6.11.10

Festin sur scène


Dès les premiers mots cela transpirait. Une chouette cause (la Palestine, la tôle, de maudits auteurs poètes, des lettres d'amour) et des propos expédiés au paradis des bonnes intentions. Les gestes ? Des clous dans la croix. De la danse saucissonnée en illustrations manière De Keersmaeker. Et par-dessus ces morceaux hirsute un sirop engluant le public en otage. Dans la salle des fantômes se marraient. A nos oreilles ils murmuraient : "si vous sortez danseuses et comédiens vont se jeter dans la Seine". Sur scène à voir les regards on les croyait.


"Tangibles" sous le pavillon de tg STAN, au théâtre de la Bastille est un ruisselet qui n'ira jamais faire nulle part la plus minuscule flaque. Il se sera évaporé avant. Pas grave. La prétention désopilante verbale théâtreuse réduite au snif existentiel du metteur en scène on connaît. Un ratage n'est qu'une balle perdue. Et les excellents chevaux nous arrosèrent d'assez d'efforts pour qu'on les en remercie clap clap bon on va boire un coup ?

Oui mais attention.

Dans la brume cavala soudain une créature. Allons disons djinn on sera dans le ton. Non. Un festin. Que tous tous les asticots satans ou autres rôdeurs de l'espace temps confèrent longue vie et passion à cette fille.


Son nom est Eve-Chems de Brouwer.

Parmi le contingent de simopathes déambulatoires elle irradiait. Une manière de phare au bout de monde. Le dernier rocher où s'agripper à la vie. Alllumé. Eteint. Allumé et tout reprend.

Cette comédienne ne parle pas elle danse sur les mots en plein vent. Elle vous raconte qu'il y a quelques instant elle était assise à côté de vous et puis tiens la voilà sur scène gambadant sur le fil.

Eve-Chems de Brouwer est dans l'intensité ET l'abandon. Monstrueuse. Sa justesse vous saisit et ne vous laisse craindre que la ponctuation ou son souffle. Il s'agira une brève éternité d'abandonner sa lucidité. Reprendra-t-elle ? Sera-t-elle encore cette métaphore de la confusion du vivant et des mots ?

J'irai subir la prochaine pièce où elle ouvrira la bouche. Rien que pour proposer à ce parfait serpent de retrouver mes veines.

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