m de haut qui a frappé le Caledonian Star et le bremen le 02/03/2001.
Appelées "freak wave" ou "roguewave" pour environ 100 tonnes de pression au m2
Jusqu'à une trentaine de mètres (aussi) pour les tsunamis

image : http://wallpics.blogspot.com/
chiffres : http://www.notre-planete.info/geographie/records.php

Plein les mains

«Pour faire la multiplication de 8 par 9, il sufffit de mettre mentalement 8 dans une main et 9 dans l'autre. Comme on a dit 8 pour cette main, on abaisse 3 doigts, soit 8 - 5 doigts. Dans l'autre main, on fait 9 - 5 doigts, on abaisse donc 4 doigts. On prend toujours le complément par rapport à 5, puisqu'on n'a que 5 doigts dans chaque main. Ensuite, on compte les doigts baissés dans les deux mains : 3 + 4 = 7. Ce sont les dizaines, donc 70. On compte les doigts levés et on les multiplie ensemble : 2 x 1 = 2. Le produit donne les unités. En additionnant les dizaines et les unités, 70 + 2, on obtient 72.»
source : Georges Ifrah, auteur de «L'Histoire universelle des chiffres»

Ignare ! Faussaire ! Brontothère !

Source NOAA (Administration américaine océanique et atmosphérique ) : les températures mondiales enregistrées entre décembre et février ont été les plus élevées jamais répertoriées à cette période de l'année, avec une température moyenne supérieure de 0,72 °C à la moyenne du XXe siècle. Il s'agit de la température moyenne la plus haute jamais enregistrée depuis que les relevés systématiques ont débuté, en 1880, en raison notamment d'un mois de janvier exceptionnellement chaud au niveau mondial, précise la NOAA.
La NOAA ne conclut toutefois pas que les émissions de gaz à effet de serre soient à l'origine de cette hausse des températures. Pour Jay Lawrimore, responsable du centre national de données climatiques au sein de la NOAA, "les facteurs qui ont contribué [à cette hausse des températures] sont une tendance à long terme au réchauffement ainsi qu'un El Nino modéré dans le Pacifique."
Le géologue Claude Allègre dit que rien ne prouve que les gaz à effet de serre soient en cause. Les cycles du soleil pourraient en être la raison.
Rien ? Si. Juste des courbes de températures qui suivent l'évolution qu'annoncent les boules de cristal des climatologues : leurs simulations numériques, où ils tiennent compte des gaz à effet de serre, précisément.
Début février, le quatrième rapport scientifique du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) de l'ONU a, pour sa part, souligné que les émissions de gaz à effet de serre dues à l'activité humaine risquent de causer de graves dérèglements climatiques, avec un réchauffement qui pourrait aller jusqu'à + 4 °C d'ici à la fin du siècle et une hausse du niveau des mers jusqu'à 58 cm.
A l'Académie des Sciences, cette semaine, on s'est empaillé vigoureux sur le sujet, à "huis clos", entre géologues et climatologues.
Pendant ce temps ? Ca cuit.

Déchiffre moi tes chiffres ? (1)


Ô musique d'encre, musique
Musique des charbons enterrés
Douce, pesante qui nous délivre
Avec ses phosphores secrets.
(Antonin Artaud, Extase)

1 is the multiplicative identity.

2 is the only even prime.

3 is the number of spatial dimensions we live in.

4 is the smallest number of colors sufficient to color all planar maps.

5 is the number of Platonic solids.

6 is the smallest perfect number.

7 is the smallest number of faces of a regular polygon that is not constructible by straightedge and compass.

8 is the largest cube in the Fibonacci sequence.

9 is the maximum number of cubes that are needed to sum to any positive integer.

10 is the base of our number system.

11 is the largest known multiplicative persistence.

12 is the smallest abundant number.

13 is the number of Archimedian solids.

14 is the smallest number n with the property that there are no numbers relatively prime to n smaller numbers.

15 is the smallest composite number n with the property that there is only one group of order n.

16 is the only number of the form xy = yx with x and y different integers.

17 is the number of wallpaper groups.

18 is the only number that is twice the sum of its digits.

19 is the maximum number of 4th powers needed to sum to any number.

20 is the number of rooted trees with 6 vertices.

21 is the smallest number of distinct squares needed to tile a square.

22 is the number of partitions of 8.

23 is the smallest number of integer-sided boxes that tile a box so that no two boxes share a common length.

24 is the largest number divisible by all numbers less than its square root.

25 is the smallest square that can be written as a sum of 2 squares.

26 is the only positive number to be directly between a square and a cube.

27 is the largest number that is the sum of the digits of its cube.

28 is the 2nd perfect number.

29 is the 7th Lucas number.

30 is the largest number with the property that all smaller numbers relatively prime to it are prime.

pour voir le tableau plus vaste (9999) et les liens ad hoc : ICI

15.3.07

Rachel ah Rachel (La Juive - Opéra Bastille)

Pur bonheur, ces places à 5 euros. Les places "debout". Vous les achetez dans la ruée, au dernier instant, à Bastille. Bon, il vaut mieux être solo pour se faufiler facile. Et alors quelle confrérie ! On se trouve là une dizaine, au fond, entre barres de velours pour s'accouder. On papote entre buissonniers. Ce Monsieur monte de province. "j'ai toujours trouvé une place, je suis un aficionado". Et vous, souvent vous vous tenez debout ? Peaux lisses, deux jeunes filles s'évaporent. "Mais oui, on adore. Et si cela nous pèse, on s'en va". On est si bien entre complices de larcin et fantômettes. L'Opéra, sans frac ni trompettes. Déjà baisse la lumière. La moitié de mes complices alors dans la pénombre se glisse. Oiseaux picorant les places, les vraies, assises, laissées vacantes comme des jurons. Les paresseux restés là, se perchent. Sur les barres, contre le mur. Contentes, leurs lèvres modulent l'ouverture d'Halévy.

Il arrive que pour soi l'on prononce quelques mots seul sur cette étrange terre alors la fleurette blanche le caillou semblable à tous ceux du passé la brindille de chaume se trouvent réunis au pied de la barrière que l'on ouvre avec lenteur pour rentrer dans la maison d'argile tandis que chaises, table, armoire s'embrasent d'un soleil de gloire.
(Jean Follain, Parler Seul)

14.3.07

La planète, les pauvres et le ploutocrate

Les trois citations ci-devant sont extraites du dernier livre d’Hervé Kempf (un ami, je tiens à préciser, et chez le même excellent éditeur que moi, et cela est en fait pur hasard), journaliste, spécialiste de l’environnement au quotidien Le Monde. Je recommande, on s'en doute, la lecture de son "Comment les riches détruisent la planète". Sans être forcé de partager tous ses points de vue, la qualité et la profondeur de la synthèse sont remarquables. (références ci-dessous et dans les liens, sous Reporterre)

1. « Si elle est beaucoup moins connue que le changement climatique, la crise de la biodiversité mondiale n’est pas moins inquiétante. Son indicateur le plus apparent est la disparition des espèces d’êtres vivants. Le rythme en est si rapide que l’expression « de «sixième extinction», par référence aux cinq crises majeures d’extinction des espèces qu’a subies la planète avant même l’apparition de l’homme, est devenue officielle : « Nous sommes actuellement responsables de la sixième extinction majeure dans l’histoire de la Terre, et de la plus importante depuis que les dinosaures ont disparu il ya 65 millions d’années », affirme le rapport sur la biodiversité rendu lors de la conférences des Nations Unies, au Brésil, en 2006. »

2. « Pour Veblen, l’économie est dominée par un principe : la tendance à rivaliser – à se comparer à autrui pour rabaisser – est d’origine immémoriale : c’est un des traits les indélébiles de la nature humaine. Si l’on met à part l’instinct de conservation, précise-t-il, c’est sans doute dans la tendance à l’émulation qu’il faut voir le plus puissant, le plus constamment actif, le plus infatigable moteur de la vie économique… Selon lui, les sociétés humaines ont quitté un état sauvage et paisible pour un état de rapacité brutale… »

3. «Comment les ploutocrates dépensent-ils leur argent ? … Le milliardaire Leslie Wexner a lancé la guerre des yachts en 1997 quand il baptisa Limitless qui, avec 96 mètres, était plus long de 33 mètres que son plus proche rival…. Le Russe Roman Abramovitch possède trois navires. Le rumeur dit que Larry Ellison a demandé que le dessin de son Rising Sun soit adapté pour dépasser de quelques mètres l’Octopus de Paul Allen. Lequel est équipé d’un terrain de baskett, d’un héliport, d’une salle de cinéma, d’un sous-marin en fond de cale. Les hyper-riches français, eux, se contentent de peu : 32 mètres pour le Magic Carpet II de Lindsay Owen-Jones, 60 mètres pour le Paloma de Vincent Bolloré. »

« Comment les riches détruisent la planète », par Hervé Kempf, Editions du Seuil, janvier 2007, 147p, 14 €

Ca sent l'ouragan

Dans les sédiments, les boues déposées par les siècles sur les côtes de la Louisiane, des chercheurs états-uniens tentent de lire la vitesse du vent. A savoir la rage des cyclones, qui à travers les milliers d'années, ont frappé ces côtés. On devine la question : y-en-a-t-il davantage, en ce siècle de chauffage climatique, que par le passé ? Sont-ils plus violents ? Irions-nous vers un ciel rempli de dangereuses furies ? La réponse : beaucoup de cyclones entre 3800 et 1000 ans avant nous. Moins aujourd'hui. La cause ? La position de la haute pression des Bermudes, qui protège aujourd'hui les côtes du golfe du Mexique. Un équilibre très fragile, et la fréquence des cyclones pourrait à nouveau augmenter. Le travail continue. Mais le consensus, sur l'effet de serre, lui, existe déjà. Pourquoi lambiner pour agir ? Pourquoi les politiques se cachent-ils derrière les questions scientifiques et ne préparent-ils pas les opinions à l'action ? (American Scientist, mars-avril 2007) (en cours...)
"Sentir dans son coeur vif, l'air, le feu et le sang/Tourbilloner ainsi que le vent sur la terre;/- S'élever au réel et pencher au mystère,/Etre le jour qui monte et l'ombre qui descend. (Anna de Noailles, la Vie profonde)

13.3.07

La Maud des exploits

Le tour du monde ? Et un record bien serré, un. En quatre vingt jours, espérait Vernes, Jules. Tu parles. Depuis, les bateaux qui ont des pattes musclées et qui vont sur les océans ont pulvérisé ce temps-là. Raflant la mise tant de fois que l'on ne compte plus sur les doigts. Et en solitaire parfois, sur des libellules de carbone frôlant les icebergs : 71 jours pour l'incroyable Ellen Macarthur, en 2005 (qui avait raté son pari de 75 minutes, deux ans plus tôt) (et 72 jours pour Francis Joyon, en 2004, avec un bateau tellement moins affûté). En équipage, normal, c'est pire : 64 jours pour Bruno Peyron et 12 lascars en 2002. Cinquante huit jours et 9 heures à Steve Fossett, avec son engin de milliardaire et 125 pieds de long (37 mètres).
Pour pimenter, d'autres vont à l'envers. Pas la tête en bas mais contre les vents dominants. Tonique. Comme Jean Luc Van Den Heede qui réussit enfin, en solitaire, un nouveau record de 122 jours. C'est en 2004, sur un monocoque en aluminium taillé comme un bunker. On peut parier que la quête n'est pas finie. Dans la tête des hommes, les records ne sont que cibles à abattre. Et sommes toutes, sans être emballé (je confirme, je ne le suis pas) par ces exploits, on peut comprendre qu'une fois le postulat de départ posé, en effet, on y aille. C'est le sport. Soit.
Précaution, ici : sans être politiquement et inutilement courtois, je tiens à dire que je n'ai rien de personnel contre Maud Fontenoy. Non, rien de rien. Ce doit être quelqu'un de très bien et tout. Juste, j'essaye de comprendre. Voilà quelqu'une (elle n'est pas la première, Arnaud de Rosnay ou Stéphane Peyron m'interpellaient autant, entre mille), qui tente un exploit "gratuit".
Non que ce soit offert, notez bien, mais gratuit au sens ou elle se déclare "hors course", "free", en idiome de l'exploit. Bon. Donc c'est une croisière ? Comme vous et moi ? On achète ou loue un voiler, et hop, vogue la galère ? On n'y est pas. Maud elle, tente difficile. Spectaculaire. Les mers du Sud, par les trois caps, contre le vent, presque comme Van Den Heede, mais pas tout à fait. En restant dans l'hémisphère sud. C'est plus court. Elle rachète donc la solide monture de Van Den Heede, trouve des sponsors, convoque les médias...
C'est ici que la posture tourne malaise, du moins en ce qui me concerne. Car pour exister devant les caméras, Maud doit dire : (c'est sur la page de (mise en) garde son site) : "...pour tenter la réalisation d'un challenge gigantesque, autour du monde, contre vents et courants.... Une aventure éprouvante, qui n'a été tentée que de très rares fois." Pour l'exemple, aussi. Pour des enfants, aussi, tiens, des classes jumelées, cause noble et pure dans le registre : "toi aussi tu peux réussir tes projets et d'ailleurs trie tes déchets, la planète est si fragile". On y est : site Internet, parrains politiques, couverture médiatique intégrale, survols par hélicoptères et coucou à la Jeanne d'Arc de la marine tricolore, mon dieu que le monde est petit. Et arrivée si possible en direct dans le journal de 20 heures, puis livre de souvenirs en librairie un mois après, j'imagine.
Je pense aux sillages de ces marins qui aussi voguent "gratuit", hors course. Ils sont des dizaines. Des centaines. Des hommes et des femmes, certains en solitaire. Eux encore s'attaquent aux mers difficile. Font mumuse jusqu'en Antarctique. Galérent autour des trois caps par pur esprit du sport et de l'aventure dans des situations et conditions semblables, parfois pire. Récemment l'auteur d'une transtlantique en solitaire a été retrouvé après quatre mois passé en mer, mât et moteur brisé. Un squelette. Ceux-là, tiens, n'appelent personne au secours. Ne déclenchent pas leur balise de détresse, à moins d'être en train de couler à pic. Ils réparent, bricolent en serrant les dents. redressent leur mât arraché par une cabriole dans les vagues ou leur gouvernail brisé. Ils reviennent la peau brûlée, hébétés, les mains calleuses et parfois une ou deux côtes fêlées. La question qu'ils adressent au promeneur de chien du quai, qui sous la bruine les aide en silence à passer les amarres sur le quai du port, est quelque chose comme : "Bon, est-ce que le bar est encore ouvert" ?
Je ne suis qu'un ronchon, dira-t-on. On aura raison. Il se trouve que par plusieurs occasions j'ai pu voir de soi-disant "héros", "gloires" des médias inventer, concevoir, calibrer à leur mesure des exploits hors compétition afin de bénéficier du maximum de retombées avec le minimum de risque réel, maximum de danger aux yeux des médias et du public innocent. Se confronter à d'autres, en course, est tellement plus difficile. Eux dosaient avec précautions. Calculaient. Trichant même, pour certains. Omettant de préciser que ce qu'ils faisaient fut déjà réalisé deux décennies plus tôt par de simples "baroudeurs" avec dix fois moins de moyens. Des amateurs à qui ils avaient ni plus ni moins repris l'idée. Le plus scandaleux, un journaliste proche l'a vécu : un professionnel de ce genre de "premières" hors compétition tombe dans le Grand Nord sur un voilier rempli de joyeux plaisanciers italiens. Notre héros fulmine. Les journalistes, à son bord, viennent de comprendre que l'exploit auquel ils sont venus assister à grands frais n'est pas plus hardi qu'une partie de canotage au bois de Boulogne par un jour d'orage. Les Italiens, heureux de voir du monde, saluent le "héros". Ils lui demandent s'il ne disposerait pas, avec toutes ces antennes sur son fier navire, d'une précieuse carte satellite du pack de glaces ? "Non, désolé, mon récepteur radio est en panne", répond ce hibou. Dans le carré, à l'intérieur de son navire, les cartes en question étaient posées sur la table. Pour ma part je connais je le jure, un membre d'équipage d'un autre navire, propriété d'un baroudeur des mers pacifiques, qui a coulé son navire pour contenter le soif de retombées de son sponsor.
Rien à voir avec Maud, j'en suis plus que certain. Mais comment reconnaître les aventuriers sincères des autres ? Où mettre la frontière entre exploit et singerie de l'exploit ? Entre sincérité et manipulation lorsqu'aucune limite n'est érigée ? La glissade n'est-elle pas facile dès qu'il s'agit de rembourser des banques ou de satisfaire un commanditaire ?
C'est d'autant plus dommage que ce qu'a vécu Maud est par ailleurs, humainement difficile, sportif et remarquable.
"Et quand je monte sur le pont à l'aube, il m'arrive de hurler ma joie de vivre en regardant le ciel blanchir sur les longues traînées d'écume de cette mer colossale de force et de beauté, qui parfois cherche à tuer. Je vis, de tout mon être. Ce qui s'appelle vivre. Et peut-être faut-il aller plus loin encore en regardant la mer".
Bernard Moitessier (La longue route, Ed. J'ai Lu) est le navigateur de Joshua. Pour les jeunes, je précise qu'il est en 1969 leader de la première course en solitaire autour du monde par les trois caps (vents portants). Au moment de remonter en Atlantique, la partie gagnée, il se rebiffe, annonce dans une lettre (il n'a pas de radio) qu'il n'ira pas couper la ligne d'arrivée, renonce à son prix, au prestige. Il estime qu'il perdrait son âme dans le tintamarre des médias, confie ses films et une lettre à son éditeur à un navire et repart, sans escale, jusqu'à Tahiti, pour y rejoindre des amis).
"Je n'en peux plus des faux dieux de l'Occident toujours à l'affût comme des araignées, qui nous mangent le foie, nous sucent la moelle. Et je porte plainte contre le Monde Moderne... Il détruit notre terre, il piétine l'âme des hommes..."
Excessif ? Peut-être. A chacun de choisir le monde dont il désire faire le tour.

PS : l'Anglaise Dee Caffari est la première femme à avoir accompli en solitaire un tour du monde à l’envers (dans les conditions longues du record, en partant de l'hémisphère nord). Partie de Southampton en novembre 2005, elle y revenait en mai dernier après avoir parcouru 29 100 milles en 178 jours.
 

12.3.07

Diables tordus


... de la forêt de Verzy. On les croyait disparus, brûlés comme des sorcières au Moyen-Âge. Ils ressurgissent, résistent en Champagne. Mais pourquoi ces arbres poussent-ils tordus ?
Comment grandit un arbre ? Par ses bourgeons. Dans l'axe de chaque branche, un bourgeon apical donnera la pousse de l'été, les nouvelles cellules de l'arbre. Pour les hêtres tortillards, ou faux, ou fous, la règle de l'axe n'est pas respectée. Le nouvelle pousse part dans une direction aléatoire, puis est orientée par l'éclairage, ce qui rattrape un peu les choses. Car à force de croître en tous sens, les branches tortillardes se retrouvent en porte à faux et brisent. En amont de la rupture une nouvelle branche devient alors maîtresse, qui repart, elle, plus belle. L'étrange structure qui en résulte peut être mise en équation, elle respecte les lois mathématiques du chaos, comme le trait d'une côte, le parasol des artères irriguant un cerveau, la dispersion des bras du delta d'un fleuve. Mais ce qui cause cette particularité des faux des Verzy, ou de ceux, récemment découverts, du Massif Central demeure inacessible. Est-ce-génétique ? Environnemental ? Les graines des faux donnent soit des arbres normaux, ou des tordus, ce qui plaide pour la génétique. On aime le hêtre, dont l'écorce est sensée guérir. Mais on redoute/adore le tordu. Compliqués, les hommes, lorsque par l'inhabituel ils se trouveent bousculés.

De ce hêtre au feuillage sombre/J'entends frissonner les rameaux:/On dirait autour des tombeaux/Qu'on entend voltiger une ombre./Tout à coup, détaché des cieux,/Un rayon de l'astre nocturne,/Glissant sur mon front taciturne,/Vient mollement toucher mes yeux. (Lamartine : Premières méditations poétiques).
Un tortillard se tordait de plus belle au sud de Domrémy, au "Bois Chenu", tout près de la Bonne Fontaine aux Fées. Celui-là était l'objet d'un culte: une procession s'y rendait un dimanche de carême et parfois avant l'Ascension. Pour chasser les esprits malins, il semble. Lors du procès de réhabilitation de Jeanne (d'Arc) (1450-1456), 11 témoins évoquent ce fau comme s'il s'agissait d'une information capitale. N'aurait-il pas influencé la pucelle, orienté son destni, insufflé en elle un peu de magie ? (G. Parent, Les Hêtres tortillards, Fagus sylvatica L. var. tortuosa Pépin, de Lorraine, dans leur contexte européen. Travaux scientifiques du Musée national d’histoire naturelle Luxembourg, 2006).

Voir ici : Chaos Trees © Olivier Blaise

10.3.07

C'est pourtant clair, c'est tout noir

"A peine 4% du cosmos sont visibles. Le reste nous échappe". Hein ? Quoi ? Bon. J'aurais du me méfier. La phrase m'est tombée dessus comme j'étais en ébats avec un ballon de rouge du café-théatre La Bonne Franquette, côté pavé et pentu de Montmartre. Sous les projecteurs Marie-Odile Monchicourt, (la science sur France-Info) faisait Simone qui découpe des melons, attend son amoureux, entend des voix lui causer big-bang, conscience, cerveau en folie. Joli texte de Véronique Ataly, bien joué. Drôle. Rideau. Applauses. Surgit sur scène un autre, barbu. Faudrait se méfier de son regard trop doux, à celui-là. Car c'est lui, Yves Sacquin, autre fondateur des bars des sciences et physicien au CEA, qui nous balance comme ça la phrase et son coup de vertige d'univers. Puis s'en va. Et nous ? Comment fait-on, nous, avec nos 96 % d'univers invisible sur les bras ? Comment dormir après ça ?
Récapitulation insomniaque:
L'univers est fait de planètes (mais oui on sait, nous y sommes), de soleils (ça chauffe), de morceaux et débris (astéroïdes, comètes) et autres tralalas de planètes molles et ratées. Ajoutez un fort fort nombre de systèmes solaires (des milliards) à bien d'autres encore et cela vous fera presque des galaxies. Encore un peu. Voila. Puis plein de plein de plein de très nombreuses galaxies font des amas, et des amas d'amas à leur tour font l'univers. D'accord, le "font", là est un chouilla exagéré. Car je ne vous cause pas des nuages de poussières, de gaz, des nébuleuses et autres particules qui traînent ici et là. Avec tout cet équipage, on a beau taper + et re+ sur les calculettes, savoir que les 4 % s'apellent des "baryons", ce tas là ne pèse pas bien lourd, comme dirait un sondeur pré-electoral face à un candidat au bord de sa ramasse.
Ca manque alors, l'univers. Oui mais de quoi ?
D'abord il y a la masse "manquante" (oui je sais c'est facile, n'empêche). Une manquante alias matière noire.
Les astrophysiciens ne savent pas de quoi elle est faite (puisqu'elle est noire on vous dit), mais ils la "sentent" ou plutôt calculent son influence sur les 4 %. Pour résumer en simple, les trajectoires des amas, des galaxies, des soleils et autres visibles sont influencés par ces noirs invisibles, qui sont si massifs qu'ils attirent à la manière dont la Terre nous cloue sur elle. Rien que de la gravitation, voilà. Comme si quelqu'un vous tirait avec une laisse, et vous ne savez pas qui c'est puisqu'il n'est pas sous le lampadaire. Retenez bien : cette gravitation, c'est la force qui freine l'expansion de l'univers. Même qu'avec des superordinateurs simulateurs, les astronomes en ont fait des cartes de son influence, de cette matière noire. Genre continents au XVIIème siècle, sur les cartes. Avec des blancs marqués "incognita". Et elle représente quoi au fait cette matière noire ? Ah quand même : 26 % de la masse de l'univers.
Bon, tout cela n'est pas pesé. 26 et 4, cela ne fait toujours que 30 %. On est loin du compte. Le reste, les 70 % du rabe d'univers ? C'est minou qui les a mangés ?
Ah que non, bien sûr. Ils sont dans l'assiette aussi, mais bien noirs eux aussi, ces 70 %. Mais attention cette fois on distingue. Par ici on cause d'"énergie noire". Car cette noire là, Madame Monsieur ne freine pas, non. Elle accélère ! Une énergie noire qui, à très grande échelle (des milliards d'années de lumière), vous met une accélération de l'expansion de l'univers. En gros, là ou la matière retient, l'énergie, elle, met la gomme.
Ca va ? Ca suit toujours ? Pas pour longtemps : ignorant là encore de quoi il s'agit, mais constatant itou l'effet de ces 70 % invisibles sur les étoiles qu'on voit, les astronomes parlent de "fluide à densité constante" ou de "constante cosmologique". Joli noms, non ? Bon, reassurez-vous, il se pourrait bien que tout cela soit faux, ou que Einstein se soit gouré. Mais de vous à moi, puisqu'on ne parle que de 96 % de l'univers, quelle importance ?
Bonne nuit.

Les folles danses de la matière molle

En réussissant à produire dans un banal ruban de matière molle (silicone) des phénomènes ondulatoires complexes et inattendus (ondes de Dira...