30.1.08

Par où va le Ciel ?

Devinette : la Terre tourne-t-elle autour du Soleil ? Ou le contraire ? (cliquer)
source de l'animation


La Terre tourne, bien sûr !
En êtes-vous certain ?
A méditer dans le numéro de Ciel et Espace (oui je sais, c'est une série!), cette phrase d'Einstein :

"La grande découverte de Copernic réside dans le fait qu'il a transporté le système de coordonnées de la Terre au Soleil. Mais, étant donné que le mouvement est relatif et qu'on peut se servir de n'importe quel système de référence, il n'y a pas de raison de donner la préférence à un système de coordonnées plutôt qu'à un autre."

Bref, peu importe que l'on prenne comme point de départ que le Terre tourne autour du Soleil, ou l'inverse. Cela n'est qu'un "point de vue" !

Cette citation de "L'évolution des idées en physique (ED. Flammarion) introduit le très bon article de Jean-François Robredo : "Le ciel n'est-il qu'une hypothèse ? "

A écouter ici la discussion sur le Centre de l'univers

Excellente question, qui résume à elle seule le point central de cette discussion de l'histoire et de la philosophie des sciences : les mathématiques révèlent-elles une réalité ou produisent-elles un réel aussi fictif que celui que produisent nos sens ?

Tout de même, comme dirait Géraldine ma marchande de fleurs préférée, si l'observation : la Terre tourne autour du soleil (comme nos yeux nous le répétent tous les jours) est équivalente à la conclusion mathématique (et fort mal vue de l'Eglise) : "toutes les planètes, y compris la Terre, orbitent autour du Soleil", cela signifie que même si des descriptions correctes sont possibles, la réalité absolue n'existe pas. Ni sous la lumière de nos sens, ni par les mathématiques.

Si, Géraldine, une troisième possibilité existe. Que ni le réel absolu ni les mathématiques idéales n'existent à l'état latent. Mais que ce soit notre représentation du monde, notre champ de vision qui peu à peu, forge une version du réel, en mariant les deux : sensations et représentation abstraite. Poussières et songes.

29.1.08

Alerte aux pôles (25)

Glaces de mer et de terre ?

Survol de glaces


L'Antarctique, comme si vous y étiez, mieux que sur Google Earth
(images satellites Landsat)

My love trou noir

Le sang de tout Homme ne bat-il pas du désir de caresser le vide ? Lorsque la sombre créature de leurs désirs s'évade à leurs regards, (ainsi qu'à ceux de leurs télescopes et autres engins à palper l'invisible) les voici qui simulent. Leurs équations, leurs mathématiques, mieux que les vers de Dante, leurs polynômes esquissent en volutes et tourbillons le Monde dont leurs rêves avaient reçu quelques promesses. Que de passions ! Voici par l'obéissance ces machines appliquées, caravelles, ordinateurs et robots, voici le lieu de leur imaginaire. Emerge dans sa lenteur une île aux parfums de sables.

Le Trou Noir.
Le trou noir ne veut être vu.
Et pour cause.
Le trou noir obéit à sa définition : "région de l'espace dont ne s'échappe aucune information".
On a dit aucune.
Nous pouvons constater que cette vexation fait battre à l'esprit des hommes les ailes du désir.

Dans la revue Ciel et Espace, ce mois-ci, et en vidéo, en ligne :
simulation d'effet gravitationnel sur l'image d'une galaxie par un trou noir

Oh ?

Un autre encore sur Wikipédia (par le lien la qualité est meilleure!)


On l'aura pigé, on espère, ces temps prochains, apercevoir un trou noir.

Le plus voisin (Cygnus X1) serait vers les 7200 années-lumière de la Terre, et pour nous sa taille apparente celle d'un microbe sur la Lune...
Pas facile, à saisir, ce sombre minuscule. De toutes les manières on ne le distinguera pas lui, mais ses effets décoiffants sur l'espace, sur son voisinage énervé. Sa puissance gravitationnelle est telle qu'il dévie franchement les rayons lumineux de passage à ses abords. Mais n'est-ce pas ainsi que toute chose existe ? Par ses effets sur les autres ?

Un trou noir ? Il s'agit de l'implosion de la matière. Cela peut, par exemple, se produire en fin de vie d'une étoile. La pression d'effondrement devient supérieure aux forces assurant les structures atomiques habituelles. La densité d'un milliard de tonnes par centimètre cube est dépassée (à ces valeurs, la Terre serait réduite à une sphère de moins de 20 millimètres de diamètre). Elle est telle qu'aucun "objet" ne recèle suffisamment d'énergie pour s'évader de ce champ gravitationnel.


Tiens, cela sort du four :

January 29, 2008
Contact:
Tim Stephens
ucsc.edu

Unusual supernovae may reveal intermediate-mass black holes in globular clusters

SANTA CRUZ, CA--A strange and violent fate awaits a white dwarf star that wanders too close to a moderately massive black hole. According to a new study, the black hole's gravitational pull on the white dwarf would cause tidal forces sufficient to disrupt the stellar remnant and reignite nuclear burning in it, giving rise to a supernova explosion with an unusual appearance. Observations of such supernovae could confirm the existence of intermediate-mass black holes, currently the subject of much debate among astronomers.

"Our supercomputer simulations show a peculiar supernova that would be a unique signature of an intermediate-mass black hole," said Enrico Ramirez-Ruiz, assistant professor of astronomy and astrophysics at the University of California, Santa Cruz.

28.1.08

Où suis-je ?

Chronique France Interfoto
Pour commencer, je vais vous demander de bien vouloir vous livrer à une petite expérience.

Attention cette épreuve ne concerne pas tous ceux dont la sécurité, ou celle des autres, depend de leur vision ou de leur attention. Si en ce moment vous conduisez, pilotez, êtes en train de pratiquer une opération à coeur ouvert, ou même si vous sautez sur un trampoline, ne le faites pas.

Voila vous allez fermer les yeux.
Sans tricher.
Puis lentement, en prenant le temps, vous allez toucher le bout de votre nez, alernativement avec votre index droit, puis le gauche.
Puis plus dur, maintenant, vos oreilles. Ca y est ?

Vous savez ce que vous venez de faire ?
Vous venez d’utiliser votre 6eme sens, celui dont on ne parle jamais : la proprioception

La proprioception est une fonction sensorielle et motrice très importante. C’est à travers elle que nous pouvons avoir un « ressenti » de notre corps et de ses mouvements dans l’espace. C’est à elle que nous faisons appel lorsque nous exécutons un geste de mémoire, mais aussi lorsque nous apprenons des comportements nouveaux, dans la vie, dans un sport, une activité. Fondamentalement, elle inscrit notre "moi" dans l'espace, et cela très vite après notre naissance, en quelques mois.

Les pilotes de F1, qui apprennent un circuit, les skieurs de descente, mais aussi les astronautes, ou les musiciens, les cambrioleurs qui doivent éviter les capteurs laser. Le joueur de Wiii aussi. Enfin des que nous devons mémoriser des gestes très précis. C'est à dire out le temps. Par exemple la position que vous avez en ce moment, installé à cette table, pour lire cet écran, est inscrite dans votre "mémoire" proprioceptive.

Tous ceux qui tapent avec deux doigts sur leur clavier de traitement de texte peuvent essayer d’ailleurs, de fermer les yeux pendant qu’ils écrivent. Ils se rendront compte que leurs doigts continuent de courir sur le clavier et qu’en fait ils connaissent les positions des lettres sur le clavier, sans les avoir jamais apprises.

Quelles applications ? La réalité virtuelle, comme dans les simulateurs, la Wii, mais aussi le clavier invisible, par exemple. Sur le blog techno de "New scientist", on trouvera un projet de clavier d’ordinateur virtuel, qui n’existe pas, les doigts venant juste tapoter là bureau là où devraient se trouver les touches… Les mouvements étant détectés par un système laser.

On fait des erreurs, forcément. Ce n'est pas très grave : l’ordinateur est capable, avec les séquences de lettres mal frappées, de restituer les mots corrects, par une correction instantanée, comme le système de nos téléphones.

On trouvera sur Internet des sites baratino- marchands, qui tenteront de vous vendre toute une série de gadgets pour développer chez vos enfants le système proprioceptifs

Vous voulez que je vous dise ce que j'en pense ? Avec un peu d’imagination et de bons sens, si votre enfant tombe, se heurte, ou a une mauvaise image de son corps, un peu de balançoire, de la piscine, des jeux avec sa de couchage, et cela devrait déjà aller mieux. Pas besoins du bidule vibrant, du machin glacé, ou de la brosse sensorielle (je vous jure que cela existe, mais pas de lien ici, désolé).

On pense aussi aux âgés. Entrenir son corps, bouger, pratiquer ne serait-ce que la bagatelle, la randonnée ou le tango, c’est excellent, les amis.

Sujet plus grave
Il y a cette relation, soupçonnée, entre des défauts de proprioception, et la dyslexie

En fait il faudra consulter. Car il y a débat

Mais des études suggèrent que les défauts du système postural fin provoquent des déséquilibres du tonus occulaire. Les muscles oculaires des dyslexiques présenteraient une activité saccadée anormale en raison d’une asymétrie de tonus . S’y ajoute une mauvaise localisation des mots car les saccades oculaires n’amènent pas le regard au « centre» des mots. (le « centre de gravité d’un mot ou d’un groupe de mot est l’endroit où le regard doit se poser pour permettre le « décodage » du mot).

Pour en savoir plus, en général


Pour vous changer les idées, ce très petit film : "Comment peler une pomme de terre en 10 secondes" sans se fatiguer, et même dans le noir.


27.1.08

La vie mode(s) d'emploi(s)

La vie ?


Selon l'actualité :
(Janvier 2008), source AFP

Des chercheurs américains annoncent dans la revue "Science" avoir "fabriqué" le premier génome bactérien synthétique.
"Ceci est une avancée enthousiasmante", précise Dan Gibson, principal auteur de ces travaux auxquels a participé Craig Venter, fondateur de l'Institut et pionnier "controversé" des biotechnologies. "Toutefois nous continuons à travailler vers le but ultime : insérer un chromosome synthétique dans une cellule et d'amorcer ainsi la création du premier organisme artificiel", ajoute-t-il encore.

Il s'agit de créer de toute pièce une nouvelle bactérie en lui greffant un génome fabriqué sur mesure pour qu'elle puisse remplir une fonction spécifique. "Nous avons montré qu'il est possible de créer artificiellement de grands génomes et d'en ajuster la taille, ce qui ouvre la voie à des applications potentielles importantes telles que la production de bio-carburants", explique le Dr Hamilton Smith, un des co-auteurs de ces travaux.

Il serait tout aussi possible de produire des organismes artificiels pour le traitement biologique des déchets toxiques ou la séquestration du dioxyde de carbone (CO2), relèvent également les auteurs de l'étude. Cette recherche "représente la deuxième de trois étapes vers la recréation d'un organisme vivant entièrement artificiel", précise Dan Gibson.

La première étape avait été franchie en 2007 avec le transfert réussi d'un génome d'une bactérie à une autre bactérie, devenue une espèce différente dans ce processus. Pour l'étape finale, les chercheurs de l'Institut Venter vont eux tenter de créer une cellule artificielle de bactérie basée entièrement sur le génome synthétique de la bactérie Mycoplasma genitalium qu'ils viennent de fabriquer.

La bactérie Mycoplasma genitalium possède l'un des plus petits génomes cellulaires connus avec un peu plus de 580 gènes, d'où son intérêt pour ces chercheurs. En comparaison, le génome humain en compte quelque 36.000.


Selon Cube :


Qub
envoyé par nicop


Selon Romain Gary
...
"Après elle a plus rien voulu savoir et elle a défendu qu'on avale le feu chez elle. Elle ne savait pas qu'elle était gaga, elle croyait qu'elle avait fait un petit somme et qu'on l'avait réveillée. On ne pouvait pas lui dire."
...
La vie devant soi (Romain Gary)



Selon "Automates intelligents"


Nous avions précédemment signalé dans notre actualité du 18/01.03 l'importance de la découverte du phénomène dit quorum sensing par lequel les bactéries communiquent entre elles et, notamment, se mettent d'accord, quand elles sont en nombre suffisant, pour déclencher une invasion massive de l'hôte infecté, submergeant ses défenses immunitaires.

Sous le titre de "Learning the Language of Bacteria" numéro de novembre 2007 de l'American Chemical Society (Biology)], des scientifiques britanniques annoncent aujourd'hui avoir découvert le moyen de contrer le langage chimique qu'utilisent à cette fin les bactéries. Ceci pourrait conduire à des progrès dans la lutte contre les bactéries antibio-résistantes qui se développent actuellement de façon inquiétante (dites super-bugs dans le monde anglo-saxon).

Les chercheurs David Spring, Martin Welch et James T. Hodgkinson décrivent les composants qu'ils ont identifiés comme susceptibles de freiner les échanges entre bactéries responsables du quorum sensing ou d'autres activités collectives comme la formation de bio-films (photo). Il s'agirait d'une famille appelée N-acylated homoserine lactone (AHL).

Colonies.




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Selon Wikipédia, la vie est le nom donné :

  • à un phénomène empirique particulièrement important pour les humains (qui sont eux-mêmes vivants et pour qui les autres êtres vivants ont une place essentielle), mais qui ne se laisse pas facilement définir (cf. infra). Ce phénomène s'oppose à la notion de matière inerte, et s'articule avec la notion de mort ;
  • à une étendue temporelle, entre la naissance et la mort ;
  • au contenu en événements ou en actions de cette étendue temporelle, pour un humain ;
  • à l'approche harmonieuse des relations humaines (voir « question sociale »).
...

Selon nos Calculs
Chez l'Homme, il a été calculé que 10exp12 bactéries colonisent la peau, 10exp10 bactéries colonisent la bouche et 10exp14 bactéries habitent dans l'intestin, ce qui fait qu'il y a dix fois plus de cellules bactériennes que de cellules humaines dans le corps humain. La plupart de ces bactéries sont inoffensives ou bénéfiques pour l’organisme...

Escherichia coli mesure environ 2 µ (microns ou micromètres) et pèse 10-12 g. C'est une cellule sans noyau véritable, mais possédant tous les éléments nécessaires à la synthèse des protéines, c'est-à-dire un chromosome de 1 mm de long, comportant environ 4 000 gènes et de nombreux ribosomes (*) dans le cytoplasme.

Dans les conditions optimales, chaque cellule se divise en 2 toutes les 20 minutes environ. C'est ainsi qu'en moins de 2 jours, 1 seule bactérie pourrait produire, si elle disposait d'une quantité suffisante de nourriture (...) une masse de 6 x 1021 tonnes, égale à celle de la Terre !

  • En 1 heure, 1 bactérie donne 8 bactéries, soit 2exposant3 (3 divisions car 3 x 20 minutes)
  • En 1 jour : 2exp3 x 24, soit 2exp72 bactéries
  • En 2 jours : 2exp(72 + 72) = 2exp144 bactéries, ayant chacune une masse de 10exp-12g
  • Masse des bactéries produites en 2 jours : 2,23 x 10exp43 (nombre) x 10exp-12 = 2,23 x 10exp31 g
  • Soit 2,23 x 10exp25 tonnes (masse de la Terre : 6 x 10exp21tonnes)

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Selon Margulis

Les bactéries, forme la plus simple et la plus efficace d'élaboration et de mobilité de l'ADN, sont ses agents les plus efficaces. Et cela à l'échelle de l'univers. De ce point de vue ce sont les bactéries qui mènent le monde.

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Selon Lovecraft
"....
Je suis sûr en tout cas, d'avoir entendu le tonnerre et d'autres bruits comparables que la Nature n'émet que lorsqu'elle est déchaînée.
...
La fin est proche. J'entends un bruit à ma porte. Comme si un gigantesque corps rampant s'était glissé jusque chez moi. Il ne me trouvera pas. Mon Dieu ! cette main ! La fenêtre ! la fenêtre !"
(Dagon)

26.1.08

Impossible ?

Ces lieux si fort possibles et tant impossibles...




En direct sur le site Charlatan.info

"...
Et un jour on inventera un appareil plus complet. Ce que nous pensons et sentons durant la vie (...) sera comme un alphabet grâce auquel l'image continuera à tout comprendre..."
Adolfo Bioy Casares, L'invention de Morel.

25.1.08

A quoi les dauphins rêvent-ils ?


Dolphin Play Bubble Rings -

Il jonglent avec leurs bulles, sauvent Télémaque fils d'Ulysse de la noyade. Mais dorment-ils ?

Ce sont des veilleurs. Je veux songer à ces infatigables nageurs de notre Thétys en sentinelles. Au large de notre Terre cernée d'eaux. Projections. Imaginons-nous les dauphins ou eux nous imaginent-ils ?

Dorment-ils ? Le sommeil des mammifères marins a du s'adapter à quelques contraintes. La plus importante étant de remonter, au moins toutes les demi-heures. Aller respirer. Dans ces conditions comment fermer l'oeil ?

Chez les dauphins le sommeil se fait par moitié de cerveau.

Pendant qu'un hémisphère cérébral est en sommeil, l'autre est éveillé. Comme leur respiration est volontaire, cette particularité leur permet à la fois de dormir et de respirer. Dormir de tout son cerveau provoquerait l'éternel sommeil.

Contrecoup ? Le dauphin semble dépourvu de ce sommeil agité que les chercheurs nomment paradoxal. On dort mais le cerveau est encore plus actif qu'éveillé, en frénésie, et l'on observe une folle agitation, sous les paupières. Les yeux sont fous. Chez les mammifères, chez l'humain, c'est là que se niche le rêve.

En absence du somme paradoxal les dauphins rêvent-ils ? Il ne serait pas impossible qu'ils détiennent une autre forme de refuge à rêve, invisible à nos électrodes et machines. Une autre énigme encore.



"...
Surnaturel, je me cramponne à ton drapeau de soie
que le grand vent me coule dans tes plis qui ondoient
Je craque de discordes militaires avec moi-même,
je me suis comme une poulie, une voiture de dilemmes.
..."

Max Jacob, La Terre

24.1.08

La revanche des arbres

Troublant. Les arbres auraient-ils (enfin) décidé de nous envahir ?

A Angkorfoto

Chez Bilbo le Hobbit (Le Seigneur des Anneaux)


Invasion Hundertwasser, à Vienne




Le complot Patrick Blanc (Musée Branly, Paris)



Les enfantillages de Peter Pan ?


Relancer la réflexion sur l'énergie, l'habitat...
Et si l'on reprenait tout ? La ville offerte au végétal. L'alliance de l'antre humain et de l'organique rebelle. Du high-tech aux odeurs de tourbe fraîche. Grignoter le ciel par les racines. C'est étrange, moi c'est ainsi que je pressens le futur. Pas en chromes ni en surfaces immaculées.

à Paris, combien de régiments ?
- arbres de façades et voies publiques (96 500),
- arbres retenus en enclos, parcs et jardins (36 500),
- arbres consacrés ad patres (34 000),
- arbres enfumés du périph. (8000),
- arbres scolaires (6000) et sportifs (3 000)
- arbres par touffes de Boulogne et Vincennes (300 000).

Nouvelle menace (à Singapour)

D'autres idées ?



21.1.08

Cachés dans Pi ?

Chronique France Inter (21 janv 08)
foto
3,14159…
Vous savez les chiffres incroyables de notre enfance. Ceux des Babyloniens, des pharaons, de Pythagore. Ceux du mystère des cercles qui se tracent au tableau noir avec des odeurs de craie et d'encre appliquée, de langues tirées !

Mais comment retenir toute les décimales ?
Ah oui il y a le fameux poème (comme quoi déjà, la poésie et les maths...)

Que j'aime à faire apprendre un nombre utile aux sages !
Glorieux Archimède, artiste ingénieux,
Toi qui, de Syracuse aime encore la gloire, etc.


(le nombre de lettres de chaque mot est un chiffre de la suite de décimales…)

Que vous trouverez sur Wikipédia, mais aussi le blog aléa

Eh bien ce nombre, les mathématiciens modernes avec leurs ordinateurs, ne cessent de le calculer. Ne cessent car ce nombre fascinant, n’a pas de fin. Si. Une entreprise de civilisation, quoi. Mettre la main sur l'insaisissable !

En attendant, "π est un nombre irrationnel, c'est-à-dire qu'il n'est pas le rapport de deux nombres entiers. En fait, ce nombre est transcendant. Il n'existe pas de polynôme non nul à coefficients entiers dont π soit une racine".

Bon en langage courant il est infini notre Pi, avec son nombre intarissable de chiffres après la virgule. On l’approche, mais on ne le touche jamais. Un horizon qui fuirait devant. Infini ? Vraiment vous voyez ?


Jouer avec Pi, cela peut aussi consister à faire comme Akira Haraguchi. Ce Japonais de 59 ans qui en juillet 2005 énuméra de mémoire 83.431 décimales du nombre Pi, établissant le nouveau record de cette très spéciale spécialité. Haraguchi, psychologue de profession (!), entama ce marathon le vendredi à 9h00 et ne l'acheva que le samedi matin, après avoir subi un violent trou de mémoire vendredi vers la mi-journée.

Même les longs poèmes ont leurs limites.

Comment on calcule Pi est un peu long a détailler ici. Sachez qu’il y a la méthode de Machin (si), John Machin, un astronome anglais du XVIIeme siècle…

Le record officiel de 2002 de décimales connues, établi par un réseau d’ordinateurs (programmés par des Humains), est de 1241 milliards de décimales.

Des sites sur pi vous en trouverez presque des milliards aussi, ainsi l’excellent pi314.net mais celui qui me rend pensif est ici.

Cette suite de 1241 milliards est tellement énorme et non répétive, que bon nombre les combinaisons possibles de 7 chiffres y sont inscrites (combien ? à démontrer...). Résultat, votre date de naissance en 7 chiffres y est très probablement inscrite. Oui. (Suggestion de Etienne Klein : vérifier si la vôtre ne serait pas une exception... On s'y met ?)

Détails : le site "Pi search" compte aujourd'hui 200 millions de décimales en mémoire, et la probabilité de voir une combinaison de N chiffres y est de:
N
1-5 100%
6 Nearly 100%
7 99.995% (pas mal !)
8 63%
9 9.5%
10 0.995%%
11 0.09995%

Amusant. On voit que cela dégringole très très vite avec l'augmentation du nombre N.
Une bonne façon de "sentir" qu'en face de l'infini, 200 millions est assimilable à 1 !

Bon. La mienne (de date) je ne la donne plus, mais pour les indiscrets, elle figure en 3,070,644 ème position après la virgule.

Cela sert à quoi ? C’est une prouesse, repérer des séquences de chiffres parmi tant de chiffres et aussi vite. Et puis cela permet de cacher des combinaisons, des codes, etc… Bref de s’amuser ! Une information dénichée au passage sur le très bon blog scientifique de docteur Goulu. Où l’on parlera aussi d’actualité, d’espace. Notamment de la planète Mercure, de la sonde de la Nasa qui s’en est approchée, je vous laisse voir comment !

Ah et puis au rayon poésie et farces, j’ai un joli site :

On y trouvera des jeux « leave that room". "Vas voir ailleurs" en Molière ? De petits espaces dans lequels il faut trouver la solution pour s'évader, une peu comme dans Cube, vous savez, le film ou des gens se retrouvent enfermé dans une pièce sans savoir où ils sont et quelle est la logique de l'endroit. Et puis sur ce Nicosite on trouvera aussi de l’étrange, comme cette planète peuplée de cubes, où le personnage se demande s’il doit ou non appuyer sur le bouton rouge…

La Devinette

La semaine dernière La question était : pourquoi dans un miroir se voit-on a l’envers droite et gauche, mais pas de haut en bas. C’est logique non. Si ma droite passe à ma gauche mes pieds devraient venir à la place de ma tête ?

La réponse : elles ne sont pas inversées. C’est notre perception, notre façon de nous voir qui introduit un biais. Le miroir n’inverse rien, c’est notre cerveau qui inverse, puisqu’il attache de l’importance à la droite et à la gauche, à cette symétrie verticale. Voir le site Tatoufaux

A propos je vous ai mis en ligne une vidéo désopilante sur la manière dont les miroirs reflètent les images de certains et pas celles des autres…

Je la republie




La devinette pour la semaine prochaine ? Je ne résiste pas. Pour les auditeurs (pour les lecteurs de ce blog voir plus bas) je pose la question des concombres.
Vous achetez 500 Kg de concombres
Ils sont à 99 % composée d’eau
Le lendemain matin, il n’y a plus que 98 % d’eau
Eh oui, évaporation…
Combien pèsent les concombres…
Allez, cherchez…
Mais comme on dit certains : à votre place je changerai de fournisseur

Voila. Bonne semaine de découvertes.

17.1.08

La girafe et la fourmi

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Un jour Todd Palmer, zoologue de Floride, se demanda pourquoi des acacias d'Afrique, depuis des années entourés de barrières, protégés des dévoreurs que sont girafes et éléphants, avaient si piètre allure. Le contraste était saisissant : d'autres arbres, se trouvant à l'extérieur de ces barrières, étaient eux tout flamboyants. Alors qu'à coup de dents ils étaient régulièrement broutés, tondus, ébranchés.

Etrange, non ?

Les acacias siffleurs sont des arbres communs dans les régions tropicales, sub-sahariennes et la savane d'Afrique de l'Est. Leurs grosses épines servent de nids à plusieurs espèces de fourmis piqueuses. Certains arbres sont pourvus de centaines de ces épines et abritent ainsi des armées de centaines de milliers de fourmis.

Insectes et acacias bénéficient de leur cohabitation: les fourmis trouvent là gîte et couvert (le nectar produit par les feuilles de l'arbre). Pour leur part les fourmis procurent une défense supplémentaire à l'arbre. Sensibles et agressives, elles surgissent à la moindre trépidation pour repousser tout ce qui bouge. Toutes sortes d'insectes, mais elles incommodent également les gros brouteurs, sans les dissuader totalement.

Un équilibre, en quelque sorte.

Ces interactions complexes sont le fruit de co-évolution entre espèces, un peu du même type que celles des fleurs et des insectes qui les butinent, s'y régalent et les pollenisent. Comme l'orchidée et son papillons à très longue trompe.

On connaît encore des fourmis d'Amérique centrale qui vivent dans des arbres, y traient des chenilles, consomment leur mielat. Lorsque la précieuse chenille est attaquée, elle pousse un "cri" . De quelle manière ? En frottant une grille à la surface de son enveloppe. Cette vibration fait accourir des fourmis qui se dressent et empêchent les guêpes pondeuses de se poser pour piquer et parasiter la chenille. La présence des fourmis est par ailleurs propice à la plante, qui pour ainsi dire la "jardinent".

Lorsque pour une mystérieuse raison (allez parler de clôtures électriques à un acacia) les arbres ne sont plus broutés par ces voraces de grands mammifères, leur cycle s'en trouve modifié. Les arbres produisent moins de feuillage et de nectar. Cela peut sembler paradoxal, mais c'est là leur réponse à la pression des herbivores. Un peu comme un arbre fruitier que l'on récolte et taille porte des fruits plus nombreux qu'un sauvageon.
Résultat, les colonies de ces arbres négligés périclitent et les fourmis finissent par chercher ailleurs des arbres plus "généreux". Elles abandonnent la place. Arrivent alors d'autres fourmis, plus passives, mais encore des régiments de xylophages qui s'attaquent au bois, forent leurs galeries, font bien davantage encore dépérir les arbres.

Osons le dicton :
Si tu veux voir l'arbre pousser et la fourmi rigoler, laisse brouter.


(D'après une étude publiée le 11 janvier par la revue Science)

Vivre 800 ans

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Je ne suis pas un fanatique de ce genre d'annonce. Mais celle-ci (même si elle probablement surinterprétée et incomplète) résonne en moi, un peu à la manière d'un conte de Borges.

"Une technique génétique permet d'activer la privation calorique et de multiplier par dix la durée de vie d'une levure. L'équipe à l'origine de ce travail pense que cela serait simple et transposable chez les Humains. les premiers tests sont en cours en Equateur. Les Humains pourraient vivre 800 ans..."

Imaginons que cette formulation "hasardeuse" et qui ne mange pas de pain soit vraie.

On "découvre" subitement un biais biologique qui permet, par une méthode très simple et peu onéreuse, de multiplier par dix l'espérance de vie des individus.

Voila. La seringue (ou la pilule) est sur la table. Que faites -vous ? La prenez-vous ? Passez-vous à l'acte ? 800 ans cela peut sembler long, non ? Et que faites-vous si vous avez 70 ans (le procédé ne fait pas rajeunir) ? Sincèrement...

Et au fait, avez-vous lu "des fleurs pour Algernon" de Daniel Keyes ?




Lien vers la publication scientifique
Original du post US (un site de science fiction) :

There is now a way to extend the lifespan of organisms so that humans could conceivably live to be 800 years old. In an amazing development, scientists at the University of Southern California have announced that they've extended the lifespan of yeast bacteria tenfold -- and the recipe they used to do it might easily translate into humans. It involves tinkering with two genes, and cutting down your calorie intake. Tests have already started on people in Ecuador. (Carrément ???? très suspect comme commentaire)

16.1.08

Les maths du concombre

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Une petite devinette comme on les aime, "empruntée" à l'excellent blog d'Alexandre Moatti et digne des Mille et une nuits.

Un marchand laisse reposer 500 kg de concombres contenant 99 % d'eau durant une nuit.
Le lendemain, les concombres ne recelent plus que 98 % d'eau. Combien pèsent-ils à présent ?
La réponse est surprenante, contre-intuitive. La solution figure sur le blog mentionné. Mais essayez de trouver.

Avec (carnet secret = on croit plus à la chance qu'à la malchance)

Emeute

Le net, parfois c'est monotone, non ?
Allez, petite récré
(attention, ne rien faire, juste attendre)
Mais attendre, c'est faire aussi...

14.1.08

Le futur ? On verra plus tard

(Chronique France-Inter du 14 janv 2007)

Vous êtes vous déjà demandé à quoi vous ressembleriez dans le futur ?
A quoi le monde ressemblera ?
Est-ce que le futur existe ? Peut-on le prévoir ? Le pâte à modeler ?
foto
C’est le genre de question que l’on se pose volontiers en début d’année. Vous savez, les vœux, les grands dégagements politiques, les incertitudes planétaires, les voyantes acariatres….

Allez hop, embarquement pour le futur.

"si vous ne crûtes pas,
que le printemps éclût
L'hiver vous reclouera sans que vous pûtes éclore..."
(L'Acte inconnu, Valère Novarina)

Que trouve-t-on sur le Net à ce sujet ?

Emergence.Net est un site qui recense sur le sujet. Franchement, à mon avis ce qu’il y a de meilleur ce sont ses liens vers d’autres sites, comme celui de Futuribles. Ah si, il y a aussi quelques questions intéressantes comme : demain serons-nous tous virtuels ? Aurons-nous une existence légère et abstraite (angélique ? ) dans les mondes du Net ?

Apparemment on y annonce surtout conférences, réunions, colloques. Prévoir et modeler le futur des réunions qui parlent du futur est quelque chose qui intéresse donc des tas de gens.

Ce vocabulaire me fait sursauter. Cela s’appelle parfois carrément « shaping the future », et de grandes entreprises sont présentes (seraient-elles inquiètes ?), dans le souci, de toute évidence, d’être bien placées au cas ou quelque chose émergerait de toute cette agitation futuriste : robots, nouvelles images, réalités virtuelles, jeux en ligne…

Mon grand Futur d’or qui brille dans le soleil levant je le décerne (oui vous avez déjà compris que tous ces gens qui tentent de tâtonner et d’être en avance sur le futur en annonant de grandes phrases creuses me lassent) à l’association
La fabrique du futur (il faut assumer un nom comme cela, hein)
qui entre autres perles vous proposera un livre, à paraître prochainement dans le futur
avec de vraies phrases comme
« Comment inventer de nouveaux produits et services (…)? les auteurs proposent d’intégrer à la stratégie d’innovation la notion d’imaginaire".

Ou alors :
« Créer ce qui n’existe pas nécessite d’imaginer le futur (…) Et ceci afin que notre monde, bien réel lui, évolue grâce à des produits meilleurs pour l’homme et meilleurs pour l’environnement. » Bernard Charlès

Je vous laisse juge. Mais cet humour-là me réjouit.

Comme Europe 2020 qui se proclame : « laboratoire européen d’anticipation politique » et se demande savamment quelle langue parleront les européens en 2025 ou vous annonce la crise monétaire mondiale pour cette année (quelle audace !).


Plus poétique, sous la houlette de Bernard Werber, l’auteur des Fourmis, L’arbre des possibles est un lieu où nous, vous, moi, les internautes du monde sont conviés à former une vaste fourmilière et proposer les scenarii pour le futur. J’imagine que l’idée c’est de tous les proposer comme cela on a moins de chances de se tromper.

Outre la collection de toutes les idées déjà vues recueillies (empruntées ?) dans les romans de science-fiction, on y croise des scénarios bouleversants, comme : « Si on arrivait à enregistrer les pensées-les rêves-les émotions sur un support numérique... Les voix de l'âme deviendraient alors pénétrables... Notre perception du monde, de nous même et des autres s'en trouverait véritablement changé. La curiosité du départ laissera place à une veritable prise de conscience. Une nouvelle forme d'art verra le jour (les rêves créeront des peintures; les émotions composeront un nouveau style musical et les pensées seront transcrites directement en romans.

Plus intéressant, car un peu plus « limité » (la modestie, c’est bon signe, souvent) :
Dans quel monde de briques, de fer et de béton, de tours et de forêts entremêlés vivrons-nous demain. Bref dans quelle architecture, dans quelles habitations. Si cela vous passionne, vous pouvez visiter ce site magnifique, intriguant, onirique, mettant en question nos clichés, nos fantasmes et nos désirs (c’est en anglais) BLDG.

Vous y découvrirez des constructions futuristes, mais aussi des cabanes dans des immeubles en béton, ou des sites industriels transformés en terrains de jeux inattendus. Avec cette joyeuse touche de décalage qui introduit l'essentiel : le trouble face au futur.

Pour achever de se calmer, davantage d’humour encore avec
Paleofuture, un blog qui vous montre comment hier, avec entêtement, on voyait aujourd’hui.

Vous y retrouverez les fameuses voitures volantes, les robots ménagers au physique de nageuse est-allemande, ou les conversations par vidéophone qui n’existent toujours pas, personne n’ayant envie de voir que l’autre se met les doigts dans le nez.


Je rappelle encore l'existence de ce livre et de ce siteLe cygne noir
Le site qui vous explique pourquoi le futur n’est pas prévisible et que la version scientifique de la voyante extra-lucide mérite votre sourire tout autant.


Savez-vous qui a dit :
"On ne peut prévoir l’incidence qu’auront certains événements dans le futur ; c’est après coup seulement qu’apparaissent les liens.
C’est Steve Jobs, le fondateur d’Apple, en 2005, à lors de la remise des diplomes à des étudiants de Stanford…


Allez passons aux choses sérieuses. Une devinette
Pourquoi droite et gauche sont inversées dans le miroir ?


La réponse la semaine prochaine.
Oui c’est atroce. Mais c’est cela qui est amusant avec le futur…
On ne sait pas même s’il existera.

12.1.08

Camouflages ?

Transformisme d'encre. Ou comment lorsque l'on ne sait plus se faire passer pour ce que l'on est pas, l'on renverse l'encrier.

"J'ignore ce qu'est la Nature : je la chante.
Je vis à la crête d'une colline
dans une maison blanchie à la chaux et solitaire,
et voilà ma définition."
(F. Pessoa, Le Gardeur de troupeaux, XXX)




Trouvé ICI

11.1.08

On aime rire à la Nasa


Ceci ?

(document Nasa)

ou alors cela ?


A lire et sourire dans le mensuel Ciel et Espace de ce mois-ci (une lecture que je recommande !) ou ici et : la Nasa envisage d'expédier des hommes sur un astre minuscule, un astéroïde. Nos "Petits Princes" visitant et auscultant ces roches mystérieuses de notre système solaire, flottant en orbite pour la plupart entre Mars et Jupiter, et pour d'autres croisant parfois l'orbite de la Terre.

Donc :





Léger souci : un tel astre est petit, si minuscule que la force de gravitation, à sa surface, est évanescente, incapable de retenir un objet en mouvement. Les astronautes flotteraient à sa surface, se trouvant sous la menace, au moindre appui, de se voir propulsés vers le grand large de l'espace par la force de réaction. Jamais en peine d'idées, la Nasa propose une série de dispositifs plus ludiques les uns que les autres pour "coller" les humains" à la surface du maudit rocher. Pour ma part, je suggère des bretelles.

Et puis pour les inquiets, cette nouvelle annonce de collision, d'un astéroïde, avec Mars.



Le singe, l'homme et le miroir





Le singe et le miroir. - Ma-Tvideo France2
Le singe et le miroir. - Ma-Tvideo France2

Tremble-t-elle chaque jour ?

Sans même être inquiet, on peut désirer savoir où la Terre a tremblé dans les dernières 24 heures, ou autre durée. Presqu'en direct :


Pour le lien : par ICI

10.1.08

Alerte aux pôles. Vidéos 20 et 21

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Minis entretiens réalisés avec le CNRS (Année polaire internationale)


Pourquoi les océans montent-ils ?




La disparition du Gulf Stream ?

Civilités

Le débat s'anime autour de civilisation et dé-civilisation, et Président S. depuis sa reprise de "politique de civilisation" (Edgar Morin)

Alain Finfielkraut y allait à sa manière (vigoureuse) sur Inter ce matin

Joseph Noël Sylvestre
Le sac de Rome par les barbares en 410

Les exemples de dé-civilisation dans l'actualité (pour A.F.)
  • Villers -le- Bel : un habitant du quartier déménage et décrit la peur ordinaire vécue face aux bandes.
  • Bartabas démonte les radiateurs de l'administration de la culture pour protester contre le manque de crédits (il téléphone et accuse A.F. de diffamation)
  • "Salut les Terriens" (Ardisson, une émission que je ne connais pas) : on décerne des Aliens d'or : les morts les moins émouvants de l'année 2007. C'est abject (A.F.)

Autres signes de dé-civilisation selon A.F.

  • Le mythe de l'enfant gâté, du people et de N.S., du président postculturel déprimant.
  • La société ne peut pas se décharger de ses manques sur les politiques. La "morale" par un jeu de passe-passe parait être passée du côté des rieurs et de l'abjection.
  • On demande des résultats dans des domaines comme l'immigration c'est manquer aux valeurs essentielles.

La définition de "civilisation" est délicate. Est-on toujours le Barbare d'un autre ? Ou de soi ?

Trois citations pour tatonner :
  • "L'être humain est, au fond, un animal sauvage et effroyable. Nous le connaissons seulement dompté et apprivoisé par ce que nous appelons la civilisation." Arthur Schopenhauer
  • "Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles." Paul Valéry
  • "Une civilisation débute dans le mythe et finit dans le doute." Emil Michel Cioran

Principales civilisations (selon Samuel Huntington)
Sumérienne
Egyptienne
Monde indien
minoenne
Carpato-danubienne
Hittite
Chinoise
Hindoue
Austronésienne
Babylonienne
Celte
Traco-Gète
Grecque et romaine
Levantine
Cambodgienne
islamique
Précolombiennes
Maya
Andines
Empire Inca, Nazca
Mississippienne
Japonaise
Viking
Germanique
Mongole
Occidentale
Russe
Communiste





9.1.08

Enjeu

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Kairn

La femme resta à la porte de la cuisine, tenant l'enfant sur sa hanche, jusqu'à ce que Kairn ait remis son pantalon et fût ressorti de la chambre. Il mettait toujours du temps à se remettre sur pied. Fumait sa cigarette assis sur le bord du lit, les yeux posés sur cet archipel de fumées. Un sourire de vieux content sur son visage bruni. La cicatrice blanchissait. Elle séparait la lèvre inférieure en deux limaces mortes. Un accident de moto, disait-il.

La ville savait. Elle savait qu'une balle de revolver avait traversé la bouche et le crâne, n'emportant qu'un minuscule morceau de Kairn. Un sacré bout de sa vie tout de même, disait-on. Le miraculé ne se souvenait du nom de personne. Pas même du sien. Il restait enfermé. Sauf pour venir chez elle.

"Bon sang, dit-elle, si tu n'as rien d'autre à faire qu'a étirer tes os, tu devrais filer d'ici". Elle était mal à l'aise. Elle n'aimait pas qu'il traîne là une fois Jude réveillée. C'était simple. Il devait partir. A peine entrevoir le bébé. Ne pas l'approcher. Et cela arrivait souvent. C'était comme si la fillette humait dans l'air moite de la maison délabrée l'étrangeté de la présence de Kairn. De sa chambre elle le devinait et se tordait dans le lit de bois, finissait par brailler. On aurait dit qu'elle voulait chasser le visiteur.

Kairn était rentré deux auparavant, et depuis, il ne sortait plus vraiment en ville. Oh il quittait sa grande baraque de pierre blanches. Mais son corps ne venait qu'ici, toujours à pied, de ce pas lent de la victime. Il traversait la rivière. Saluait l'aveugle qui cirait les godasses devant Boulano's et ses odeurs de graisse trop cuite puis se glissait entre les cabanes délabrées qui entouraient le vieux marais. Parfois il se sentait léger. Sa lèvre fendue s'ornait d'un bout de roseau. Il soupesait l'enveloppe, dans sa poche et se disait que ce n'était que du papier. D'autres fois il vomissait. Il avait beau se mettre du savon et un parfum, cela venait de plus profond. Alors ces jours-là il retournait, gravissait la colline entre les vergers, contournait la ville pour rentrer, autant irradié de honte qu'un néon.

La toute première nuit, il pleuvait. Par les petits carreaux de la cuisine elle le vit à genoux sur la route. Silhouette à peine découpée dans le halo de lumière du chemin. Et les rides de l'eau coulaient à ses pieds et semblaient le noyer. Elle sortit. Elle écarta la porte de bois fendue pour les chats et courut sous les gouttes larges comme des cerises.
A ses habits maculés de boue elle comprit qu'il était tombé de cheval. La branche du grand hêtre, en face de la maison.

Que fichez-vous là ? Vous m'entendez, l'assommé ?
(elle lui met la main sur l'épaule)
Ne me touchez pas. Laissez-moi.
Ah, vous êtes Kairn.
On se connaît ?
Tout le monde à Libretta, Montana, connaît le fils du notaire et ses chevaux.
Il est mort depuis trente ans.
Et vous, vous venez de vous rater, on dirait. Rien de cassé ?
Rien de superficiel.
Rentrez chez vous où le froid et la pluie vous serviront de cercueil.
Cela m'ira.
Comment ça ?
La branche, je l'ai vue.
Vous voulez rire ?
Je l'ai vue je vous dis ! C'est ma peau, non ?
(elle se dit qu'il ne doit pas rester là. Elle est déjà trempée elle aussi. Bon sang pourquoi les hommes s'acharnent-ils a rester des galopins ébahis par les misères de la moindre journée qui s'écoule ici bas ?)
Venez me raconter ça, lèvre fendue.
(elle le soulève et le conduit chez elle)

Tant pis pour le charbon. Elle fourra le poêle jusqu'à la gueule. Elle sur une chaise, lui enrubanné de serviettes dans l'espèce de canapé déchiqueté par les chats. Ils parlèrent avec des tasses chaudes dans les doigts et si peu de mots. Elle veut qu'il se sèche et s'en aille. Qu'on la laisse tranquille. Il voudrait trouver une raison de rester par là. Le choc et le chaleur qui lui rôtit la moitié du visage l'ont enivré. Mais il devrait poser la tasse couleur safran et faire couiner le vieux siège, s'en aller. Le thé a une odeur trop suave, presque écoeurante. Il se sent à l'abandon, si loin de lui, l'oreille sourde à son coeur.
Alors il le dit.

Quoi ? Vous ne pouvez plus quoi ?
Aimer.
Vous n'avez plus de sentiments ?
Non. Juste le faire, excusez.
Cela arrive. Vous vous êtes blessé là aussi, dans l'accident de voiture ? Comme à la guerre ? Pardon, je veux dire en bas. C'est qu'on dit que vous avez eu un choc à la tête.
(elle pense à la rixe, à cette baggare de joueurs de poker, à Boston, dont tout le monde sait tout, et à la balle destinée au mauvais tricheur)
L'accident, oui. De moto.
(il secoue la tête, comme un mauvais menteur)
Et ?
C'est difficile à dire, M'dame.
Quoi ? Dites...
En payant. Je peux plus le faire qu'en payant.
(elle rit)
Ca alors !
Si je ne donne pas d'argent, rien ne se passe.
Rien ? Et depuis tout ce temps ?
Six ans.
Je vois. Et alors ?
Je veux pas retourner avec l'une de ces femmes.
Du poids sur l'âme ? Pourtant vous n'êtes pas marié.
Non.
Et mécréant.
Tout le monde sait ça aussi ?
C'est plus que petit, ici.
Voyez-vous... L'idée de le faire avec une femme qui l'a fait avec d'autres hommes, pour de l'argent, ça m'est insupportable.
Moi cela m'irait, va. Et vous seriez le seul.
De quoi parlez-vous ?
(il la regarde en se disant qu'elle est peut-être assez racornie pour être folle. Mais les yeux lui disent qu'elle est surtout étrangère )
(elle prend un air de matrone qui ne va pas avec sa silhouette fine, sa raideur cassante de chandelle)
Ecoutez les hommes m'ont déjà fait tant de misères en voulant coucher pour rien, de gré ou à coup de triques que je veux bien être celle que vous payez.
Non.
Je ne te plais pas ?
Si mais... On le saura.
Ce n'est rien. On trouvera une façade.
Mais...
Quoi ?
Ce n'est pas de l'amour, contre de l'argent.
Vous ne le saurez jamais. Suffit de rester dans le noir. Ou alors je vous mens. L'amour ne compte que si l'on se dit qu'il compte. Moi depuis le début les hommes ne m'ont apporté que la guigne, alors je vous laisse deviner.
(Il la regarde et la trouve soudain belle, avec la jupe rapiécée et maculée de boue. Il y a une odeur de chat mais il se dit qu'avec de l'encens, et puis il inventera un prétexte pour venir la voir. )
Vous n'avez pas peur ?
De qui, de vous, pauvre homme ? Les hommes ne deviennent fous que lorsqu'ils croient que vous êtes à eux. Il faut que cela vous fasse mal, ce sera meilleur et vous tiendrez à moi.
Mal ?
Pour vous, Kairn, ce sera cher. Très cher.




Note
Cette nouvelle m'a été inspirée par le dialogue : "Le désir et la putain"
(Elsa Cayat et Antonio Fischetti, paru fin 2007 aux éditions Albin Michel)

Qu'est-ce que la prostitution, sinon une confusion entretenue, par deux partenaires, entre sexe et amour. L'homme baise la putain. Elle lui fait croire que ce simulacre obtenu contre de l'argent peut s'apparenter, quelque part, à de l'amour. L'homme le nie. Mais il est pris dans sa propre toile. La femme le prend (aussi) à ce jeu des désirs. Vouloir ramener cela à une pure affaire d'hormones et d'argent serait de l'enfantillage. (on ne parle pas ici du contexte social, criminel et moral de la prostitution)

Dans le mille ?


Devinette. Une nouvelle manière de générer de l'électricité. A partir du solaire, avec un rendement amélioré de moitié. Si. C'était bête comme un pistolet à eau, puisqu'il s'agit du même inventeur, Lonnie Johnson. Celui qui a multiplié les armes à eau sur cette planète. A explorer. Amusant aussi, les commentaires que laissent les lecteurs sur le site américain. J'ai comme à l'esprit qu'en France nous serions encore plus sceptiques, non ? Et si nous commencions par nous battre avec des pistolets à eau ?

Les mots de Président S.

Manières de dire (et de non-dire) de la Conférence de Presse (janvier 08)
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Larges extraits d’un article de Libération. Analyses de Jean Véronis (Moi je, je vœux) et deGambette, réflexions et sensations personnelles.


Le contradicteur imaginaire
Pour défendre son point de vue, Sarkozy s’invente des contradicteurs. «Les mêmes» qui critiquaient en juillet sa politique pour le pouvoir d’achat le presseraient aujourd’hui «d’en faire plus». Ces mêmes adversaires auraient poussé l’inconséquence jusqu’à lui demander d’annuler ses voyages en Afghanistan et en Algérie. Et ce sont toujours «les mêmes» qui lui conseilleraient de ne pas réformer le G8 «parce que c’est trop compliqué».

Plus largement, il utilise volontiers le « on », se mettant en scène, interpellé selon le cas et le besoin par une voix minable, céleste (je n’ai pas dit divine) ou intérieure : « on me dit que »

Le poids de la question sur l’interlocuteur
Dans cet exercice de janvier (la conférence de presse) fort ritualisé (les règles dites et non-dites sont très présentes : attendre son tour, ne pas braquer le Président et ses gens de com sous peine de se voir écarté dans le futur, ne pas se ridiculiser devant ses confrères, ne pas pousser le bouchon trop loin car c’est celui qui fait les réponses qui choisit de répondre ou non…) on ne peut poser qu’une question à la fois. On s’expose donc. C’est à mes oreilles ce qui explique la « timidité » des attaques et le fait qu’aucun journaliste ne reprenne la question de ces prédécesseurs.

Note
C’est un travers de l’interview publique bien connue des journalistes. Il y a (en gros) quatre interlocuteurs difficiles à questionner :
Le malin/séducteur (la séduction inhibe) (PPDA face à Ségolène Royal)
Le comique (Bedos) (les mots sont une arme et le ridicule tue)
La brute (Bernard Tapie) (rapport de forces physique)
Le puissant (patron, politique, savant) (risque de déplaire et infantilisation inconsciente)

Ajoutons à cela que le jeu personnel des journalistes et les relations complexes qui les lient à leur interlocuteurs rendent toute action « collective » ou même solidaire de leur part (approfondissement d’un sujet) impossible.

Conflit (accentuation du rapport de forces)
Pour accentuer l’effet, « le Président attaque bille en tête en appelant les journalistes par leur nom, conflictualisant immédiatement le rapport » (les règles mentionnées plus haut s’appliquent, puisque je vous connais). « Familier certes, mais dépréciatif, voire menaçant. Exemples : «Mais, M. X, expliquez aux Français quelle est la situation aujourd’hui» ou «Mme Y, expliquez-nous votre stratégie».

Dépréciation
Surfant sur l’image médiocre des journalistes dans l’opinion, il joue carrément le contre. Exemple : si on l’interroge sur la publicité autour de sa vie privée, il les accuse de couvrir ses affaires de cœur pour faire vendre leurs journaux. Et les taxe de «populisme» quand ils lui parlent de son augmentation de salaire. »

Le défi
«Je mets au défi quiconque…» Cette arme-là permet à Sarkozy de renverser la charge de la preuve et vise à impressionner l’adversaire. «Je mets au défi quiconque de trouver le mot de "collaborateur" dans une seule de mes déclarations.» Le mot en question a été publié le 22 août 2007, dans le quotidien Sud Ouest. Le Président, tout juste rentré de ses vacances à Wolfeboro, effectuait un tour d’horizon de l’actualité devant la presse régionale. «Le Premier ministre est un collaborateur. Le patron, c’est moi», rappelle-t-il à toutes fins utiles, écrit l’éditorialiste de Sud Ouest.

Télescopage du verbe (alternance du rapport de forces et de la séduction, utilisation du raccourci sémantique et affectif pour forcer l'adhésion)
Tantôt, gonflé de l’importance des mots (écrits): «la politique de civilisation». Tantôt, one-man show. Collectionnant les fameuses "Sarkoziades" («A force de reculer, on va finir par arriver à notre point de départ»), la familiarité de pensée («Président de la République, c’est pas un boulot pour un inquiet», ou la phrase naturelle «avec Carla, c’est du sérieux») et les saillies destinées à mettre les rieurs de son côté. «Alors comme ça, je suis le fils illégitime de Jacques Chirac qui m’a mis sur le trône !» réplique-t-il à Laurent Joffrin qui l'interroge sur une forme de «monarchie élective».

Note
Il eut été possible de recadrer le propos, ou même de rappeler à cette occasion, je cite :
« … la monarchie n’est pas forcément héréditaire. C’est d’ailleurs le cas des débuts de la monarchie française : le roi, élu par ses “pairs” (les barons) n’était que le “primus inter pares”, le “premier des pairs” (une définition un peu orwellienne, bien que latine). D’où l’histoire que nous avons apprise à l’école de ce comte indiscipliné qui, s’étant fait tancer d’importance par le roi élu Hugues Capet (”Qui t’a fait comte ?”), lui avait rétorqué : “Qui t’a fait roi ?” Avant d’accéder au trône de France par hérédité, le monarque ne fut d’abord que le roi des comtes. »

Esquive et renversement sémantique
De la question posée, le chef de l’Etat retient ce qu’il veut. Assuré d’avoir le dernier mot (le cadre de la conférence de presse, les règles non dites) il n’hésite pas à répondre à côté. Interrogé sur la chute de sa popularité, il plaisante : «J’ai fait 53 % à l’élection présidentielle. Et on ne m’aime pas. Qu’est-ce que ça aurait été si on m’avait aimé.» Sur Kadhafi, il moque le «charivari un peu ridicule» sur sa venue. «Quand je vois comment il a été reçu en Espagne, par le roi d’Espagne et par le Premier ministre socialiste, je dis qu’elle doit bien mal se porter l’Internationale socialiste», attaque-t-il. Et quand on l’interroge sur les sans-papiers «traités comme des criminels», il s’indigne contre le terme utilisé par la jounaliste «insultant pour ces malheureux».

Moi, je
«Je veux agir, je veux obtenir des résultats, je veux changer le pays […]. Je ne mentirai pas, je ne truque pas, je ne triche pas», «à la tribune des Nations Unies j’ai appelé le monde à un New Deal»… Sans compter les multiples «je veux», «j’assume» et autres «je mettrai tout en œuvre». Il n’utilise le «nous» que lorsque les problèmes sont complexes, à propos du rôle de la Caisse des dépôts ou de la conjoncture par exemple. Et avant ce président «moi je», qu’y avait-il ? Pas grand-chose : «Jamais plus on ne fera un gouvernement comme on en faisait autrefois», se félicite-t-il. »
(sur ce point, voir les réflexions détaillées de Véronis)

Commentaire personnel
Ces méthodes et manières ne sont pas propres à Président S. Cependant son discours est construit de telle façon qu’elles deviennent particulièrement lisibles. Ma thèse « sensible » (et littéraire) est que cela tient vient du fait que profondément, il se trouve en débat permanent avec lui-même. Cette manière de parler reflète son soliloque intérieur, sa manière de bâtir sa réflexion : par raccourcis de pensées. Les mots qui cognent sont pour lui des pensées efficaces, et par là justes. Autour de ce noyau central, l’affect, la culture, l’époque sont pour lui des instruments de séduction. Il désire en outre être aimé. Cela construit une forme (un semblant ?) d’efficacité mais ne cesse d’alimenter mes craintes. Qui va devenir Président S dans les prochains mois, à nos yeux. La pièce s’écrit chaque jour et la fin n’est pas connue…

8.1.08

Le Réel ? Par Edgar Morin



Voir aussi dans ce blog
La complexité (entretien avec E. Morin)
Le réel (débat avec E. Klein et M. Serres)

Ceci est une fourmi

foto Yves Bayle

Ce papillon (sa chenille) réussit à se faire passer pour une fourmi : dans des régions du Danemark, l’Azuré des mouillères dupe si bien les fourmis qu'elles élèvent ses larves au dépens des leurs.

Le superbe papillon bleu (cela pouvait-il nous laisser de marbre ?) est un faussaire qui mime la signature biochimique des fourmis. David R. Nash (Univ Copenhague) et ses collègues européens ont étudié plusieurs sites au Danemark où les chenilles de l’Azuré des mouillères se développent sur des plantes des marais avant que Myrmica rubra et Myrmica ruginodis ne les ramènent prestement dans leurs nids.

Les fourmis s’occupent alors des chenilles au détriment de leur propre progéniture. Les biologistes ont constaté que le papillon mimait la composition lipidique de la cuticule des fourmis, et grâce à cela attirait les fourmis mais que cela variait d’un endroit à l’autre. Ils suggèrent que la concordance entre le profil chimique de la cuticule des deux animaux doit être considérée avec soin lorsque l’on réintroduit l’espèce menacée de l’Azuré des mouillères dans la nature.

Les papillons Maculinea alcon sont des parasites. Reste à savoir si le papillon ne rendrait pas aux fourmis Myrmica, en retour, un "service". Cela se produit assez régulièrement dans le milieu naturel, où les vrais parasites, ceux qui éliminent leurs hôtes à force d'abuser ont souvent un avenir compromis. On ne parle plus alors de parasitage, mais de co-évolution.

Dans la classe politique il n'est pas rare non plus qu'un notable devienne ministre en révélant ses autres et vraies couleurs. Mais cela n'a qu'un temps.

Source : Journal Science (4 jan 2008)

Mouvements (suite)


Une nouveauté ?

7.1.08

Combien de bises ?

Chronique France Inter (7 janvier 2008)


Combien en faites-vous ?

« Combien de bises » est un site qui tente de faire le point sur cette question embarrassante. Quoi de plus humiliant, je vous le demande, que de vouloir claquer trois bises à quelqu’un qui ne pratique que le bisou en duo, voire en solo, voire en rien du tout.

C’est un peu comme vouloir serrer la main à un Papou, qui vous regarderait avec de grands yeux ronds et méfiants. Le plus souvent d’ailleurs, trop de bises est un signe qui ne trompe pas. Vous êtes campagne. Adepte de la joie de vivre rurale. Le refoulé urbain avec ses 2 bises ou zéro, c’est selon, vous regardera de haut. A moins que vous ne soyez « zone populaire », où l’on pratique le jeu de mains, vous savez tip tap, paume sur le coeur… et pas de smacs.

A ce jour, 24.000 suffrages exprimés sur le site. Il faut répondre au questionnaire, ou se contenter de contempler la carte des départements classés selon le nombre de smacs pratiqués pour se saluer : 1, 2, 3 ou 4 ou zéro.


Un bisou (les radins) : seulement le Finistère et les Deux-Sèvres.

Le foyer de généreux résistants avec trois bises se situe en Ardèche, Aveyron, Cantal, Drôme, Haute Loire, Hautes Alpes, Hérault, Gard, Lozère et Vaucluse.

Les très expansifs amateurs de symétrie, (quatre). Hormis une partie pingre du Pas de Calais (2 bises), un bloc de 22 départements à fortes bises est signalé évoluant en formation de la Normandie à la frontière Belge: Ardennes, Aube, Calvados, Eure, Eure et Loire, Haute Marne, Indre, Indre et Loire, Loire et Cher, Loire Atlantique, Loiret, Maine et Loire, Manche, Marne, Mayenne, Orne, Sarthe, Seine et Marne, Seine-St-Denis, Val d’Oise, mais aussi Vendée et Yonne.

Ailleurs c’est cette sorte de compromis : deux bises et basta. Ou alors zéro, un un hug, une accolade et puis c’est tout. A l’américaine, ou à la chinoise, un bref salut… et pas à la Russe. Vous savez, le baiser sur les lèvres. Ouch !


Les cartes, comme cette cartes des bises pratiquées en France, sont des images. Des représentation du monde, comme le monde ne sera jamais mais comme nous aimerions le simplifier, l’imaginer, le connaître. Une carte en dit infiniment sur notre façon de nous représenter nous-mêmes, nos équilibres, notre société, nos ambitions, nos regrets…



On peut faire carte de pays, de cultures, de populations, de naufrages, de courants marins, d'évolutions architecturales, des vagues migratoires, des variations des cours des rivières...



Les cartes peuvent être truquées, instrumentalisées. Elles ont des limites.

Précisément, j’ai déniché ce qu’il vous faut. Une perle. Le blog « Strange maps »

Dans chacun de ses posts, ce site vous montre comment les cartes, les manières dont se représente le monde peuvent influencer nos pensées et nos désirs et inversement.


Ce que l’Allemagne nazie aurait fait de l’Europe
Les découpages de l’Europe, par religion, vins, ensoleillement, une tres étrange carte de l’Etat du Montana, avec ses rêveurs, etc…


La dernière en date : une carte du monde avec un dimensionnement des régions en fonction du nombre de langues parlées dans chaque zone. Vainqueur, haut la main, la Papouasie nouvelle Guinée , avec 823 langues, contre 387 seulement en Inde, 235 en Australie. L’Europe y est minuscule.



Ou alors une carte de l’Antarctique, si chaque nation en revendiquait sa part…



Ah oui et puis une carte du monde en 2053. Il n’y aura plus que la Russie, la Chine, l’Inde et les Amériques. Une fiction, bien entendu, selon un auteur russe.

Et puis encore une : le parcours de la Grande Armée de Napoléon (voir post précédent), aller retour vers Moscou ou l’Enfer. Ils partirent 420.000. Ils revinrent 10.000. (sans compter les alliés)



A propos d’Empire, regoûter le texte de Borges : cartes imaginaires et impossibles.

"En cet empire, l'Art de la Cartographie fut poussé à une telle Perfection que la Carte d'une seule Province occupait toute une Ville et la Carte de l'Empire toute une Province…"



Encore deux petites choses à signaler cette semaine :

Au chapitre humour : le singe à longue queue. A travers la presse, et notamment nous explique comment des macaques mâles achètent les faveurs sexuelles des femelles, en les épouillant, et comment cela est comparable à la prostitution chez les Humains. Du pur comique ou comment faire dire n’importe quoi à un singe!
(Je vous conseille les réactions des lecteurs sur le site du Monde fr)

Et Les Elections US ?
L’académie des sciences des Etats Unis a mis en ligne un document qui vous explique pourquoi la théorie de l’évolution est scientifique, et que les vérités imprimées dans la Bible n’en sont pas. Un pavé dans la mare, en cette période électorale américaine.

6.1.08

Les 400.000 vies de Napoléon

La retraite de Russie. Cette débâcle fascine, me fascine. L'erreur d'un Empire qui va s'engloutir dans les neiges et les terres brûlées de Koutouzov. Il y a Tolstoï, Guerre et Paix, bien plus juste, un peu "vaste" à mon goût. Mais la question y est posée : qu'est-ce qui met les peuples en mouvement jusqu'aux armes ? Le pouvoir d'un homme ? Le désir de la multitude ? La réunion singulière des deux, démontre Tolstoï. La fascination que nous avons en ce pays pour le pouvoir central est si semblable, par certains aspects, à celle des Russes. Rambaud y touche autrement. Par l'Armée qui va mourir.



Question : comment "figurer" cette erreur de Russie et ce monde qui s'engloutit dans le sang ?
Réponse demain, avec à la source ce remarquable document:



Moscou en 1812. Moscou brûle, Napoléon est par là mais n'y est plus. Que retenir ? Que dans ce chaos les blessés glissaient des charrettes et que le convoi les écrasait cent fois. L'idée de ramasser ces malheureux était absente des esprits éteints des soldats affamés. Tout peut quitter un esprit. Même l'idée de vie. Les chanceux, ceux qui avaient échappé aux roues rampaient dans la neige et se trouvaient un cheval à fendre de leur couteau. En bêtes, ils se glissaient dans le ventre de l'animal, pour ne pas déjà mourir. D'autres étaient capturés. Les cosaques les livraient au moujiks. Dépouillés, nus, on les attachait au sol, la nuque posée sur un tronc d'épicéa. Puis les paysannes ivres de rage frappaient le bois, jusqu'à ce que les vibrations aient rendus fous ces maudits Français. "Vive l'Empereur". Ses rêves d'Europe jusqu'à l'Indus avaient déserté Napoléon. Le Corse se préoccupait des tentatives de renversement de son régime, à Paris.



Il neigeait, Rambaud (extrait)


Le capitaine d'Herbigny se sentait ridicule. Enveloppé dans un manteau clair dont le rabat flottait sur les épaules, on devinait un dragon de la Garde au casque enturbanné de veau marin, crinière noire sur cimier de cuivre, mais à califourchon sur un cheval nain qu'il avait acheté en Lituanie, ce grand gaillard devait régler les étriers trop courts pour que les semelles de ses bottes ne raclent pas le sol, alors ses genoux remontaient, il grognait : « A quoi j'ressemble, crédieu ! de quoi j'ai l'air ? » Le capitaine regrettait sa jument et sa main droite. La main avait été percée par la flèche envenimée d'un cavalier bachkir, pendant une escarmouche ; le chirurgien l'avait coupée, il avait arrêté le sang avec du coton de bouleau puisqu'on manquait de charpie, pansé avec du papier d'archives à défaut de linge. Sa jument, elle, avait gonflé à force de manger du seigle vert trempé de pluie ; la pauvre s'était mise à trembler, elle tenait à peine debout ; quand elle trébucha dans une ravine, d'Herbigny s'était résigné à l'abattre d'une balle de pistolet dans l'oreille (il en avait pleuré).

Son domestique Paulin boitillait derrière en soupirant, l'habit noir rapiécé avec du cuir, le chapeau bas de forme, un sac de toile en bandoulière rempli de grains ramassés ; il traînait par une ficelle un baudet chargé du portemanteau. Nos deux bonshommes n'étaient pas seuls à râler contre une mauvaise fortune. La nouvelle route de Smolensk où ils avançaient au pas, bordée d'une double rangée d'arbres géants qui ressemblaient à des saules, traversait des plaines de sable. Elle était si large que dix calèches pouvaient y rouler de front, mais ce lundi de septembre, gris et froid, la brume se levait sur l'encombrement des équipages qui suivaient la Garde et l'armée de Davout. C'étaient des milliers de fourgons, une pagaille de voitures pour emmener les bagages, des carrioles d'ambulances, les roulottes des maçons, des cordonniers, des tailleurs ; ils avaient des moulins à bras, des forges, des outils ; au bout de leurs manches en bois, quelques lames de faux dépassaient d'un fardier. Les plus fourbus, travaillés par la fièvre, se laissaient porter, assis sur les caissons attelés de chevaux maigres. Plusieurs chiens à poil ras se coursaient et voulaient se mordre. Des soldats de toutes les armes escortaient cette cohue. On marchait vers Moscou. On marchait depuis trois mois.

Ah oui, se souvenait le capitaine, en juin ça avait de la gueule, quand on avait passé le Niémen pour violer le territoire des Russes. Le défilé des troupes sur les ponts flottants avait duré trois jours. Pensez donc, des canons par centaines, plus de cinq cent mille guerriers alertes, Français pour un bon tiers, avec l'infanterie en capotes grises qui côtoyait les Illyriens, les Croates, des volontaires espagnols, les Italiens du prince Eugène. Tant de force, tant d'ordre, tant d'hommes, tant de couleurs : on repérait les Portugais aux plumets orange de leurs shakos, les carabiniers de Weimar à leurs plumets jaunes ; voici les manteaux verts des soldats du Wurtemberg, le rouge et l'or des hussards de Silésie, le blanc des chevau-légers autrichiens et des cuirassiers saxons, les vestes jonquille des chasseurs bavarois. Sur la rive ennemie, la musique de la Garde avait joué Le Nouvel Air de Roland : « Où vont ces preux chevaliers, l'honneur et l'espoir de la France... »

Le fleuve sitôt franchi, les malheurs commencèrent. Il fallut piétiner dans un désert sous de fortes chaleurs, s'enfoncer dans des forêts de sapins noirs, subir le froid soudain après un orage infernal ; une quantité de voitures s'enlisèrent dans la boue. En moins d'une semaine les régiments avaient distancé les convois de provisions, lourds chariots que tiraient lentement des bœufs. Le ravitaillement posait un problème grave. Quand l'avant-garde arrivait dans un village, elle n'y trouvait rien. Les récoltes ? brûlées. Les troupeaux ? emmenés. Les moulins ? détruits. Les magasins ? dévastés. Les maisons ? vides. Cinq ans plus tôt, lorsque Napoléon conduisait la guerre en Pologne, d'Herbigny avait déjà vu les paysans déserter leurs fermes pour se réfugier au cœur des forêts avec leurs animaux et leurs provisions ; les uns cachaient des pommes de terre sous le carrelage, les autres enfouissaient de la farine, du riz, du lard fumé sous les sapins, ils accrochaient des boîtes pleines de viande séchée aux plus hautes branches. Eh bien cela recommençait en pire.

Les chevaux rongeaient le bois des mangeoires, broutaient le chaume des paillasses, l'herbe mouillée : il en mourut dix mille avant même qu'on ait aperçu l'ombre d'un Russe. La famine régnait. Les soldats se remplissaient l'estomac d'une bouillie de seigle froide, ils avalaient des baies de genièvre ; ils se battaient pour boire l'eau des bourbiers, parce que les paysans avaient jeté au fond de leurs puits des charognes ou du fumier. Il y eut de très nombreux cas de dysenterie, la moitié des Bavarois mourut du typhus avant de combattre. Les cadavres d'hommes et de chevaux se putréfiaient sur les routes, l'air empuanti qu'on respirait donnait la nausée. D'Herbigny pestait mais il se savait favorisé : pour la Garde impériale, des officiers avaient réquisitionné les vivres destinés à d'autres corps d'armée ; il s'en était suivi des bagarres et pas mal de rancœur envers les privilégiés.

Tout en cheminant, le capitaine croquait une pomme verte chipée dans la poche d'un mort. La bouche pleine, il appela son domestique :

- Paulin !

- Monsieur ? dit l'autre d'une voix expirante.

- Saperlotte ! On n'avance plus ! Qu'est-ce qui se passe ?

- Ah ça, Monsieur, j'en sais rien.

- Tu ne sais jamais rien !

- Le temps d'accrocher notre âne à votre selle et je cours m'informer...

- Parce que, en plus, tu me vois tirer un bourricot ? Ane toi-même ! J'y vais.





Il neigeait (Hugo)

Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l'aigle baissait la tête.
Sombres jours ! l'empereur revenait lentement,
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.
Il neigeait. L'âpre hiver fondait en avalanche.
Après la plaine blanche une autre plaine blanche.
On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau.
Hier la grande armée, et maintenant troupeau.
On ne distinguait plus les ailes ni le centre.
Il neigeait. Les blessés s'abritaient dans le ventre
Des chevaux morts ; au seuil des bivouacs désolés
On voyait des clairons à leur poste gelés,
Restés debout, en selle et muets, blancs de givre,
Collant leur bouche en pierre aux trompettes de cuivre.
Boulets, mitraille, obus, mêlés aux flocons blancs,
Pleuvaient ; les grenadiers, surpris d'être tremblants,
Marchaient pensifs, la glace à leur moustache grise.
Il neigeait, il neigeait toujours ! La froide bise
Sifflait ; sur le verglas, dans des lieux inconnus,
On n'avait pas de pain et l'on allait pieds nus.
Ce n'étaient plus des coeurs vivants, des gens de guerre :
C'était un rêve errant dans la brume, un mystère,
Une procession d'ombres sous le ciel noir.
La solitude vaste, épouvantable à voir,
Partout apparaissait, muette vengeresse.
Le ciel faisait sans bruit avec la neige épaisse
Pour cette immense armée un immense linceul.
Et chacun se sentant mourir, on était seul.
- Sortira-t-on jamais de ce funeste empire ?
Deux ennemis ! le czar, le nord. Le nord est pire.
On jetait les canons pour brûler les affûts.
Qui se couchait, mourait. Groupe morne et confus,
Ils fuyaient ; le désert dévorait le cortège.
On pouvait, à des plis qui soulevaient la neige,
Voir que des régiments s'étaient endormis là.
O chutes d'Annibal ! lendemains d'Attila !
Fuyards, blessés, mourants, caissons, brancards, civières,
On s'écrasait aux ponts pour passer les rivières,
On s'endormait dix mille, on se réveillait cent.
Ney, que suivait naguère une armée, à présent
S'évadait, disputant sa montre à trois cosaques.
Toutes les nuits, qui vive ! alerte, assauts ! attaques !
Ces fantômes prenaient leur fusil, et sur eux
Ils voyaient se ruer, effrayants, ténébreux,
Avec des cris pareils aux voix des vautours chauves,
D'horribles escadrons, tourbillons d'hommes fauves.
Toute une armée ainsi dans la nuit se perdait.

Victor Hugo, Les Châtiments, V

Tolstoi : Guerre et paix, 3eme livre, Partie 5,II

À dater de Smolensk commença une guerre à laquelle ne pouvait s'appliquer aucune des traditions reçues. L'incendie des villes et des villages, la retraite après les batailles, le coup de massue de Borodino, la chasse aux maraudeurs, la guerre de partisans, tout se faisait en dehors des lois habituelles. Napoléon, arrêté à Moscou dans la pose correcte d'un duelliste, le sentait mieux que personne ; aussi ne cessa-t-il de s'en plaindre à Koutouzow et à l'Empereur Alexandre ; mais, malgré ses réclamations, et malgré la honte qu'éprouvaient peut-être certains hauts personnages à voir le pays se battre de cette façon, la massue nationale se leva menaçante, et, sans s'inquiéter du bon goût et des règles, frappa et écrasa les Français jusqu'au moment où, de sa force brutale et grandiose, elle eut complètement anéanti l'invasion ! Heureux le peuple qui, au lieu de présenter son épée par la poignée à son généreux vainqueur, prend en main la première massue venue, sans s'inquiéter de ce que feraient les autres en pareille circonstance, ne la dépose que lorsque la colère et la vengeance ont fait place dans son c?ur au mépris et à la compassion !

Les folles danses de la matière molle

En réussissant à produire dans un banal ruban de matière molle (silicone) des phénomènes ondulatoires complexes et inattendus (ondes de Dira...