23.1.10

Secrets de famille

Rêve de l'oiseau

©Pl (texte et photo)

C'est une maison de famille. Vaste et solide comme un château. Des larges voûtes de pierre laissent entrer une lumière qui chante tant elle est généreuse.

Dans ce château indestructible chaque été, dans la longueur de ces mois de langueur se retrouvent frères, soeurs, cousins, grands-parents, tantes. La demeure est un vaisseau qui traverse le temps et offre à tous le sentiment irremplaçable simple et puissant de la confiance dans l'écoulement du temps. Les vies sont favorables à ceux qui dès leurs tendres années ont appris à se confier à elles sans trop de doutes.

Dans mon rêve pourtant, s'il y a cette musique, ce piano qui joue des airs doux et qui flottent à tous les étages, il y a aussi quelques endroits que la lumière n'atteint pas. Quel âge ai-je ? Peut-être vingt ans. Ou alors dix-huit. Peu importe. Je vais dans une tour où mes jambes de gosse ne m'avaient jamais porté. J'escalade et pénètre dans ce vieux grenier jusque-là sans intérêt.

Une bâche protège des objets. Cette protection est couverte de fientes d'oiseaux qui pénètrent et nichent sur les poutres. Sous cette bâche que je soulève je découvre un cadre plus brillant que les autres. Je le tire et découvre une représentation d'objets alignées, une gravure décrivant en détail des tubes semblables à des armes.

Je saisis l'immense cadre et le porte vers la lumière. Pourquoi encadrerait-t-on de telles dorures des dessins, même exécutés avec soin.
La légende dit : Brevet de l'Empire.... en hommage, le ministère de la Guerre à Monsieur XXX (le nom de mon arrière grand-père). Je découvre ainsi que la fortune de ma famille vient de la vente d'armes. Et dans un coin, dans un cartouche il y a un agrandissement.
On y voit ce qui est gravé sur les fûts : "au nom de Dieu, nous déchiquetterons les incroyants, les nègres et les communistes".

Je crie et je descends l'escalier. Je cours et sors du château. Je cours dans la forêt. Je cours et j'entends l'oiseau me dire qu'il faut savoir pour affronter le temps qui vient.

Je reviens quelques jours plus tard, et une grande fête a lieu au château.
Cette fois le problème est que parmi ces centaines d'invités il n'y a plus ne chaise pour moi.
Dans les coins des salons traînent des morceaux de chaises et de fauteuils. Sous les yeux de tous je tente de fabriquer, d'assembler quelque chose pour m'asseoir. Mais je n'y parviens pas. Les pieds ne correspondent pas aux assises, les bras aux dossiers.

Je renonce et m'en vais.
Cette fois par la grande porte, vers le bleu de l'horizon. Le coeur léger.
L'oiseau dit : "Tu vois !"

1 commentaire:

(.) a dit…

ce qui signifie, selon Google : "Vous ne pouvez pas décider de la durée de vie, mais vous pouvez contrôler sa largeur" Merci !

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